Ce mois de mars a été un sale mois pour le polar. Je voulais rendre un petit hommage à deux auteurs disparus, dont je reparlerai dans ma rubrique Oldies, que je devrais rebaptiser Hommage pour l’occasion. Abdel Hafed Benotman et Francisco González Ledesma nous ont quittés, avant de voir le printemps.
En ce qui concerne les chroniques, comme tous les ans, j’aurais mis beaucoup d’avis en ligne, car j’avais envie de défendre des romans qui en valent le coup. Commençons par par la rubrique Oldies, avec un formidable roman noir entre exercice de style et critique féroce de la justice. Il s’agit de A coups redoublés de Kenneth Cook (Livre de poche).
En ce mois de mars, j’aurais continué la lecture de séries telles que celle consacrée à Luc Mandoline, thanatopracteur de son état, édité par L’atelier Mosesu. Les épisodes 3 et 4 se nomment Concerto en lingots d’os de Claude Vasseur et Deadline à Ouessant de Stéphane Pajot. Si ce ne sont pas, à mon gout, les meilleurs de la série, ils ont le mérite de continuer la série et d’offrir des romans divertissants. J’aurais aussi chroniqué la fin de la série de Mémé Cornemuse qui clôt le cycle en forme de fanfare, avec de la bonne humeur au programme et de l’émotion aussi. Tout cela est à découvrir dans Maboul Kitchen de Nadine Monfils (Belfond).
Vous connaissez mon intérêt, voire ma passion pour les premiers romans. Ce mois-ci, deux nouveaux auteurs sont à ajouter à ma liste personnelle. Les Belges reconnaissants de Martine Nougué (Editions du Caïman) est un roman policier dans la plus pure tradition, qui se démarque par son acuité dans l’observation de la vie d’un village. Même pas morte ! de Anouk Langaney (Albiana) quant à lui est un fantastique roman noir humoristique sur une mémé flingueuse à qui on annonce qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Ces deux auteures sont à suivre de près, foi de Black Novel.
Au niveau des découvertes, deux romans m’auront emballé. Le premier, Qui veut la peau d’Andreï Mladin ? de George Arion (Genèse éditions), est un pur polar, le genre de roman pour lequel on lit ce genre de littérature, drôle du début à la fin, mais pas seulement : écrit sous Ceaucescu, c’est, avec du recul, un brulot passé entre les mailles de la censure que nous avons la chance de découvrir. L’autre roman, c’est une sacrée surprise : il s’agit de L’homme de la montagne de Joyce Maynard (Philippe Rey). Et là, il s’agit d’un roman écrit comme une autobiographie qui raconte l’adolescence de la fille d’un flic. C’est bouleversant tellement c’est beau, tellement c’est triste.
Enfin, il y a les auteurs que j’aime et que je suis à chacune de leurs publications : il y eut Les neuf cercles de RJ.Ellory (Sonatine) où j’ai enfin retrouvé ce style hypnotique que j’aime tant, qui pourrait m’emmener n’importe où. Il y eut Première station avant l’abattoir de Romain Slocombe (Points) où Romain Slocombe nous montre à nouveau son savoir faire dans la construction d’intrigues solides avec un contexte historique fort. Enfin il y eut L’archange du chaos de Dominique Sylvain (Viviane Hamy), où Dominique Sylvain nous introduit un nouveau couple d’enquêteurs dans une traque de serial killer, à la fin de laquelle on ne souhaite qu’une chose : lire la suite.
Le titre du chouchou du mois, même s’il fut bien difficile à choisir, revient donc à Le chemin s’arrêtera là de Pascal Dessaint (Rivages) pour ce portrait désenchanté et foncièrement pessimiste. Mais il y a une beauté dans ce désespoir, celui du style de l’auteur et de la bassesse de ses personnages.
Après ce mois plein de lectures réjouissantes, je vous donne rendez vous le mois prochain. D’ici là, n’oubliez pas le principal, lisez !