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La compagnie des glaces tomes 15 et 16 de G-J. Arnaud

Editeur : French Pulp

Les éditions French Pulp ont décidé de rééditer la saga de science fiction de Georges-Jean Arnaud, en regroupant les romans par deux. Il s’agit, je crois, de la plus grande saga de science fiction jamais écrite puisqu’elle comporte 63 romans. Voici mon avis sur les tomes 15 et 16.

Terminus Amertume :

Lady Diana a décidé d’éliminer la Compagnie de la Banquise, dirigée par le Kid, pour mettre la main sur l’énergie qu’ils tirent du volcan Titan. Le conseiller du Kid reste neutre dans ce climat tendu, alors que Lien Rag a créé une nouvelle station, Terminus Amertume pour venir en aide à son ami le Kid. Le Kid, en proie aux attentats de la guilde des Harponneurs, commence à perdre la tête. Lady Diana envoie auprès de Lien Kruss, un espion, afin qu’il se rallie à elle, La guerre couve …

C’est un tome de bruit et de fureur qui, mettant en avant les personnages, visite avec succès tous les genres, de la géopolitique au roman de guerre, du roman d’espionnage au roman de suspense. C’est aussi un formidable exercice de stratégie militaire. Les chapitres alternent les points de vue à une vitesse folle et pour moi, c’est un des meilleurs tomes de la série, d’autant plus que la fin, ouverte et terrible, donne envie de se plonger dans la suite.

Les Brûleurs de banquise :

Lady Diana doit affronter sa première défaite après que le Kid ait fait brûler la banquise quand les troupes de la Panaméricaine roulaient dessus. Elle cherche à cacher les bâtiments engloutis à la presse et à oublier les navires et les poseuses de rail capturés par son ennemi. Elle veut se refaire, et engager la construction de voies vers l’ouest, vers la Compagnie du Mikado.

De son coté, le Kid ressort vainqueur et est traité comme un héros par ses troupes. De nouveaux moyens capturés à Lady Diana vont lui permettre de construire rapidement un accès à la Compagnie du Mikado.

Quant à Lien Rag, prisonnier rescapé, perdu au milieu de nulle part, il cherche à survivre et fait ce qu’il a toujours refusé : manger de la viande humaine et en utiliser pour alimenter les chaudières de son train en perdition. Mais il va se retrouver avec des rescapés comme lui dont il ne sait juger s’il peut en faire des alliés.

La guerre fait rage dans ce tome, entre Lady Diana qui veut faire oublier sa défaite et le Kid qui va chercher refuge auprès de son allié de jadis. L’intrigue est principalement divisée selon deux points de vue, la guerre d’un coté et la survie de Lien Rag de l’autre. Cela donne à cette histoire un rythme en dents de scie.

Les scènes de guerre sont conduites comme un véritable jeu de stratégie, chacun des protagonistes avançant ses pions tout en jouant de bluff pour tromper l’autre. Les scènes concernant Lien Rag sont plus calmes et font appel à toute l’imagination de l’auteur. Cela donne un mélange rythmé et très agréable, totalement maîtrisé.

La compagnie des glaces tomes 13 et 14 de GJ.Arnaud

Editeur : French Pulp

Les éditions French Pulp ont décidé de rééditer la saga de science fiction de Georges-Jean Arnaud, en regroupant les romans par deux. Il s’agit, je crois, de la plus grande saga de science fiction jamais écrite puisqu’elle comporte 63 romans. Voici mon avis sur les tomes 13 et 14.

Station fantôme :

Dans leur fuite éperdue sur la banquise de l’ancien Pacifique, Jdrien, l’enfant-dieu, et Yeuse découvrent une immense cité, abandonnée depuis des décennies. Une civilisation y a prospéré en dehors des Instructions et a brusquement disparu.

De son coté, le Nain, toujours à la tête de sa compagnie est confronté à un problème : depuis que les Roux ont quitté la capitale, les habitants ne veulent plus les voir revenir. Or voici que l’on annonce des troupes de Roux de retour. Des manifestations ont lieu contre ce retour que beaucoup considèrent comme une invasion.

Quand Lien Rag a appris que Jdrien, son fils métisse, s’est enfui des mains de Lady Diana. Il décide de le rejoindre, quitte à arpenter des chemins inconnus. Il va emprunter la Route des Disparus.

Délaissant le coté politique et stratégique de la saga, l’auteur nous convie à un roman d’aventure où il s’agit d’aller explorer une nouvelle zone de la terre. Chacun, de Lien et Jdrien, vont partir d’un point opposé pour se retrouver au milieu. Et on a le droit à un roman d’exploration, où on découvre des décors étonnants et des idées pleines d’imagination délirante, en particulier sur les animaux rencontrés. Ce n’est pas le meilleur de la série pour moi, mais j’ai été étonné par ce que j’ai lu.

Les Hommes-Jonas :

Amertume Station est la dernière ville avant de rejoindre la compagnie de la Banquise, dirigée par le Kid. Harl Mern, ethnologue, cherche un laisser passer au milieu de cette cité emplie de truands.

Depuis de Lien Rag, Jdrien et Yeuse sont réunis, ils décident de rejoindre le Kid. Pour cela, il va falloir qu’ils construisent des milliers de kilomètres de voies ferrées avec peu de provisions, et en un temps record, puisque Lady Diana n’a pas abandonné son désir de reprendre l’enfant prodige, Jdrien. L’un de leurs compagnons va créer une invention qui pourrait remettre en cause la fondation même de la civilisation des compagnies ferroviaires.

De son coté, le Kid cherche à les rejoindre par le Réseau 160°, mais il est très occupé par les différentes factions qui lui demandent toujours plus d’argent, entre les chasseurs de baleines, les chasseurs de phoque et son allié qui revend ses actions au plus offrant.

Balayant à chaque chapitre un aspect de son intrigue, ce roman s’avère être une course contre la montre où chacun poursuit sa route sans être sur du chemin qu’il emprunte ni de la destination vers laquelle il se dirige. Aidé par un rythme soutenu, et des scènes visuelles innovantes, c’est un très bon tome de cette série.

La piste aux étoiles de Nicolas Lebel

Editeur : French Pulp

Je vous avais déjà parlé de Luc Mandoline, ce personnage récurrent édité aux Ateliers Mosesu puis repris par les éditions French Pulp. Ce personnage, ancien légionnaire, rompu aux enquêtes et sports de combat, se retrouve toujours mêlé dans de drôles d’affaires. Chaque épisode est écrit par un nouvel auteur, comme le Poulpe par exemple, ce qui donne à chaque fois un ton particulier et original. Les titres sont disponibles soit en format numérique soit en format papier :

Episode 1 : Harpicide de Michel Vigneron

Episode 2 : Ainsi fut-il d’Hervé Sard

Episode 3 : Concerto en lingots d’os de Claude Vasseur

Episode 4 : Deadline à Ouessant de Stéphane Pajot

Episode 5 : Anvers et damnation de Maxime Gillio

Episode 6 : Le label N de Jess Kaan

Episode 7 : Na Zdrowie de Didier Fossey

Episode 8 : Le manchot à peau noire de Philippe Declerck

Episode 9 : La mort dans les veines de Samuel Sutra

Episode 10 : Sens interdit (s) de Jacques Saussey

Episode 11 : Mandoline vs Neandertal de Jean-Christophe Macquet (pas encore lu)

Episode 12 : Les corps tombés du ciel de Pierre Brulhet (pas encore lu)

Episode 13 : Un havre de paix de Stanislas Petrosky

Voici donc la quatorzième aventure de notre thanatopracteur préféré.

Quatrième de couverture :

L’Embaumeur joue les Monsieur Loyal dans un drôle de cirque…

Un enquêteur qui sort de l’ordinaire, ni flic, ni journaliste, ou même détective, c’est un croque-mort qui mène la danse !

Quand on propose à l’embaumeur de participer à un projet de plastination, il faut s’attendre à un refus.

Un défunt, ça se respecte, ça n’exhibe pas !

Le souci c’est que dans la vie on ne fait pas toujours ce que l’on veut, Mandoline va devoir rentrer dans le délire d’un mégalo morbide et tenter de comprendre un trafic de cadavres…

Mon avis :

Luc Mandoline est en congés à Migennes quand on le contacte pour un rendez-vous mystérieux. Un chauffeur, nommé Antoine vient le chercher pour l’emmener vers Paris. Alors qu’un coup de fil de son ami Franck Sauvage lui apprend qu’il vient d’être emprisonné pour un bête transport d’armes de guerre, il est accueilli au Crillon, l’hôtel de luxe situé sur la Place de la Concorde. C’est un gentleman anglais, Edward Wilks qui le reçoit pour rencontrer Morten Madsen.

On propose à Mandoline de participer à une plastination de corps pour créer la plus grande exposition de corps placés dans un gigantesque cirque, en hommage à La Piste aux Etoiles. Mandoline refuse mais Europol le contacte le lendemain pour l’obliger à accepter en échange de la libération de son ami. Europol veut en effet connaitre l’origine des corps. Mandoline qui est loyal envers ses amis légionnaires va donc prendre la direction de la Turquie.

Ceux qui connaissent cette série ne seront pas surpris ni déçus par cet épisode de très bonne facture. D’un format très resserré, 200 pages, Nicolas Lebel se fond dans le personnage de notre embaumeur préféré pour nous concocter une aventure révoltante (comment peut-on utiliser des corps pour en faire un spectacle ?) et animée (charme et action sont au rendez-vous).

Nicolas Lebel, qui a l’habitude d’être disert et débridé dans son humour, reste très mesuré, et se met au service de son scénario, qui est remarquablement bien construit, pour nous embarquer dans une aventure surprenante. Et pour rajouter une cerise sur le gâteau, Nicolas Lebel nous offre une conclusion bien amère, qui laisse un drôle de gout dans la bouche. C’est donc une très bonne aventure de Luc Mandoline.

Nota : La plastination, aussi appelée imprégnation polymérique est une technique visant à préserver des tissus biologiques en remplaçant les différents liquides organiques par du silicone.

Laisse le monde tomber de Jacques Olivier Bosco

Editeur : French Pulp

Jacques Olivier Bosco, dit JOB, est un des meilleurs dans la littérature française en termes de polars d’action. Il est capable de vous construire des scènes visuelles telles que l’on se trouve plongé en plein milieu d’un champ de bataille. On en baisserait presque la tête pour éviter de se prendre un projectile. Son petit dernier rajoute une corde à son arc.

Budapest, au début de l’hiver. Deux flics ramassent une jeune fille mineure pour la ramener au poste. Il faut dire qu’il fait froid et qu’elle est mignonne, elle pourrait rassasier des collègues frustrés. Alors qu’ils la laissent dans une pièce chauffée, elle va ouvrir une porte de secours pour faire entrer un commando de choc. Armés de couteaux et de mitraillettes, ils assassinent tout l’effectif policier.

Meudun, banlieue de Paris. Dans un terrain vague, au milieu de barres logeant des milliers de gens pauvres, un corps est retrouvé atrocement mutilé. Découpé, le visage arraché, il semblerait que le jeune garçon a été attaqué par un fauve. On se croirait dans un roman, Le chien des Baskerville pour ne pas le nommer. Après l’autopsie, il semblerait que quelques morceaux du visage aient été découpés avec un instrument tranchant.

La substitut du procureur est bien tentée de confier cette affaire à la Police Judiciaire. Mais pour faire une fleur à JEF, elle laisse l’affaire à la police locale. JEF, c’est Jean-François Lenantais, alcoolique notoire. Il est affublé d’Hélène Lartigue, dite La Trique pour son physique de petite femme costaude. Bientôt ils vont faire la connaissance de Tracy de la brigade des stupéfiants.

Ces trois-là ont bien des points communs. Ils ont tous des cicatrices, de celles qui vous marquent à vie, pire que des tatouages, qui eux ne font mal qu’en surface. Mais ils ont tous la même rage qui les habite et la même volonté d’agir devant une société et une hiérarchie qui ont baissé les bras. Le titre est d’ailleurs tiré d’un dialogue : « Que veux-tu que l’on fasse ? Qu’on laisse le monde tomber ? »

JOB ajoute donc une corde à son arc, celle d’une plongée dans un quotidien noir, sale, glauque. En prenant comme décor la banlieue parisienne, JOB nous propose presque un document, une enquête journalistique sur la réalité qu’on ne voit pas. Il y ajoute aussi un scénario rondement mené. Si les personnages sont un peu caricaturaux, la démonstration de leur motivation est exemplaire sans être balourde, et est aussi passionnante que ce que nous montre un Didier Fossey, par exemple.

Avec son style toujours aussi efficace, avec sa science de montrer des scènes d’action fantastiques, avec son sens du rythme, JOB nous emmène dans les bas-fond des banlieues, ceux des trafiquants, des tueurs, mais aussi des gens normaux qui doivent subir cette situation au quotidien. Et au milieu de ce décor de guerre latente, il y a les flics, pour qui plus personne n’a de respect, puisqu’ils sont plus gênants qu’autre chose. D’ailleurs, JOB évite le poncif du flic corrompu, et c’est tant mieux !

Tout cela donne un roman policier fort, noir et dérangeant. Dérangeant par ce qu’il montre, dérangeant par ce qu’il nous assène, dérangeant aussi par sa violence crue. Ne voulant pas prendre parti, il ne nous épargne rien ce qui nous amène à éprouver du respect pour ces flics dans un monde sans espoir. Ce n’est pas un roman militant, mais un roman vrai qui soufre à mon avis d’une violence débridée, explicite qui m’a personnellement gêné. Ce sera mon seul bémol, vous êtes prévenus.

 

Du poison dans la tête de Jacques Saussey

Ediieur : French Pulp

Pour la huitième enquête de Daniel Magne et Lisa Heslin, Jacques Saussey nous a concocté une intrigue foisonnante mettant en scène plusieurs personnages. En mélangeant les genres entre roman policier et polar, entre roman psychologique et recherche de son passé, il nous offre des histoires complexes d’une justesse incroyable. Il creuse aussi beaucoup de thèmes, posant beaucoup de questions en plaçant ses personnages dans des situations moralement complexes. Et puis, surtout, il a trouvé un titre fantastique à son roman, Du poison dans la tête, comme un venin qui s’installe dans le cerveau de chacun des protagonistes. Un grand moment de lecture.

Du poison dans la tête : Lisa en a à revendre, pendant ses congés, où elle a du temps pour elle. Mais ses pensées sont accaparées par son fils adoptif, le petit Oscar et par Daniel qui étrangement, est taciturne en rentrant du boulot. Tournant en rond, elle sent qu’elle a besoin d’un nouveau challenge, et c’est ce qu’elle pense en promenant sa chienne Sham.

Du poison dans la tête : c’est ce qui mine Oscar, alors qu’il entre au collège et est victime de maltraitance par un petit chef de gang qui veut faire la loi dans la cour de récréation. Certes, ses parents sont là pour le soutenir mais ils ne sont pas là à l’école. Et si la solution était plus proche que ce qu’il pense ?

Du poison dans la tête, comme le fait de se sentir vieillir, débordé, empli de questions. Daniel Magne reçoit un colis de Thierry Buisson, un ami d’enfance qu’il n’a pas revu depuis 40 ans. A l’intérieur, des affaires appartenant à Fanny, son amour de l’époque, retrouvée morte dans les bois. Et pourquoi Thierry avait-il ces objets en sa possession, ainsi qu’une mèche de cheveux blonds ?

Du poison dans la tête, cette impossibilité de sortir ce mec de ses pensées. Myriam ne peut accepter qu’il l’abandonne, qu’il la jette comme une vieille serpillière. Elle s’approche du Pont d’Austerlitz, alors qu’il vient de lui faire un dernier adieu. En pleurs, elle laisse tomber son manteau, et totalement nue, se jette du haut du pont dans la Seine glacée.

Du poison dans la tête. Ludo et Fred, les deux lieutenants de Daniel Magne, en ont à revendre. Surtout Ludo qui vient de perdre sa sœur, Myriam, suicidée dans la Seine. Ludo sait qu’un homme l’a séduite, envoûtée au point de la rendre folle, au point de la pousser au suicide après avoir vidé son compte en banque. Mais on ne peut rien faire contre ces salauds qui utilisent la fragilité des gens à leur profit. Quoique …

Du poison dans la tête, c’est ce que la jeune Ophélie, officier de police à la brigade financière, subit. Elle veut à tout prix rejoindre la brigade criminelle et rien ne l’arrêtera. Elle s’entraîne sans arrêt, est dure au mal et prête à tout, même au pire. Elle est même prête à forcer le destin pour améliorer le sien.

Du poison dans la tête , c’est surtout un roman foisonnant, qui mêle et entremêle les intrigues, les personnages, avec un centre un assassin qui manipule les jeunes femmes, les forçant à se consacrer uniquement à lui, à rejeter ses amis, sa famille. Puis, quand le piège est fermé, il suffit juste d’une petite poussée vers l’irréparable. C’est l’un des thèmes qu’exploite ici Jacques Saussey, cette nouvelle forme de crime contre lequel on ne peut rien, puisque la police ne peut conclure qu’à un suicide.

Mais il y aura aussi le thème de la difficulté du passage à l’adolescence, les bagarres de cour de récréation qui tournent au harcèlement et contre lequel les parents ne peuvent rien. Il y aura aussi les difficultés des parents adoptifs aussi, qui doivent élever un enfant comme le leur et qui se retrouvent en difficulté devant le retour de la vraie mère. Il y aura le thème de la justice, portée à mal devant les intrigues imaginées par Jacques Saussey, quand il poste ses personnages devant des situations inextricables. Et bien d’autres encore.

C’est un roman foisonnant, passionnant aussi, parce que tout ce qu’écrit Jacques Saussey peut se passer, parce que nous avons tous des problèmes à résoudre, et qu’il n’y a pas de solution simple. C’est surtout un roman qui m’a impressionné par sa maîtrise et aussi par ses aspects psychologiques. Je m’explique : Il est juste incroyable d’être capable de passer d’un personnage à l’autre et d’écrire des réactions aussi crédibles. Avec sa dizaine de personnages, ce sont plus d’une dizaine de psychologies à construire, et à nous faire ressentir. C’est un sacré coup de maître !

Du poison dans la tête. Si c’est le titre du nouveau roman de Jacques Saussey, c’est aussi le venin qui parcourra vos veines pendant sa lecture. On vit avec chaque personnage et, si on n’est pas forcément d’accord avec leurs choix, on les comprend et on les suit avec beaucoup de compassion. C’est un sacré roman, émotionnellement fort du début jusqu’à la fin. C’est un des romans indispensables de 2019.

Les enquêtes de Daniel Magne et Lisa Heslin sont les suivantes :

De sinistre mémoire

Quatre racines blanches

Colère noire

L’enfant aux yeux d’émeraude

La pieuvre

Ne prononcez jamais leurs noms

7/13

Evidemment, je vous conseille de les lire dans l’ordre !

Opération Requiem de Stanislas Petroski

Editeur : French Pulp

Requiem est de retour et ça fait du bien ! C’est déjà sa cinquième aventure après Je m’appelle Requiem et je t’…, Dieu pardonne, lui pas, Le Diable s’habille en licorne et Requiem pour un fou. Je suis fan, définitivement fan et ce n’est pas ce cinquième tome qui va me faire changer d’avis.

Au début de ce roman, Requiem est sur un bateau, à bord du Sea Shepherd de Paul Watson. Paul Watson, c’est un corsaire moderne, un personnage réel, qui existe vraiment, (si,si) puisqu’il n’ hésite pas à saborder les salauds de braconniers (excusez-moi, je ne trouve pas d’autres mots) qui abattent pour leur plaisir les espèces animales maritimes pour leur plaisir. Vous l’aurez compris, ce roman va parler de protection d’espèces protégées.

Mais comment en est-il arrivé là ? Quelques semaines auparavant, Requiem est appelé dans la somptueuse demeure de Charles-Nicolas de Saint-Bousiers (Celui-là n’existe pas vraiment mais il doit bien exister de par le monde des salauds (Re-désolé) comme lui) pour confesser sur son lit de mort la mère de l’homme en question. Il est conduit par la bonne, une douce Maria, habillée comme d’antan avec la jupe noire et le cordage blanc … Bref !

En fait de lit de mort, Requiem se rend vite compte que la vieille simule et en guise de confession, elle lui offre une demande de service en échange d’un don fabuleux pour le denier du culte. Le service en question consiste à empêcher son fils de nuire, en l’empêchant d’organiser des safaris de chasse mortelle au Kenya. Il n’en faut pas plus pour que Requiem s’engage dans cette lutte contre le braconnage.

Malgré le sujet grave et sérieux, Stanislas Petroski prend le parti d’utiliser l’humour pour en parler. Et en termes d’humour, on est du coté de Frédéric Dard ou de Nadine Monfils. Stanislas Petroski fait preuve d’ailleurs d’une surprenante imagination pour se moquer des gens ou des situations et cela donne un éclat de rire garanti à chaque page. C’est aussi une excellente façon de passer des messages.

Je ne vais pas insister sur l’importance du sujet, ni du fait qu’il faudrait qu’on arrête un jour de fermer les yeux sur ces salauds, pardon connards (j’en profite pour m’excuser de ce nouveau mot grossier) qui parce qu’ils ont de l’argent, s’arroge le droit de massacrer des animaux en voie de disparition, tout ça pour pouvoir exhiber en société une photo ou une tête empaillée.

Comme les précédents, et peut-être encore plus dans celui-là, le scénario est en béton et nous fait voyager sur deux continents (Afrique et Asie). Le but n’étant pas de faire des descriptions des lieux, il ne faut pas s’attendre à être un dépaysement de folie. En échange, on a droit à de formidables scènes et dialogues irrésistibles de drôlerie. Et puis, chaque tête de chapitre porte le nom d’une race d’animal qui va s’éteindre, avec les raisons futiles associées et là, on se dit qu’on l’a bel et bien perdue, la tête.

Opération Requiem, c’est un excellent opus de Stanislas Petroski. Je me demande encore pourquoi on n’a pas proposé un poste de ministre à Stanislas Petroski !

 

Honneur à Jean-Pierre Ferrière

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer cet auteur de polars psychologiques, dont la grande qualité est de mettre en avant des femmes, et quels personnages de femmes. A l’occasion de la réédition de Le dernier sursaut aux éditions Campanile, je vous propose un deuxième roman sorti il y a peu : La Seine est pleine de revolvers.

L’auteur :

Jean-Pierre Ferrière, né à Châteaudun le 4 mars 1933, est un écrivain, scénariste et dialoguiste français.

Lors de son service militaire effectué à Casablanca et Rabat, au Maroc, Jean-Pierre Ferrière écrit des pièces pour Radio Maroc qui sont acceptées et diffusées par cette station. À son retour en France, il répond à une petite annonce publiée par le Figaro et devient ainsi le secrétaire, pendant près d’un an, de Brigitte Bardot.

Une amie fait lire à Frédéric Ditis ses pièces « marocaines ». Enthousiasmé, ce dernier convoque Jean-Pierre Ferrière et lui propose assez rapidement un contrat. Jean-Pierre Ferrière abandonne d’abord Brigitte Bardot, puis commence la rédaction d’un manuscrit lequel, terminé, est remis à Frédéric Ditis. La réaction de l’éditeur est mitigée, mais devant tant d’intransigeance de l’auteur, il se résigne à publier en 1957 Cadavres en solde, avec une magnifique couverture signée Gianni Benvenuti. Le succès est immédiat, avec 50000 exemplaires vendus en quelques semaines et de nombreuses lettres de lecteurs demandant une suite aux aventures des hilarantes héroïnes Blanche et Berthe Bodin, deux sœurs et vieilles filles septuagénaires qui habitent Orléans. Au total, la série comptera 7 romans.

Pour la série radiophonique Les Maîtres du mystère, Ferrière crée le personnage d’Évangéline Saint-Léger, une séduisante bourgeoise de 38 ans, qui joue au détective avec un flair remarquable. L’héroïne apparaît également dans une série de quatre romans.

Après la disparition de la collection La Chouette, Ferrière passe au Fleuve noir dans la collection Spécial Police où il écrit des suspenses qui ont pour cadre la ville imaginaire de Châtignes, avant de migrer hors collection pour signer « des romans psychologiques et criminels se situant dans les milieux du cinéma et du show-business.

(Source : Wikipedia adapté par mes soins)

Le dernier sursaut :

Editeur : Campanile éditions

Depuis que Pauline a perdu l’amour de sa vie, elle s’est renfermée sur elle-même et cherche à se faire oublier. Quand on aborde le sujet des vacances, elle s’invente un séjour dans un hôtel de luxe à Juan-les-pins, auprès de ses collègues de travail dans l’entreprise de documentation photographique. Sa situation se corse quand son collègue Jean-Marc lui demande l’adresse de son hôtel pour y passer lui aussi des vacances au bord de la mer.

Entre se rendre ridicule et prendre sur soi, elle décide d’aller rendre visite à Jean-Marc pour lui révéler la supercherie, qu’en fait de chambre dans un hôtel de luxe, il s’agit d’une pièce en sous-sol dont elle bénéficie à bas prix. Elle s’arrange pour trouver son adresse, entre dans l’immeuble et trouve la porte de Jean-Marc ouverte. En pénétrant dans le salon, elle découvre son cadavre. Ceci va être le déclic de son émancipation.

Une nouvelle fois, Jean-Pierre Ferrière va nous épater avec ce roman à la fluidité évidente et à l’intrigue surprenante. Au premier plan, nous avons un portrait de femme tel que cet auteur sait nous les construire. Cette cinquantenaire, qui a subi un drame dans sa jeunesse, a décidé de se replier sur elle-même. Ce meurtre va la réveiller, la révéler au monde. Elle a en effet perdu son amant, son amour de jeunesse. Alors qu’elle était enceinte à l’époque, elle va faire une fausse couche et perdre son futur enfant.

Comme son personnage, l’histoire va se dévoiler, s’ouvrir et en même temps se complexifier, avant de devenir une croisade envers l’injustice et l’impunité des riches. Publié initialement au Fleuve Noir sous le numéro 2030, il est amusant d’y voir une réactualisation aussi bien vis-à-vis des moyens de communication actuels (les portables) que de Pôlemploi. Ceci donne un roman psychologique sans faille, passionnant de bout en bout avec un retournement de situation final fort bien trouvé. Très bon !

Ne ratez pas l’avis de l’Oncle Paul

La Seine est pleine de revolvers

Editeur : French Pulp

Ce roman s’ouvre sur deux couples ; Marion et Vincent d’un coté, Fanny ey Edouard de l’autre. Ils sont inséparables, et on pourrait croire qu’ils font ménage ensemble. Edouard décide d’ouvrir sa société de publicité, puisqu’il est créatif et Marion lui trouve un nom : Parking. Il l’ouvrira avec son ami Vincent qui a des qualités de vendeur. Marion et Fanny rêvent de se débarrasser de leur mari respectif. Des morts vont parsemer le chemin des deux femmes, dont un accident de voiture puis le père de Vincent. La perspective de l’héritage va décider les deux jeunes femmes.

Voilà une illustration du meurtre parfait, ou devrais-je dire des meurtres parfaits, puisqu’ils vont se succéder tout au long des 367 pages. Avec un style littéraire, non dénué de dérision, Jean Pierre Ferrière va nous écrire une histoire de femmes fortes qui prennent en main leur destin quitte à aller à des extrémités meurtrières.

Pour avoir lu plusieurs romans de cet auteur, celui-ci sort de l’ordinaire, puisque c’est l’histoire qui passe au premier plan, et surtout ce scénario qui fait penser à L’inconnu du Nord Express de Patricia Highsmith tout en étant bien différent. Il ne faut pas s’attendre à de l’action à toutes les pages, mais plutôt à une intrigue alambiquée où l’itinéraire des deux femmes n’est qu’une partie de l’histoire. Personnellement j’y ai trouvé quelques passages un peu longs même si le scénario est bigrement bien tourné.

Ne ratez pas l’avis du regretté Claude 

La compagnie des glaces tomes 11 et 12 de GJ.Arnaud

Editeur : French Pulp

Les éditions French Pulp ont décidé de rééditer la saga de science fiction de Georges-Jean Arnaud, en regroupant les romans par deux. Il s’agit, je crois, de la plus grande saga de science fiction jamais écrite puisqu’elle comporte 63 romans. Voici mon avis sur les tomes 11 et 12.

Les fous du soleil :

Alors qu’il a été kidnappé par Lady Diana, la propriétaire de la compagnie Panaméricaine, Jdrien se retrouve occupé par des nounous qui sont chargés de le surveiller. Il en profite pour développer ses dons de médium et de télékinésie. De leur coté, le peuple roux a retrouvé la dépouille de Jdrou, la mère de Jdrien et amante de Lien Rag, et l’emmène à travers la banquise atlantique pour retrouver leur messie.

Les rénovateurs du soleil continuent à mettre en place leur projet fou de percer la couche de poussière lunaire à l’aide d’un laser et le Kid, qui a construit sa compagnie sur une banquise se voit obligé de s’allier avec Lien Rag pour trouver des solutions, sous peine de voir son empire être englouti sous les flots.

Si le début du roman est foisonnant, passant d’un personnage à l’autre, d’un lieu à l’autre, et qu’il fait penser à une mise en place d’un gigantesque échiquier, la suite du roman tourne vite au roman catastrophe, avec la température qui grimpe et niveau des eaux qui monte inexorablement. Voilà une nouvelle fois un tome qui, s’il n’a pas un rythme fou, offre un suspense prenant, d’autant plus que l’on s’est attaché avec les personnages.

Cancer Network :

Après les 8 jours de la catastrophe du précédent tome, les compagnies se reconstruisent. Jdrien, qui a trouvé refuge auprès d’un minier de fond, retrouve la diplomate Yeuse, et décide de prendre la route pour retrouver la dépouille de sa mère. Lien, inquiet pour son fils et du culte dont il fait preuve, veut trouver les origines du peuple Roux, et ainsi couper court à toute légende de messie. Il se dirige donc vers Vatican II, tenu par les néo-catholiques, le lieu où sont conservées toutes les archives de l’ancien monde.

Prenant une construction habile et habituelle qui consiste à alterner les chapitres entre les différents personnages, Georges Jean Arnaud nous construit une intrigue plus calme, tout en avançant ses pions. On a vraiment l’impression de voir se dérouler sous nos yeux une partie d’échecs où chacun avance prudemment en direction de l’ennemi, sans toutefois savoir ce qui va les attendre.

Le grand moment de ce roman, c’est bien évidemment la visite de Vatican II, gigantesque cité immensément riche, qui abrite toutes sortes de trafics et commerces dont celui des Roux. Derrière leur voile de religion, les ventes de Roux s’apparentent à des commerces d’animaux alors que dans les sous-sols, dorment les livres contenant la vérité sur ce peuple. Comme un retour en arrière qui s’apparente à la traite des noirs. Mais ceci est une autre histoire …

Du polar certes mais en humour !

Depuis San Antonio et peut-être même avant, il n’est pas interdit de lire un polar et de se marrer comme une baleine. On y trouve de tout, des intrigues décalées au style humoristique. Et quoi de mieux que de passer un bon moment en souriant voire en riant. Je vous pose deux exemples d’excellents romans qui viennent de sortir :

Laisse tomber de Nick Gardel

Editeur : Editions du Caïman

Comment être indifférent au sous-titre de ce roman : « Petit manuel de survie en milieu grabataire. » ?

Antoine Spisser a la quarantaine et est rentier, au sens où ses parents lui ont laissé un beau petit pactole à leur mort. A force de ne rien faire d’autre que manger et regarder des films, Antoine s’est retrouvé obèse. Il ne sort donc que très peu de son appartement, situé dans un petit immeuble, au fond d’une impasse. Il faut dire que ses voisins ne sont pas motivants, puisque cet immeuble n’est peuplé que de personnes âgées ?

Quand le roman s’ouvre, notre Antoine se retrouve en équilibre sur la façade de l’immeuble, à presque 10 mètres du sol. Mais pourquoi est-il là ? Si je vous dis que c’est à cause de ses voisins ? Vous y croyez ? Si j’ajoute que c’est à cause d’un lustre tombé en panne ? Dit comme ça, cela peut sembler farfelu. Eh bien ça l’est ! En voulant rendre service, Antoine se retrouve pris dans un engrenage … comique.

Nick Gardel, c’est un auteur que j’aime beaucoup pour sa faculté à créer des situations comiques, entre burlesque et cynisme, sans oublier de bons jeux de mots. C’est dire s’il maîtrise toutes les facettes de l’humour. Mais avec ce roman-là, il s’est dépassé autant dans l’histoire que dans sa façon de la construire. Ce roman, c’est du pur plaisir de lecture du début à la fin, que l’on pourrait résumer par : un fainéant au pays des ignobles vieux.

Construit comme un huis clos, nous avons une situation d’un drôle irrésistible : ce gros échalas malhabile de ses dix doigts, se retrouve dans une position inextricablement noire. Les descriptions des personnages sont de grands numéros, proches de ce qu’a écrit San Antonio, et le cynisme de ce qui se passe dans cet immeuble proche de ce qu’a écrit Thierry Jonquet. Plus le roman va avancer, plus Antoine va s’enfoncer et plus cela va devenir drôle. Et cerise sur le gâteau : c’est remarquablement bien écrit ! Je vous livre un des nombreux passages irrésistibles du roman :

« Orsini est la caricature du vieillard. Voûté, la peau parcheminée et plissée comme un lit défait, il a dans les yeux une éternelle tristesse qu’aucun sourire ne pourra jamais totalement effacer. Son front a gagné la lutte de terrain sur sa chevelure blanchie, qui se retire néanmoins dignement dans l’arrière-pays de son crâne. Ses lobes d’oreilles accusent les ans, dévorés par la broussaille, tandis qu’un nez large s’épate entre rides et poches, ombrant des lèvres fines sans teinte. »

Ce roman, c’est à mon avis son meilleur à ce jour (du moins de ceux que j’ai lus)

Requiem pour un fou de Stanislas Petrosky

Editeur : French Pulp

Fan du Grand Johnny Hallyday, ce roman est fait pour toi !

Requiem, c’est Esteban Lehydeux, un prêtre exorciste d’un genre particulier : il file un coup de main aux flics pour résoudre des meurtres, mais il débarrasse aussi la société de nuisibles excités du bulbe, tels que les racistes ou les extrémistes. Après Je m’appelle Requiem et je t’…, Dieu pardonne, lui pas, et Le diable s’habille en licorne, voici donc la quatrième enquête de notre curé préféré.

Alors qu’il est à Paris pour donner un coup de main à une association œuvrant pour les SDF, Magdalena, il s’apprête à recevoir son amie Cécile pour lui faire découvrir les charmes de la Capitale et plein d’autres choses. Régis Labavure, commissaire et ami de Requiem va gâcher ce week-end en lui signalant un meurtre à la mise en scène étrange : Le corps a été torturé, un extrait de la bible est inscrit au mur mâtiné d’une chanson de Johnny Hallyday et surtout, un exemplaire du précédent roman de Requiem trône à côté du corps. De quoi mettre la puce (et autre chose) à l’oreille ! D’autant plus que ce corps n’est que le premier d’une longue série. Et à chaque corps, on retrouve un roman relatant les aventures de Requiem.

Que n’ai-je pas encore dit sur cette série ? Sous couvert de déconnade, Stanislas Pétrosky nous concocte de vrais scénarii menés tambour battant avec des personnages hauts en couleur. En termes d’humour, on est plutôt du côté de Frédéric Dard, ou de Nadine Monfils (qui signe la préface, truculente comme d’habitude). Et on rit de bon cœur, quasiment à chaque page. En ce moment, j’aime mettre des extraits, alors en voici un :

« C’est ça mon souci à l’heure actuelle, j’ose plus … je ne sais plus comment faire. Pas pour mater un cul, non pour vivre. Tiens, toi qui es du sexe mâle, célibataire, en recherche d’une nana, pour la vie ou pour une nuit. Comment tu fais maintenant ? Quand j’en vois certaines, moi, j’ai peur, tu vas pour draguer gentiment, et paf, un procès sur le coin du museau … On vit une drôle d’époque. Entre les mecs trop lourds, qui mériteraient une bonne claque dans la gueule, voire un coup de genou dans les aumônières, et les filles qui, dès qu’on tend un semblant de regard sur elles, se mettent à hurler au viol, va falloir trouver le juste milieu. Moi, je me permets de vous dire que vous êtes mal barrés pour vivre de belles histoires d’amour si vous ne redressez pas la barre rapidement … »

Requiem n’est pas seulement un personnage drôle ; il dit aussi des choses importantes sur les travers de notre société, il présente le sort des SDF, des abîmés de la vie que l’on délaisse au bord du trottoir, en fermant les yeux. Bref, ce tome-là ne dénote pas par rapport aux autres, c’est de la lecture distrayante et intelligente, qui secoue les neurones pour qu’on se bouge. Bref, une lecture à ne pas rater !

La compagnie des glaces tomes 9 et 10 de GJ.Arnaud

Editeur : French Pulp

Les éditions French Pulp ont décidé de rééditer la saga de science fiction de Georges-Jean Arnaud, en regroupant les romans par deux. Il s’agit, je crois, de la plus grande saga de science fiction jamais écrite puisqu’elle comporte 63 romans. Voici mon avis sur les tomes 9 et 10.

Le réseau de Patagonie :

La compagnie Panaméricaine, à travers sa principale actionnaire Lady Diana, continue son rêve fou de construire un gigantesque tunnel souterrain sous-terrain Nord-Sud. Pour cela, elle a besoin d’énergie et décide d’arrêter d’alimenter les compagnies éloignées en électricité, entraînant des milliers de morts. Sa nouvelle idée est de faire brûler les corps pour créer de l’électricité.

De son coté, le Kid continue à développer sa compagnie rebelle, la Compagnie de la Banquise. Il est persuadé que le volcan Titan lui permettra d’obtenir toute l’énergie dont il a besoin ainsi qu’un bras de levier sur la Panaméricaine. Il ne veut toujours pas rendre Jdrien, le fils de Lien Rag, à son père et veut intégrer les Roux dans sa compagnie. Lien Rag, quant à lui, découvre peu à peu les horreurs dont est capable Lady Diana.

Depuis deux tomes, c’est avec un nouvel élan que l’on découvre dans La Compagnie des glaces. Mettant au premier plan ses personnages, GJ.Arnaud développe ses thèmes de la folie des hommes, de la création d’une civilisation, du besoin en énergie et les différents axes gérant la géopolitique de ce nouveau monde. Si Jdrien le nouveau messie est un peu au second plan, il n’en reste pas moins prometteur pour la suite de l’aventure. C’est une nouvelle fois un tome passionnant même s’il se termine un peu vite à mon gout ;

Les voiliers du rail :

Alors qu’il a échappé à la mort lors de l’effondrement d’un glacier, Lien Rag se retrouve errant, cherchant à retrouver la civilisation pour dénoncer Lady Diana d’avoir assassiné les membres de la commission. Il rencontre sur son chemin une tribu d’hommes roux, circulant sur des voiliers à la recherche du corps de son ex-femme Jdrou, morte en martyr. Lien Rag se retrouve donc encore une fois en cavale, en lutte contre la Panaméricaine.

De son coté, le Kid continue à construire sa compagnie de la banquise, se rendant compte petit à petit de la puissance qu’il a entre les mains avec l’exploitation du volcan Titan. Il est sur tous les chantiers, entre la création d’écoles, d’universités, d’une monnaie indépendante du dollar, la Calorie, mais aussi l’exploitation du soufre, qui pourrait bien lui donner un excellent bras de levier contre la surpuissante Panaméricaine. Malheureusement, Jdrien disparaît. Il semblerait qu’il ait été enlevé …

Une nouvelle fois, ce tome est époustouflant. De la dimension géopolitique aux rebondissements touchant chaque personnage, on suit cette aventure avec passion. Le style est d’une simplicité et d’une fluidité qui en font un pur plaisir de lecture. L’auteur a créé tellement de pistes dans son intrigue, cela part tellement dans tous les sens que l’on a du mal à imaginer comment cela va tourner. Cette incertitude laisse le lecteur sur des charbons ardents, qui donne envie de se replonger immédiatement dans la suite.

J’ajouterai juste un dernier mot quant à l’aspect visionnaire de ce roman. Avec le recul, 37 ans plus tard, on se rend compte de la justesse de la vision futuriste du monde. On peut comparer la création de la Calorie avec celle de l’Euro, le sort des Hommes Roux avec n’importe quelle population ayant subi les guerres, et le commerce du soufre ou le besoin en énergie avec la course au pétrole ou à l’électricité. Je me demande même si Lady Diana n’aurait pas des airs de Trump. On a l’impression de lire Nostradamus, tant tout y est juste. C’est juste flippant !