Après nous avoir emmenés à Cuba, Franck Membribe nous plonge dans une situation sociétale difficile, avec un sujet bien contemporain, le réchauffement climatique et une idée de départ qui permet d’extrapoler.
Protoman, de son vrai nom Erkan Taioglou, profite du trafic de dope en tant que petite main dans les environs de Cassis. Avec Kevin, ils viennent de voler une 308 rouge ; quel pied pour des fainéants comme eux. Ils se défoncent au gaz hilarant, récupèrent un burger et finissent leur mission : se débarrasser du véhicule par le feu.
Sur le capot de la Tesla de Richard Wyatt Jr, un « I » trône et le monde tremble. Depuis quelque temps, la faction I assassine les plus riches du monde, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Leur mode opératoire est tout le temps le même : une injection de Pentobarbital. Les réseaux sociaux en profitent et partagent à tout va les photos du cadavre, les yeux exorbités.
Laurent Rebsamen, géo-économiste de l’énergie, s’envole pour la fédération de Russie. Le désastre de l’exploitation du gaz naturel fait pencher son esprit du coté des écologistes. Il arrive à Samara, près du Kazakhstan pour rencontrer Oleg Bodnikoff, qui aurait inventé un moyeu de diviser les fuites de gaz par trois.
Hayette est infirmière au service du groupe Coriandre, un groupe spécialisé dans la gestion des EHPAD. Sa passion est d’aider les anciens ; elle a toujours un petit mot, un petit geste, pour qu’ils se sentent mieux. Elle habite seule dans une chambre d’une maison bourgeoise, n’ayant pour seule compagnie que son chat noir Vlad. Un nouveau patient vient d’être admis, Erkan Taioglou, qui semble pris de démence. Hayette reconnait son violeur.
Rajaa est une jeune étudiante palestinienne. Pour finir ses études, elle doit se rendre en Irlande. En attendant les quelques semaines qui la sépare de sa rentrée, elle accepte un poste d’aide à domicile.
Et dans l’ombre, quelque soit l’endroit dans le monde, à tout moment, la Faction I continue à s’attaquer aux plus gros pollueurs.
Ce roman est bien particulier, et on se doute bien qu’ils vont tous se retrouver en Irlande par la magie de l’imagination de l’auteur. Les chapitres se suivent, chacun centré sur un personnage que l’auteur arrive à nous rendre vivant. Aidé par une plume fine, ce roman ne se lâche pas, ne nous lâche pas.
En fonction du personnage, le rythme peut être soutenu avec les turpitudes de Laurent qui cherche à fuit la police russe ou calme en ce qui concerne Hayette ou Rajaa. Mais on ressent sourdement la menace de ce groupuscule qui, devant l’inertie des pays du Monde entier a décidé de prendre les armes sans que personne ne puisse déterminer s’il s’agit d’une manœuvre orchestrée ou de personnes isolées perpétrant ces meurtres.
Cette menace va avoir un impact sur les gens et sur les personnages de ce roman qui vont se questionner sur leur position vis-à-vis de ces meurtres. Le roman nous pose donc la question ouvertement, nous place devant notre responsabilité de citoyen du monde et c’est le grand mérite de ce roman pas comme les autres. L’auteur quant à lui nous fournit son opinion en clôture de son roman : « Après nous, le déluge ».