Le chouchou du mois de février 2016

Corrosion Serre moi fort

Petit mois, petit nombre de chroniques. Vous voilà prévenus. Il n’y aura donc eu que 8 romans chroniqués … et encore ! puisque dans ce nombre, j’ajoute un roman lu par mon invitée préférée. Pas terrible comme score, ou comme ils disent dans Scènes de ménage (Nota : Série de sketches qui passe sur M6 à 20H15 en semaine) : « Tu déclines, Pierre, tu déclines ». Soit, je décline. Mais il y eut quand même de quoi et même de quoi bien lire.

Commençons donc par les auto-proclamés Best Sellers.

Si vous aviez prévu de faire l’impasse sur le dernier Paul Cleave, qui s’appelle Un prisonnier modèle (Sonatine), je crains bien qu’il vous faille changer d’avis. Suzie nous (vous) a décrit dans le détail pourquoi elle avait adoré ce roman et sa fin surprenante. Au bout du compte, je pense que cet auteur vient de se faire une nouvelle fan.

Nous continuerons avec Promesse de Jussi Adler Olsen (Albin Michel) . C’est le troisième tome des enquêtes du département V que je lis, et je dois dire que j’y prends toujours beaucoup de plaisir. C’est bien écrit, logique de bout en bout, et la fin vous laissera pantois devant tant d’imagination.

Si vous êtes un peu limités du coté du porte-monnaie, vous pouvez vous tourner vers des moyens formats. Les deux que je vous ai proposé ce mois ci sont sortis chez Ombres Noires. Pour ma part, j’ai préféré Châtié par le feu de Jeffery Deaver que La cavale de l’étranger de David Bell. A vous de faire votre idée.

Du coté des curiosités, Psychiko de Paul Nirvanas (Mirobole) vaut son pesant d’or. A travers l’histoire d’un jeune homme riche en recherche de sensations, l’auteur signe une charge de la société grecque sans avoir l’air d’y toucher. Ça m’a beaucoup fait penser à Candide de Voltaire, c’est vous dire le niveau ! A oui, juste un mot de plus : le roman date de 1928. J’ai aussi été surpris par Léo tout faux de Claude Richard (Editions Territoires Témoins). Sur la base d’un casse basé sur des détournements de virements bancaires, l’auteur en fait un roman basé sur les caractères (forts) de ses personnages. Un très bon scenario avec des dialogues nombreux et truculents.

Du coté des auteurs que je défends, sur Black Novel, La vérité sur Anna Klein de Thomas H.Cook (Points) m’a encore enchanté par sa subtilité même si je ne suis pas un fan de romans d’espionnage romantiques. Mais les ambiances, les rebondissements et les intrigues sont nombreux. De même, Les sentiers de la nuit de Gilles Vidal (Jasmin noir) m’a enchanté parce que c’est un roman fort avec des personnages formidables. Et les thèmes abordés, esquissés ont une certaine résonance pour moi.

J’ai passé des jours et des jours à essayer de choisir entre les deux derniers. Et j’ai fini par me dire : « Et puis merde ! S’ils doivent être deux, ils seront deux ! ». Ils sont donc deux à se partager la palme. Ils sont très différents mais ils ont un point commun : ce sont deux romans émotionnellement forts. Corrosion de Jon Bassoff (Gallmeister) vous plongera dans l’esprit de deux malades de façon extrêmement prenante. Serre moi fort de Claire Favan (Robert Laffont) jouera sur vos nerfs, sur votre résistance à des situations de la vie commune, avec un scenario, un style et des revirements de situations parfaits. Bref, ces deux romans, je vous le dis, c’est du tout bon !

Je vous donne rendez-vous le mois prochain. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !

Les novellas d’Ombres Noires

Depuis quelques temps, les éditions Ombres Noires nous donnent à lire des romans courts, appelés Novellas d’auteurs connus et reconnus. En voici deux parmi les dernières parues :

 Chatié par le feu

Châtié par le feu de Jeffery Deaver :

Quatrième de couverture :

Hermosillo, Mexique. Alonso Maria Carillo, dit aussi Cuchillo, « le Couteau », jouit d’une réputation de parrain cruel et très efficace. On ne lui connaît qu’un seul vice : une passion pour les livres rares. Il en possède des milliers, qu’il collectionne compulsivement et conserve avec amour.

Aussi, lorsque Carillo est visé par un contrat, les deux hommes chargés de l’assassiner, Evans et Díaz, pensent que ce sera un jeu d’enfant. Un bel autodafé devrait remettre Cuchillo dans le droit chemin. C’était oublier qu’un parrain se laisse rarement déposséder de son bien.

Mon avis :

D’un coté un homme immensément riche enfermé dans sa luxueuse propriété et que l’on soupçonne d’être un trafiquant et un assassin. De l’autre, deux hommes chargés de le tuer. C’est donc un duel à distance auquel on va assister. Il n’y a aucun spectacle, si ce n’est le pur plaisir de lire un scenario impeccable, servi par des dialogues d’une efficacité rare. Si l’on ajoute à cela un final en forme de clin d’œil, ainsi que le plaisir de l’auteur à écrire cette histoire que l’on ressent à chaque ligne, on se retrouve là avec 110 pages de pur plaisir. A déguster.

Cavale étranger

La cavale de l’étranger de David Bell :

Quatrième de couverture :

Jusqu’à sa mort, le père de Don Kurtwood avait la réputation d’être un homme sans histoire : époux fidèle, père aimant et lecteur compulsif. Le jour de ses funérailles, un vendeur de livres rares, Lou Caledonia, se présente à Don. Il en sait beaucoup sur M. Kurtwood, et il doit en parler. Rendez-vous est pris pour le lendemain. Mais à son arrivée à la boutique, c’est un cadavre que Don découvre. Quelles révélations s’apprêtait à faire Lou Caledonia ? Comment expliquer que Don en sache si peu sur son père ? Avec ce roman à l’écriture limpide et envoûtante, David Bell s’interroge sur ce lien unique et ténu qui tisse les relations père-fils.

Mon avis :

Comment créer une histoire, donner pleins d’espoirs au lecteur, et faire retomber le soufflé ? C’est un peu comme cela que je pourrais résumer mon avis. Avec un démarrage plein de promesses, le narrateur va chercher à connaitre son père. De fil en aiguille, il découvre qu’il fut un auteur de roman, d’un seul roman, un western. Sauf que, on attend surtout que l’histoire décolle …

Et non ! L’auteur, en ébauchant des thèmes qui auraient pu être forts, s’enferme dans la simple description de son intrigue. Et du coup, le manque de sentiments, le manque d’émotions devient flagrant … et on se prend à regretter qu’avec un sujet pareil, on n’ait entre les mains qu’un bon scenario de téléfilm. Quelle déception !

Serre-moi fort de Claire Favan (Robert Laffont – La Bête Noire)

Cela fait un petit moment que je lis les romans de Claire Favan. Même si ses romans seraient plutôt à classer dans la catégorie Thriller, ce que j’adore dans ses romans, c’est l’aspect psychologique de ses personnages, cette écriture si juste qui nous met à la place de ses protagonistes. Disons le tout de suite, et ne tournons pas autour du pot, ce roman est, à mon avis, son meilleur à ce jour.

Pour résumer mon ressenti, je vais juste faire une métaphore. Ce roman est construit en trois parties et je dois dire que chacune est différente de l’autre. Mais chacune m’a fait le même effet. Car avec la première partie, je me suis pris une belle baffe dans la gueule, une bien envoyée, une belle droite. Avec la deuxième partie, le démarrage fut plus lent, avant de m’en prendre une deuxième de baffe, une belle gauche, qui m’a donné envie de vomir. Mais comme je ne suis pas homme à me laisser abattre, j’ai attaqué la troisième partie et Claire Favan m’a achevé. Car c’est bien connu, quand on se prend deux baffes, il ne nous reste plus qu’à baisser la tête et attendre le couperet.

Je ne vais pas dévoiler l’intrigue, donc je ne parlerai pas de la troisième partie. Mais revenons sur la première : en scène, une famille américaine tout ce qu’il y a de plus normale, un couple, John et Gina Hoffman. Tout débute un soir d’aout 1994, quand la mère demande à son fils Nick s’il n’a pas vu sa sœur Lana. Elles devaient se donner rendez-vous dans un centre commercial pour faire les magasins. Lana n’est pas venue. Inquiétude … puis disparition. La police cherche, Nick observe, assiste impuissant à la déchéance de ses parents qui restent sans réponse. Sa mère s’abrutit de calmants, son père plonge dans l’alcoolisme, et Nick est obligé de tenir ou retenir une maison qui s’effondre. Avec des chapitres courts, un style plus épuré que jamais et d’une justesse impressionnante, cette partie écrite à la première personne avec Nick en narrateur est un pur joyau. C’est prenant, c’est impressionnant … jusqu’à la première baffe monumentale sur la dernière ligne de cette putain de première partie !

La deuxième partie démarre en mai 2014 en Alabama. Deux gamins Callum et Darren s’amusent à faire peur au petit frère de l’un d’eux, Sean. Malheureusement, Sean tombe dans une crevasse. Ils découvrent une grotte, dans laquelle sont allongés des dizaines de corps de jeunes femmes, un véritable charnier. La priorité pour Alan Gibson est de trouver l’identité de ces jeunes femmes dont le corps s’est remarquablement bien conservé grâce aux conditions de température et d’humidité de la grotte. Toutes ont été étranglées mais pas violées. Si on peut imaginer une enquête sur un Tueur en série classique, le personnage du flic Adam Gibson est plus complexe qu’il n’y parait. Sa femme vient de mourir d’un cancer, ses enfants adolescents lui en veulent d’avoir laissé mourir leur mère. Harcelé entre ses enfants et sa peine, il s’enferme dans son travail tout en essayant de respecter ses devoirs de père. Jusqu’à la deuxième baffe …

Ce qui est terrible dans ce roman, c’est que Claire Favan prend des gens comme vous et moi, et qu’elle les place dans des situations dramatiques qui ne peuvent que nous émouvoir. Pour autant l’auteure ne cherche pas à nous tirer les larmes, mais bien à s’amuser avec nos nerfs, après nous avoir gentiment décrit le contexte et caressé dans le sens du poil. L’effet est saisissant, impressionnant, presque vicieux, car en tant que lecteur, j’ai aimé ça, cette torture volontaire. Je dois être un grand malade, en fait.

Surtout, Claire Favan s’est surpassée dans ce roman, puisqu’elle a su être plus efficace, plus concise dans son style, tout en gardant ce talent de peindre de façon si juste les émotions humaines. Le résultat est sans appel : ce roman fait mouche. Et je trouve que c’est le meilleur roman de Claire Favan à ce jour, un roman immanquable, fort, qui ne peut que vous faire vibrer, trembler, m’a effaré, horrifié. Un thriller psychologique impeccable.

Les sentiers de la nuit de Gilles Vidal (Jasmin noir)

Le dernier roman en date de Gilles Vidal a un titre qui peut étonner, et une couverture qui ne reflète pas tout à fait ce qu’il contient. Mais qu’importe, ne vous arrêtez pas à vos a priori. Je vous propose de plonger dans l’aventure de Harry Pitman et Paul Massat.

Harry Pirman est un américain d’une trentaine d’années habitant Santa Barbara. Il a créé une start-up à la sortie de l’université et est devenu riche en millions quand il l’a revendu. A priori, il n’avait aucune raison de faire cela, si ce n’est la mort de sa mère, si ce n’est la remise en cause de ses certitudes. Sa mère lui apprend, en effet, que son père n’est pas son père … mais elle meurt avant de lui donner son nom. Il demande une analyse ADN qui vient confirmer la sentence. A la recherche de ses racines, comme à la recherche de sa vie, Harry va se jeter à corps perdu dans son enquête.

Paul Massat est lieutenant de police à Solieu. Devenu responsable du commissariat pour cause de vacances, on l’appelle pour une affaire classique. Le corps d’un homme vient d’être retrouvé, vraisemblablement mort d’une crise cardiaque. Le problème est qu’on retrouve le malheureux dans un squat où on y trouve des trafics de drogue, et que le bonhomme n’a pas l’air d’être un client … trop bien habillé. Paul Massat va quand même creuser cette affaire, surtout pour oublier sa vie personnelle, sa séparation avec sa femme Carla et le fait qu’elle veuille s’éloigner pour qu’il ne voit plus son fils Armand.

Si le début du roman saute de personnages en personnages, ce qui peut un petit peu déstabiliser, on en vient rapidement aux deux piliers principaux : Harry et Paul. Ils vont suivre le cours de leur vie, avec chacun leur motivation, chacun leurs problèmes, chacun leurs objectifs. Et ces objectifs vont être particulièrement personnels puisqu’ils vont chacun être chahutés dans leurs croyances, dans leur stabilité familiale.

Harry est le plus emblématique de cet état de fait, puisque sur son lit de mort, sa mère lui annonce que son père n’est pas son père. Lui qui a eu une vie emplie d’illusions et de divertissements faciles depuis le succès de sa Start-up, il se retrouve obligé de remettre en cause sa famille. Paul, de son coté, s’obstine dans cette enquête qui n’en est pas une, comme une sorte d’exutoire pour oublier l’absence de son fils et l’agressivité de son ex-femme. Il doit aussi gérer sa liaison avec son père, auteur de romans de Science Fiction qui vit seul dans une maison isolée. Son père est d’ailleurs le troisième personnage d’importance dans ce roman, même s’il arrive tardivement dans l’intrigue. Il nous offre des scènes intimistes d’une grande sensibilité.

Et c’est d’ailleurs le point fort de ce roman, et la raison pour laquelle je l’adore. On n’a pas l’impression de suivre une histoire, mais plutôt d’être plongé dans plusieurs histoires, dans plusieurs vies. On ne suit pas ces personnages, on vit avec eux. Et comme dans la vraie vie, il n’y a pas de grands moments, mais plusieurs petits moments qui construisent nos vies. On n’y trouvera pas de grands moments d’action, mais plein de petites scènes toutes formidablement réussies. Gilles Vidal nous offre là un roman écrit au fil de l’eau, comme une improvisation, sans esbroufe, mais avec talent et éclat, tout en subtilité et en sensibilité, un roman empli d’émotions.

Et si la fin du roman laisse autant de question, et donne bien peu de réponses, c’est bien parce que la vie est rarement comme dans les romans. Et de ces expériences rencontrées dans les itinéraires de ces personnages, on cherchera un sens de la vie, on se posera bien des questions sur nos actes et leurs conséquences. Et ce roman m’aura un peu plus éclairé sur ce qui est important dans la vie … Merci Monsieur Vidal.

Ne ratez pas le mot de l’auteur sur l’excellent site Livresque du Noir

Ne ratez pas aussi les avis des amis Claude et Oncle Paul

La chronique de Suzie : Un prisonnier modèle de Paul Cleave (Sonatine)

Suzie est de retour !Et elle nous parle du dernier Paul Cleave.Parmi les sorties de ce début d’année, l’un des thrillers attendus est bien le dernier roman de Paul Cleave. Il reprend pour l’occasion son personnage du Boucher de Christchurch. Je laisse la parole à Suzie :

Bonjour chers lecteurs.

Nous nous rencontrons de nouveau pour pouvoir discuter du dernier roman de Paul Cleave, qui a été publié aux éditions Sonatine, le 11 février 2016 et dont le titre est « Un prisonnier modèle » ou « Joe Victim » en anglais.

Après avoir écrit cinq livres dans l’univers de Christchurch, petite ville de Nouvelle-Zélande où les tueurs en série trouvent qu’il y fait bon vivre, l’auteur va nous conter la suite de l’histoire de son premier héros, Joe Middleton, surnommé le Boucher de Christchurch. Joe est le personnage principal du premier roman de Paul Cleave  » Un employé modèle » ou « The Cleaner » en anglais. Ce dernier s’est lancé dans l’éclaircissement d’un meurtre qu’on veut lui attribuer.

Dans ce deuxième volet, on va retrouver Joe, dont l’identité de Boucher de Christchurch a été découverte et on assiste à son arrestation. En lisant la quatrième de couverture, on apprend qu’une année se passe et Joe va enfin être jugé. Mais, une course s’engage entre différents protagonistes pour envoyer Joe « ad patres » le plus rapidement possible de peur qu’il ne dévoile certaines choses.

Cette histoire, comme vous pouvez vous en douter, va concerner principalement Joe Middleton mais pas uniquement. Elle va se décomposer en plusieurs voix : celle de Joe, celle de Mélissa, personnage qu’on a déjà rencontré dans une précédente histoire, celle de Carl Schroder et, enfin, celle de Raphael. Chacun de ces protagonistes va donner son point de vue ainsi que ses motivations sur le procès et la possibilité de la mort de Joe. Joe le fera également mais sur un autre mode qui est plus centré sur la vie en prison et comment il ressent sa captivité.

L’autre particularité de cette histoire est le mode de narration. L’auteur alterne la narration à la première personne et celle à la troisième personne. En fait, un seul personnage a le droit de s’exprimer à la première personne et c’est Joe. Ce qui peut déconcerter le lecteur. De plus, les chapitres sont assez courts, environ une dizaine de pages, voire même moins dans certains cas. Cela permet de donner un rythme rapide à l’histoire et plus percutant avec le changement de personnages.

La voix de Joe est assez sarcastique que ce soit envers lui-même, les personnes avec qui il interagit ou dans sa description de la vie carcérale. Ce sarcasme va être mis en avant par l’utilisation des différentes facettes de la personnalité de Joe. Ce qui permet de mieux appréhender le caractère de ce personnage. Les personnages secondaires sont particulièrement stéréotypés. L’exemple en est donné avec les gardiens de prison ou les compagnons de Joe. Celui qui est réussi, est la mère de Joe pour laquelle on ne sait que penser. Est elle consciente de ce qu’a fait son fils ou vit-elle dans son propre monde?

Lorsque j’ai commencé à lire ce livre, j’ai été choquée par le prologue. Je ne m’attendais pas à une telle violence qui est symbolisée par cette paupière. L’auteur semble avoir voulu me montrer que cette histoire n’allait pas me laisser intacte et me le démontrer dès le début. Ensuite, l’alternance des points de vue de personnages permet de poser l’intrigue.

J’ai un peu subi cette histoire jusqu’à la moitié du roman … pour ensuite me faire retourner comme une crêpe par l’auteur et arriver sur une situation que je n’attendais pas et qui m’a surprise, bien que certains cailloux fussent là pour me donner des indices que j’ai mal interprétés.

J’ai énormément apprécié le dernier tiers de l’intrigue. Et je me suis rendue compte que tout pointait dans cette direction. Mais le comportement des protagonistes est là pour nous induire en erreur. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’on n’a pas fini d’entendre parler de notre Boucher atypique et que la vengeance est un plat qui se mange froid ou tiède.

Le prochain roman dans notre ville préférée se nomme « Five minutes alone » et on devrait en apprendre plus sur le devenir de deux protagonistes : Carl Schroder et Théodore Tate. Vivement qu’il soit traduit et publié en français. Je me demande bien ce que l’auteur va pouvoir nous inventer.

Promesse de Jussi Adler Olsen (Albin Michel)

Cela faisait un petit bout de temps que j’avais laissé de côté mes amis du Département V, chargé de résoudre des enquêtes vieilles et délaissées. Il était donc temps pour moi de renouer des liens avec ces personnages sympathiques que sont Carl Morck, Assad et Rose.

Carl Morck est en train de travailler dans son bureau ; comprenez qu’il est en train de faire sa sieste. Le téléphone sonne. Un policier nommé Christian Habersaat se présente à lui et lui demande son aide dans une affaire vieille de 17 ans. Une jeune fille avait été renversée par une voiture, son corps projeté dans un arbre. Carl lui annonce brutalement qu’au département V, ils sont débordés. Puis, le téléphone sonne à nouveau. Sa mère lui apprend que son cousin part en Thaïlande pour récupérer le corps de son autre cousin mort là-bas, suite à un massage. C’est une nouvelle qui met Carl mal à l’aise.

Le lendemain, Rose apprend à Carl que Christian Habersaat s’est suicidé lors de son pot de départ à la retraite. Si Carl est peu affecté par cet événement, Rose de son coté, se sent plus coupable. Elle prend donc des billets d’avion pour toute l’équipe du département V à destination de l’île de Bornholm. Il s’avère que Habersaat a été marqué par l’accident d’Alberte, au point de s’y consacrer jours et nuits. Il y a même perdu sa vie de famille puisqu’il a divorcé. Personne au commissariat ne voit d’inconvénient à leur laisser cette affaire, puisqu’il n’y a pas d’enquête.

Quand ils débarquent chez Habersaat, ils découvrent des tonnes de documents, des murs entiers recouverts de coupures de presse, de photos, d’extraits d’enquêtes. Alors qu’il était simple policier de quartier, il a consacré sa vie à la résolution de ce mystère. Sa femme June ne veut pas entendre parler de lui. Par contre, quand quelques jours plus tard, le fils de Habersaat se suicide en laissant un mot de pardon envers son père, le Département V au complet décide de se consacrer à plain temps sur cette affaire.

On retrouve avec plaisir ces trois personnages bien particuliers et si vous ne les connaissez pas, courez donc acheter le premier tome de la série. Carl est plus fainéant que jamais, et poussé par son équipe. Rose est très impliquée, et se montre finalement la plus humaine des trois. Quant à Assad, il est plus mystérieux que jamais, et ce n’est pas dans cette enquête que l’on va en savoir plus.

Ceci dit, on en apprend un peu plus et en même temps, l’image que l’on s’en faisait de chacun est modifiée, altérée ce qui va surement relancer l’intérêt de cette série. On découvre un Carl un peu plus inhumain, toujours aussi égocentrique mais avec un caractère de lâche qu’on ne lui avait pas forcément vu auparavant. De plus, il s’est passé des choses dans son passé que l’on pourrait bien voir ressurgir. Assad est toujours aussi énigmatique, et alors qu’on le pensait syrien et musulman, on le découvre sous un autre jour, mais on ressort surtout avec encore plus de questions à son sujet. Quant à Rose, toujours aussi volontaire, c’est dans les dernières pages que l’on va s’inquiéter pour elle. Un quatrième personnage va rejoindre le groupe, apparemment apparu lors du précédent opus, mais je dois dire que je n’ai pas été convaincu par le présence de Gordon. A suivre …

Avec un peu de recul, il faut bien s’avouer que ce roman est une belle mécanique, bien huilée, réalisée avec métier, avec tous les arguments qu’il faut pour plaire au plus grand nombre. Avec un démarrage qui comporte bien peu d’indices, l’intrigue va se dérouler sans anicroches, tranquillement, et avec une logique qui force le respect. Alors, certes, le rythme est lent (plus que dans certains épisodes précédents) mais cela se lit bien et c’est passionnant parce que c’est porté de bout en bout par ces formidables personnages.

Je me demande d’ailleurs si cet épisode en forme de roman policier plutôt classique, qui consiste surtout à trouver l’identité d’un gourou de secte, ne sert pas à Jussi Adler Olsen de transition entre les épisodes précédents et ceux à venir. J’ai réellement l’impression qu’après avoir résolu des enquêtes sur le passé, l’auteur va maintenant se pencher sur le passé de ses personnages. En tous cas, cela donne vraiment envie de lire la suite, l’année prochaine puisqu’il sort un épisode par an. Quant à cet épisode-ci, il démontre une nouvelle fois tout le savoir faire de cet auteur de talent, et vous aurez l’assurance d’avoir entre les mains un roman policier nordique certes classique, mais bien fait.

Corrosion de Jon Bassoff (Gallmeister-Neonoir)

Décidément, cette nouvelle collection Néonoir a le don de dénicher des auteurs différents, pas comme les autres. Avec Jon Bassoff, dont Gallmeister nous présente le premier roman, vous allez plonger dans un cauchemar, celui de la vie, celui d’aujourd’hui.

Ce roman est construit en deux parties de 100 pages environ. La première se passe en 2010, la deuxième en 2003. Deux parties, deux personnages qui vont se rencontrer jusqu ‘à la conclusion apocalyptique.

Joseph Downs est un ancien Marines qui est revenu d’Irak défiguré. Il arrive aux abords de Stratton, petite ville entourée de derricks et de silos en perdition. Le moteur de son pick-up vient de lâcher. Il parcourt les quelques centaines de mètres qu’il lui reste à faire, et entre dans un bar pour boire un coup. Un couple entre, une jeune femme belle et un vieux bonhomme. Le vieux l’insulte, la malmène et lui tire violemment les cheveux. Joseph intervient et tabasse le vieux. Puis il décide de se trouver un hôtel. La jeune femme décide de le suivre. Elle s’appelle Lilith et le vieux est son mari. Elle a bien tort de jouer avec le Diable.

Benton Faulk a 16 ans. Ses parents sont quelque peu perturbés car la mère se meurt d’un cancer. Le père élève des rats dans la cave en espérant trouver le Rat-Christ qui sauvera sa femme. Alors Benton s’invente des histoires avec un personnage nommé le Soldat. Quand sa mère meurt, son père décide de garder le corps de sa femme dans leur chambre. Son beau-frère s’en aperçoit, et fait enfermer le père. Il récupère aussi la garde de Benton. Mais on ne joue pas avec le Diable.

La première partie est plutôt classique avec tout ce que j’aime dans les polars américains : cette efficacité, cette économie de mots qui font que l’action coule en fonction des événements et que l’univers de cette partie désolée des Etats Unis est si noire et si stressante. Mais ce roman ne s’arrête pas là. On passe à une deuxième partie où tout change : le personnage principal devient un jeune adolescent marqué par son éducation et son environnement familial. Il passe de passages délirants en passages violents, se fait sa propre vie en s’alimentant de ses propres histoires imaginaires.

Les deux parties sont écrites à la première personne mais malgré cela, nous avons à faire avec deux styles bien différents, deux univers différents. Dans les deux cas, on y rencontre des gens paumés, des gens simples qui se retrouvent face à quelqu’un qui va bouleverser leur vie. Dans les deux cas, la vie n’a pas de but, la religion est bien présente mais ce coin paumé des Etats Unis a perdu toute notion de morale.

Et c’est bien là que le roman fait mal, très mal. L’écriture de Jon Bassoff est prenante, incroyablement hypnotique, à tel point que l’on n’a plus l’impression de lire une histoire, mais bien de plonger dans des psychologies de grands malades ; c’est extrêmement violent dans le propos, sans être sanguinolent, et c’est surtout incroyablement addictif. Je me suis aperçu avoir ressenti du plaisir de plonger dans une psychologie de malade, de plonger dans le Mal, et j’ai aimé ça. Clairement, ce roman va en déranger plus d’un et est amené à devenir un livre culte. C’est en tous cas un premier roman d’une force rare, un premier roman impressionnant.

Un grand merci à Coco pour le prêt et sans qui ce blog n’existerait probablement pas.

Ne ratez pas les avis de Jean Marc, Yan, L’avis tel qu’il est, Unwalkers et Leatouchbook

Léo tout faux de Claude Charles (Editions Territoires Témoins)

Ce roman qui flirte avec les codes du polar est un roman fort plaisant. Outre l’occasion d’ajouter un auteur supplémentaire à ma liste des découvertes, on découvre une autre façon d’appréhender une intrigue d’arnaque.

Uniphone est une entreprise leader dans le domaine des abonnements de téléphonie mobile. Chaque mois, elle reçoit de ses clients plus d’une trentaine de millions d’abonnements, ce qui correspond à un chiffre d’affaires d’un milliard d’euros. Cette entreprise est dirigée par Pierre Mahon, un patron tyrannique qui dirige d’une main de fer. Le 14 aout 2013, un homme appelle au téléphone et se présente en tant que membre du cabinet du premier ministre. Quand cet homme a Mahon au téléphone, il lui annonce avoir détourné 200 millions d’euros des comptes de la société.

10 Janvier 2013. Sandrine est l’assistante de direction de Mahon. Elle est épuisée quand elle sort du travail. A un feu rouge, une voiture lui entre dedans. Le cinquantenaire en faute s’excuse et lui propose de l’argent en liquide en guise de dédommagement. Il s’appelle Christian Maillard et est vendeur d’œuvres d’art. Ils vont fricoter … Une histoire d’amour vient de commencer …

9 avril 2013. Caro vient de recevoir un SMS. Léo, un ancien amant, lui propose un rendez-vous. Quand ils se rencontrent, il y a Damien dit DD et Rémy, deux retraités. Cette petite équipe a été réunie pour réaliser un casse : détourner les prélèvements destinés à Uniphone durant le mois d’aout. Le butin est estimé à 200 millions d’euros et Léo s’arrangera pour que Mahon n’ait aucun recours. Chaque membre de l’équipe a une expertise qui permettra de mener à bien ce vol informatique, mais c’est sans compter la personnalité de chacun.

Ce roman est un sacré défi : nous montrer avec cette intrigue comment on peut détourner de l’argent … virtuel … et le blanchir sans que personne ne s’aperçoive de rien. Si cela parait un peu rocambolesque, le déroulement de l’intrigue apparait tout à fait réaliste et surtout en devient passionnant. On y trouve juste ce qu’il faut de rebondissements pour que l’on reste accroché à cette lecture.

On a donc droit à un mélange de Ocean 11 pour le casse, sans les élucubrations acrobatiques que l’on trouve dans le film, et de Mission Impossible quant à la réunion d’une équipe d’expert. En effet, chacun est expert qui en sécurité informatique, qui en liaisons telecoms, qui en blanchiment d’argent. Quant à Léo, c’est une sorte de chef de projet qui mène à bien son affaire pour atteindre son objectif.

Là où c’est original, c’est dans la psychologie des personnages. Chacun se retrouve affublé de petits travers qui vont de la colère à l’envie d’aller voir des prostituées qui viennent enrichir l’intrigue. Car c’est bien parce que Léo a en face de lui des gens et non des machines qu’il va avoir des sueurs froides, voire même des imprévus dangereux. Je ne vous dirai rien quant au dénouement qui est assez inattendu ou en tout cas surprenant.

Le seul petit reproche que l’on peut faire à ce roman concerne les dialogues qui, s’ils sont bien faits et très réalistes, s’avèrent nombreux, longs ce qui nuit un peu à l’efficacité du roman. Certes, ils font avancer l’intrigue mais ils auraient bien eu besoin d’un peu de coupe. Ceci dit, on finit par penser que ce roman, pour très intéressant et passionnant qu’il soit, s’avère être un scenario qui mériterait d’être adapté au cinéma. Car il y a de sacrés numéros d’acteurs à en attendre.

Ne ratez pas l’avis de l’oncle Paul.

La vérité sur Anna Klein de Thomas H.Cook (Points)

Ceux qui suivent mes avis sur Black Novel savent que je vous un culte à Thomas H.Cook, parce que sa plume est d’une finesse rare et qu’il a trouvé une bonne façon de raconter une histoire : Il s’agit dans beaucoup de cas de gens qui remontent dans le passé à coups de flashbacks. Cette façon de faire lui a permis de fouiller des thèmes importants tels que la famille, le poids du passé, le regret, l’éducation, la confiance, le doute, la loyauté, les souvenirs, …

Depuis quelque temps, Thomas H.Cook prend la même « recette » et regarde notre histoire contemporaine et notre vision vis-à-vis de ce passé. C’est le cas ici puisque l’on y aborde la deuxième guerre mondiale en nous plongeant dans le royaume des espions.

Le prétexte, ou plutôt devrais-je dire la colonne vertébrale de cette histoire, est la rencontre entre deux hommes, peu après le 11 septembre 2001. Le premier est tout jeune, presque un jeunot, et est sensé être journaliste. Paul Crane vient écrire un billet sur la vie de l’homme qu’il vient rencontrer, en la personne de Thomas Danforth. C’est le deuxième homme de notre histoire, un homme qui a connu les soubresauts de la Grande Guerre.

Tout débute en 1939. La guerre n’a pas encore été déclarée, mais tout le monde le sait qu’elle va arriver parce que c’est inéluctable. De même, tout le monde sait que les Etats Unis vont être obligés d’intervenir. A l’époque, la situation était complexe, Danforth était un jeune espion, innocent, naïf. Robert Clayton, un collègue et ami, le contacte afin de rencontrer une nouvelle recrue, Anna Klein, pour dans un premier temps, l’évaluer.

Anna Klein est redoutablement belle, mais elle est aussi remarquablement décidée quant à accomplir sa mission : mener à bien Le Projet. Danforth ne sachant pas de quoi il s’agit, accepte malgré tout de prêter sa demeure afin d’entrainer Anna à la création de bombes, à l’utilisation d’armes … Après plusieurs semaines, c’est le départ vers l’Europe. Anna sera chargée de réaliser sa mission et Thomas la suivra durant son périple.

Comme d’habitude, j’ai envie de dire, Thomas H.Cook joue sur les flash-backs pour raconter cette aventure. Au travers de cette interview, entre un jeune homme innocent et un « vieux de la vieille, Thomas H.Cook décide de nous plonger dans le brouillard. Pendant presque un quart du roman, nous ne saurons pas plus de choses que ce que l’on veut bien dire au jeune Danforth. On y suit bien la rencontre puis l’entrainement d’une jeune femme, mais on ne sait guère où cela va nous mener. Par contre, on apprécie la subtilité de la plume qui s’amuse à inverser les rôles, le vieux Danforth devenant le jeune homme innocent de l’histoire.

Puis, après le départ pour l’Europe, les rôles s’affirment, et surtout la passion s’en mêle. Thomas et Anna vont bel et bien tomber amoureux et accomplir une mission dangereuse dans le sud de la France. C’est à partir de ce moment là que la situation devient trouble : certes depuis le début, nous savons qu’Anna était dès le départ condamnée, mais plus on s’enfonce dans le livre, plus on se demande qui est qui, qui joue avec qui, et qui manipule qui. Et cet auteur a l’art de nous poser des petites phrases qui, sans cesse, arrivent à semer le doute au fur et à mesure de la lecture.

En nous faisant traverser plus de cinquante ans de l’histoire mondiale, avant, pendant et après la deuxième guerre mondiale, Thomas H.Cook nous dessine à la fois le monde trouble et sous-jacent de l’espionnage, leur rôle dans les conflits, mais aussi et surtout la difficulté pour les hommes qui sont derrière de comprendre les grands desseins. Car c’est bien un portrait d’homme que nous offre Thomas H .Cook avec ce roman, qui a perdu son innocence, mais qui, pour autant, ne sait pas pourquoi et comment il doit prendre sa propre histoire, perdue au milieu de la Grande Histoire.

Au cours de ce roman, nous aurons droit à la sécheresse du climat espagnol, à la crainte des Londonniens, à l’insouciance des parisiens, à la terreur des Allemands, mais aussi à la folie des soldats, à la fureur des tortures ou au désespoir d’un amoureux ayant perdu son amour. C’est un roman plein d’aventures et de romantisme, embelli par une écriture magnifique et en même temps intime. Un grand roman d’espionnage.

Ne ratez pas l’avis de l’ami Claude

Oldies : Psychiko de Paul Nirvanas (Mirobole)

Au programme de la rubrique Oldies, je vous propose une curiosité, à savoir un roman policier grec de 1928. Je devrais plutôt dire un polar, puisqu’il n’y a pas vraiment d’enquête ni de policier. Et je peux vous dire que j’ai pris mon pied !

L’auteur :

Paul Nirvana est un des pseudonymes de Petros K. Apostolidis, célèbre auteur grec. Il est né en 1866 à Mariupol, Ukraine et mort le 28 Novembre 1937 à Athènes, Grèce.

Le père de Nirvana était originaire de Skopelos, sa mère de Chios. Comme un enfant, Pavlos Nirvana est parti de sa ville natale, pour la Grèce et a vécu au Pirée. Il a étudié à l’Université d’Athènes en Médecine, et fut diplômé en 1890. Il est entré au service de la Marine et devint médecin. En 1922, il a pris sa retraite du service militaire. Il a également travaillé comme journaliste et est devenu à partir de 1928 membre de l’Académie d’Athènes.

Pavlos Nirvana a touché tous les genres de la littérature: il a écrit des histoires courtes, des pièces de théâtre, des poèmes, des essais, des critiques, des romans, des satires et des textes historiques contemporains. Il a publié son premier recueil de poèmes en 1884.

Paul Nirvana a reçu en 1923 une récompense pour son œuvre littéraire.

(Source Wikipedia Allemand traduit par Google traduction et adapté par moi-même)

Quatrième de couverture :

Psychiko, le tout premier polar grec, est un véritable bijou. Anti-héros et probable cas clinique, Nikos Molochantis, jeune rentier désœuvré, est prêt à tout pour obtenir son quart d’heure de célébrité. Il a donc la brillante idée de se faire passer pour l’assassin d’une femme retrouvée morte dans un quartier d’Athènes.

Grâce à la presse fascinée par cette affaire, Nikos se retrouve enfin sous les feux de la rampe, suffisamment près de la guillotine pour être une vedette. Le stratagème parfait… À ceci près qu’il risque de fonctionner au-delà de ses espérances.

Paru en 1928 sous forme de feuilleton, Psychiko met en place une mécanique infernale, où une police apathique affronte un faux coupable en quête de gloire.

Mon avis :

La première chose qu’il faut savoir à propos de ce roman, et qui est indiqué par le traducteur Loïc Marcou à la fin du livre, c’est que ce roman était publié en feuilleton dans des revues hebdomadaires. Malgré cela, on n’y ressent aucune coupure, tout y est cohérent et cela se suit comme s’il avait été écrit en un morceau, si j’ose dire.

C’est donc un texte qui nous présente un jeune homme en mal de reconnaissance. Etant riche ou du moins très aisé, il voudrait être connu, reconnu, adulé. Alors il s’invente assassin d’une jeune femme retrouvée dans un parc. Il imagine un scenario, ne connaissant pas la victime, et met son meilleur ami dans la confidence. Ce qui est drôle, c’est qu’il va se faire arrêter par la police alors qu’il est victime d’un vol et qu’il va alors dérouler son scenario presque sans le vouloir !

C’est bien l’humour qui ressort dans cette prose, cet humour décalé. Tous ceux qui aiment les situations absurdes vont adorer car on est là dans une intrigue qu’aurait pu reprendre Raymond Devos. C’est aussi une charge sarcastique contre la bonne société grecque : l’exemple de Lina Aréani, une jeune femme riche qui s’ennuie, va créer un comité de soutien uniquement parce qu’elle voit dans son crime une œuvre romanesque.

Je tiens à souligner le formidable travail du traducteur qui a su nous faire ressentir tout le sel de cette plume, et retranscrire cet humour décalé. C’est aussi un roman qui m’a beaucoup fait penser à Candide de Voltaire. C’est vous dire la qualité et le niveau de cette œuvre. D’ailleurs, je dis « cette œuvre » car vous pourriez bien avoir entre les mains un Classique de la littérature.

Nota : Psychiko est le nom d’un quartier d’Athènes. Pas mal, comme nom, non ?

Ne ratez pas l’avis de mon irremplaçable mentor Claude Le Nocher