Editeur : Sonatine (Grand Format) / Livre de Poche (Format Poche)
Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.
Il m’aura fallu dix ans avant d’ouvrir ce roman que je conservais pour une bonne occasion. Je n’ai pas voulu regarder le film Gone Girl de David Fincher ce qui m’a permis de conserver la surprise de l’intrigue.
L’auteure :
Gillian Flynn, née le 24 février 1971 à Kansas City, est une scénariste et romancière américaine, spécialisée dans le roman policier.
Quand elle était jeune, Gillian Flynn aimait regarder des films comme Alien, Bonnie et Clyde et Psychose, avec son père qui était professeur de cinéma.
Elle fait des études supérieures à l’université du Kansas, qu’elle poursuit à l’université Northwestern, où elle obtient une maîtrise en journalisme. Elle désire devenir reporter d’affaires criminelles, mais comprenant qu’elle n’a guère les qualités pour cet emploi, elle travaille plutôt comme critique littéraire au magazine américain Entertainment Weekly durant une dizaine d’années. Au cours de cette période, elle épouse Brett Nolan, dont elle a un fils.
Sa carrière littéraire s’amorce en 2006 avec la publication d’un premier thriller intitulé Sur ma peau (Sharp Objects). Son troisième roman, Les Apparences (Gone Girl), une immersion dans l’intimité d’un couple de New-Yorkais partis s’installer dans le Missouri, lui vaut une reconnaissance internationale. Toutefois, à la parution du roman, certains critiques accusent Gillian Flynn d’être misogyne en raison des descriptions peu flatteuses dont sont souvent affublés les personnages féminins de ses livres. L’auteur a répondu à ces commentaires en déclarant qu’elle estime que : « C’est avoir une très petite vision de ce qu’est vraiment le féminisme […] pour moi c’est aussi d’avoir possibilité d’avoir des femmes dans le rôle des méchants personnages ».
Quatrième de couverture :
Amy, une jolie jeune femme au foyer, et son mari, Nick, forment en apparence un couple modèle. Victimes de la crise financière, ils ont quitté Manhattan, leur vie aisée, leur travail dans la presse, pour s’installer dans la petite ville du Missouri où Nick a grandi. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, celui-ci découvre dans leur maison un chaos indescriptible : meubles renversés, cadres aux murs brisés, et aucune trace de sa femme.
L’enquête qui s’ensuit prend vite une orientation inattendue : sous les yeux de la police, chaque petit secret entre époux et autres trahisons sans importance de la vie conjugale prennent une importance inimaginable et Nick devient bientôt un suspect idéal. Alors qu’il essaie désespérément de son côté de retrouver sa femme, celui-ci découvre qu’elle aussi lui dissimulait beaucoup de choses, certaines sans gravité, d’autres bien plus inquiétantes.
Il serait criminel d’en dévoiler davantage tant l’intrigue que nous offre Gillian Flynn recèle de surprises et de retournements. Après Sur ma peau et Les Lieux sombres, la plus littéraire des auteurs de polars, qui dissèque ici d’une main de maître la vie conjugale et ses vicissitudes, nous offre en effet une véritable symphonie paranoïaque, dans un style viscéral dont l’intensité suscite une angoisse quasi inédite dans le monde du thriller.
Mon avis :
Ce roman pourrait s’appeler « la vraie vie de Barbie et Ken » mais Gillian Flynn l’a voulu un peu plus complexe que cela. Nick est journaliste à succès à New-York, Amy compose des quizz à destination des femmes qui veulent savoir ce qu’elles sont. Ils se rencontrent et c’est le coup de foudre. Nick travaille beaucoup, Amy a la chance d’avoir des parents qui connaissent le succès avec une série de bande dessinée appelée « L’épatante Amy ».
Quand la crise financière les touche, ils perdent tous deux leur travail et se replient dans le Missouri natal de Nick. Avec l’argent d’Amy, Nick achète un bar qu’il tient avec sa sœur jumelle Margot. Le cinquième anniversaire de leur mariage approche. Amy a encore dû préparer un fantastique jeu de piste, Nick a encore oublié d’acheter un cadeau. Quand il rentre le soir, Nick s’aperçoit qu’Amy a disparu et l’état de la maison témoigne d’une scène violente.
Gillian Flynn choisit de dédier un chapitre à chacun des protagonistes, Nick puis Amy au travers de son journal intime, rédigés tous deux à la première personne. La force et le talent de l’auteure et de son roman réside dans le fait qu’on croit tout de suite à ces deux personnages. On se pose d’emblée la question : Amy a-t-elle été enlevée ou Nick l’a-t-il tuée ? et petit à petit, le voile se lève sur leur vie de couple apparemment idyllique.
On écoute Nick et Amy raconter leur vie, et on assiste au délitement de leur couple petit à petit. Gillian Flynn nous montre donc l’importance des apparences, l’obligation de faire bonne figure devant les autres, l’imposition par les autres de montrer que l’on est heureux. Et plus les pages tournent plus les petits défauts, les petites déceptions deviennent des obstacles à la vie en rose rêvée, celle d’une Barbie et d’un Ken par exemple.
Cette situation se retrouve exacerbée par l’enquête de la police qui se retrouve perdue devant le peu d’indices et le peu de pistes mais aussi le manque de preuves tangibles face à un Nick mutique, aux réactions étranges. Et quand les médias entrent dans la danse, on fait croire n’importe quoi aux téléspectateurs, certains prenant fait et cause pour Nick, d’autres pour Amy, tout cela pour augmenter leur audience. Parce que, honnêtement, ils n’en ont rien à faire de cette affaire ; la semaine d’après ils en auront une autre.
Vous allez me dire que 700 pages, c’est beaucoup pour une simple disparition. Détrompez-vous ! Quand on sort la tête du livre en se demandant où Gillian Flynn veut nous emmener, elle a l’art de nous sortir un événement qui bouleverse tout, qui renverse le prisme par lequel nous regardions l’histoire. A ce niveau-là c’est du grand art. Même la fin est grandiose. Je vais juste conclure en vous disant que je n’ai jamais été aussi pleinement heureux de m’être fait baladé, banané par un livre. Juste un conseil : lisez le livre avant de voir le film qui s’appelle Gone Girl ! A noter pour ceux qui cherchent une idée de cadeau de Noël et les autres, que les éditions Sonatine sortent une édition COLLECTOR de ce roman pour ses 10 années d’existence.