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Oldies : La mort, entre autres de Philip Kerr

Editeur : Editions du masque (Grand Format) ; Livre de Poche (Format Poche)

Traducteur : Johan-Frédérik Hel Guedj

Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.

Parmi les séries de détective privé, celles de Bernie Gunther font partie des incontournables. Bien que n’ayant pas (encore) tout lu, j’avais prévu dès le début de l’année de lire ce quatrième tome qui se situe en 1937 et 1949.

L’auteur :

Philip Ballantyne Kerr, né le 22 février 1956 à Édimbourg (Écosse) et mort le 23 mars 2018 à Londres, est un auteur britannique de roman policier et de littérature d’enfance et de jeunesse.

Philip Kerr étudie à l’université de Birmingham de 1974 à 1980 et obtient des diplômes de maîtrise en droit et en philosophie. Il travaille un temps comme rédacteur publicitaire pour l’agence Saatchi and Saatchi avant de devenir journaliste indépendant, puis écrivain de romans policiers en 1989. Le succès de sa Trilogie berlinoise (Berlin Noir), ayant pour héros Bernhard Gunther, un enquêteur privé surnommé Bernie, dont les aventures ont pour cadre l’Allemagne nazie, le pousse à se consacrer à l’écriture à temps plein. Alors qu’il avait annoncé la fin de Gunther après la publication de la trilogie, il lui consacre de nouvelles aventures à partir de 2006.

En 2015, avec Le Mercato d’hiver (January Window), il entame un nouveau cycle ayant pour héros un entraîneur de football, Scott Manson.

À l’occasion, il publie des articles pour le Sunday Times, l’Evening Standard et le New Statesman. Envoyé spécial de la BBC à Moscou en 1994, il peut suivre pendant trois semaines une enquête du chef de la police de Saint-Pétersbourg. À son retour au Royaume-Uni, il en tire un roman de procédure policière sur la mafia russe intitulé Chambres froides (Dead Meat).

Trois de ses romans, qui se déroulent dans un futur proche, sont des réquisitoires contre la déshumanisation d’une société envahie par l’informatique : Une enquête philosophique (A Philosophical Investigation, 1992), La Tour d’Abraham (Gridiron, 1995) et Le Sang des hommes (The Second Angel, 1998).

Sous la signature P. B. Kerr, il poursuit également la publication à partir de 2004 d’une série pour la jeunesse, Les Enfants de la lampe magique (Children of the Lamp).

Philip Kerr résidait à Londres avec sa femme, Jane Thynne, également écrivain, et leurs trois enfants. Il meurt des suites d’un cancer le 23 mars 2018, à l’âge de 62 ans.

Quatrième de couverture :

1949. Munich rasée par les bombardements et occupée par les américains se reconstruit lentement. Bernie Gunther aussi : redevenu détective privé, il vit une passe difficile. Sa femme meurt, il a peu d’argent et surtout, il craint que le matricule SS dont il garde la trace sous le bras ne lui joue de sales tours. Une cliente affriolante lui demande de vérifier que son mari est bien mort, et le voici embarqué dans une aventure qui le dépasse. Tel Phil Marlowe, et en dépit de son cynisme, Gunther est une proie facile pour les femmes fatales. L’Allemagne d’après-guerre reste le miroir de toutes les facettes du mal et le vrai problème pour Gunther est bientôt de sauver sa peau en essayant de sauver les apparences de la morale. Atmosphère suffocante, hypocrisies et manipulations, faits historiques avérés façonnés au profit de la fiction : du Philip Kerr en très grande forme.

Mon avis :

On peut être surpris par ce prologue qui fait plusieurs dizaines de pages et qui nous projette en 1937. Bernie plonge dans une combine qui, sous couvert de pousser à l’émigration des juifs en Palestine via la création de sociétés dans lesquelles certains pontes nazis auraient des parts. Bien entendu, la situation se complique quand la Gestapo demande à Bernie d’espionner les membres du ministère des affaires juives du SD. Lors de ce voyage, il côtoiera Adolf Eichmann.

1949, Dachau, près de Munich. Bernie doit s’occuper de l’hôtel familial pendant que sa femme Kirsten agonise à l’hôpital. Dans cette période trouble, il a l’idée de revenir à son travail de détective privé et se spécialise dans la recherche de personnes disparues. Une belle cliente Britta Warzok lui demande de retrouver son mari pour lui permettre de se remarier selon les exigences de l’église.

Je retrouve cet énorme plaisir avec cette lecture de Philip Kerr et ce quatrième tome dans l’ordre de parution. Comme d’habitude, on y trouve une documentation riche et détaillée sans pour autant « jouer » au professeur. On voit ici une Allemagne pressée de tourner la page, prête à pardonner, pour arrêter ces condamnations à mort qui la handicapent pour leur futur.

On y trouve des Allemands penauds, honteux et d’autres qui ne renient pas leurs effroyables actes. Mais au milieu de ce peuple dont chacun veut sauver sa vie, qui dit la vérité ? Alors, Philip Kerr nous montre les organisations organisant la fuite des nazis vers l’Amérique du Sud, dont le réseau ODESSA mais aussi l’église et la Croix Rouge. Evidemment, il nous parle des camps, nous cite des horreurs inimaginables et nous fait découvrir les brigades du Nakam, commando juif qui s’est donné pour mission de tuer les nazis hors de toute justice.

Mais ce roman est aussi et avant tout un gigantesque polar, dans lequel on se laisse emmener par un Bernie plein d’humour, sorte de seule possibilité d’oublier le passé de ses congénères (même si on apprend qu’il n’est pas totalement innocent). Le choc en devient d’autant plus violent quand on découvre la machination dont il est l’objet. Un grand, très grand roman.

Mako de Laurent Guillaume

Editeur : Nouveaux Auteurs (Grand Format) ; Livre de Poche (Format Poche)

Pour être totalement franc, je n’ai pas lu assez de romans de Laurent Guillaume. J’avais beaucoup aimé son dernier roman et je l’avais rencontré il y a une dizaine d’années lors d’une rencontre à la FNAC. Il m’avait dit vouloir devenir un vrai auteur avec un ton personnel. Laurent avait tiqué quand je lui avais acheté Mako, argumentant qu’il y trouvait plein de défauts. Mais comme j’aime lire les premiers romans, je me suis lancé dans le premier tome de la trilogie consacrée à ce flic borderline Mako.

Plutôt que de réviser ses partiels ou de passer une bonne nuit, Lily a choisi de se divertir dans une boite de nuit. Alors qu’elle rentre chez elle à pied, elle entend un gros 4×4 qui roule lentement. Prise de panique quand une porte s’ouvre elle tente de fuir ais un homme la traine dans une école, la frappe puis la viole.

A bord d’une voiture banalisée, l’équipe de la BAC47 arpente les rues de Paris. En tant que chef de groupe, Mako prend l’appel signalant une incursion dans une école maternelle et demande à Bill le chauffeur de se rendre rapidement sur place. Le troisième du groupe, Papa, futur retraité va aider Mako dans l’intervention. Ils arrivent trop tard mais arrêtent tout de même le violeur, un dénommé Vloran Vidic en flagrant délit.

Dans un premier temps, Lily refuse de porter plainte avant de changer d’avis. Vidic quant à lui, est remis en liberté par la juge. Mako sait dès lors que Lily se retrouve en danger de mort. Il va enquêter de son côté auprès de la société de protection qui l’emploie, alors qu’il se murmure une prochaine grosse livraison de drogue sur Paris.

Comme je le dis souvent, il faut prendre ce roman comme une curiosité tant Laurent Guillaume écrit aujourd’hui des romans plus maitrisés et mieux écrits. On peut effectivement pointer les défauts d’un premier roman comme cette volonté d’être trop explicite ou certaines expressions ampoulées qui prêtent à sourire ou encore les rebondissements finaux qui m’ont semblé inutiles tant le personnage de Mako se suffit à lui-même, sans en rajouter sur la situation de sa femme.

Mais ce roman regorge aussi de qualités et elles sont nombreuses. On commencera par les personnages, piliers centraux de l’intrigue. Ils vont tous être parfaitement reconnaissables, du côté des méchants ou des gentils et Laurent Guillaume évite la caricature en restant parfaitement juste dans ses descriptions. Ce sont eux aussi qui aident à tenir l’intrigue qui par conséquence apparait très bien construite.

Malgré quelques maladresses de style dont j’ai parlé ci-dessus, j’ai été surpris de l’aisance à créer des décors et des scènes imagées et très cinématographiques. J’ai trouvé remarquables la gestion des scènes d’action et surtout la façon qu’a Laurent Guillaume de nous faire ressentir toute la rage et la hargne qui anime le personnage de Mako tout au long de son enquête. Mako se lit donc comme un roman prometteur.

Les apparences de Gillian Flynn

Editeur : Sonatine (Grand Format) / Livre de Poche (Format Poche)

Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.

Il m’aura fallu dix ans avant d’ouvrir ce roman que je conservais pour une bonne occasion. Je n’ai pas voulu regarder le film Gone Girl de David Fincher ce qui m’a permis de conserver la surprise de l’intrigue.

L’auteure :

Gillian Flynn, née le 24 février 1971 à Kansas City, est une scénariste et romancière américaine, spécialisée dans le roman policier.

Quand elle était jeune, Gillian Flynn aimait regarder des films comme Alien, Bonnie et Clyde et Psychose, avec son père qui était professeur de cinéma.

Elle fait des études supérieures à l’université du Kansas, qu’elle poursuit à l’université Northwestern, où elle obtient une maîtrise en journalisme. Elle désire devenir reporter d’affaires criminelles, mais comprenant qu’elle n’a guère les qualités pour cet emploi, elle travaille plutôt comme critique littéraire au magazine américain Entertainment Weekly durant une dizaine d’années. Au cours de cette période, elle épouse Brett Nolan, dont elle a un fils.

Sa carrière littéraire s’amorce en 2006 avec la publication d’un premier thriller intitulé Sur ma peau (Sharp Objects). Son troisième roman, Les Apparences (Gone Girl), une immersion dans l’intimité d’un couple de New-Yorkais partis s’installer dans le Missouri, lui vaut une reconnaissance internationale. Toutefois, à la parution du roman, certains critiques accusent Gillian Flynn d’être misogyne en raison des descriptions peu flatteuses dont sont souvent affublés les personnages féminins de ses livres. L’auteur a répondu à ces commentaires en déclarant qu’elle estime que : « C’est avoir une très petite vision de ce qu’est vraiment le féminisme […] pour moi c’est aussi d’avoir possibilité d’avoir des femmes dans le rôle des méchants personnages ».

Quatrième de couverture :

Amy, une jolie jeune femme au foyer, et son mari, Nick, forment en apparence un couple modèle. Victimes de la crise financière, ils ont quitté Manhattan, leur vie aisée, leur travail dans la presse, pour s’installer dans la petite ville du Missouri où Nick a grandi. Le jour de leur cinquième anniversaire de mariage, celui-ci découvre dans leur maison un chaos indescriptible : meubles renversés, cadres aux murs brisés, et aucune trace de sa femme.

L’enquête qui s’ensuit prend vite une orientation inattendue : sous les yeux de la police, chaque petit secret entre époux et autres trahisons sans importance de la vie conjugale prennent une importance inimaginable et Nick devient bientôt un suspect idéal. Alors qu’il essaie désespérément de son côté de retrouver sa femme, celui-ci découvre qu’elle aussi lui dissimulait beaucoup de choses, certaines sans gravité, d’autres bien plus inquiétantes.

Il serait criminel d’en dévoiler davantage tant l’intrigue que nous offre Gillian Flynn recèle de surprises et de retournements. Après Sur ma peau et Les Lieux sombres, la plus littéraire des auteurs de polars, qui dissèque ici d’une main de maître la vie conjugale et ses vicissitudes, nous offre en effet une véritable symphonie paranoïaque, dans un style viscéral dont l’intensité suscite une angoisse quasi inédite dans le monde du thriller.

Mon avis :

Ce roman pourrait s’appeler « la vraie vie de Barbie et Ken » mais Gillian Flynn l’a voulu un peu plus complexe que cela. Nick est journaliste à succès à New-York, Amy compose des quizz à destination des femmes qui veulent savoir ce qu’elles sont. Ils se rencontrent et c’est le coup de foudre. Nick travaille beaucoup, Amy a la chance d’avoir des parents qui connaissent le succès avec une série de bande dessinée appelée « L’épatante Amy ».

Quand la crise financière les touche, ils perdent tous deux leur travail et se replient dans le Missouri natal de Nick. Avec l’argent d’Amy, Nick achète un bar qu’il tient avec sa sœur jumelle Margot. Le cinquième anniversaire de leur mariage approche. Amy a encore dû préparer un fantastique jeu de piste, Nick a encore oublié d’acheter un cadeau. Quand il rentre le soir, Nick s’aperçoit qu’Amy a disparu et l’état de la maison témoigne d’une scène violente.

Gillian Flynn choisit de dédier un chapitre à chacun des protagonistes, Nick puis Amy au travers de son journal intime, rédigés tous deux à la première personne. La force et le talent de l’auteure et de son roman réside dans le fait qu’on croit tout de suite à ces deux personnages. On se pose d’emblée la question : Amy a-t-elle été enlevée ou Nick l’a-t-il tuée ? et petit à petit, le voile se lève sur leur vie de couple apparemment idyllique.  

On écoute Nick et Amy raconter leur vie, et on assiste au délitement de leur couple petit à petit. Gillian Flynn nous montre donc l’importance des apparences, l’obligation de faire bonne figure devant les autres, l’imposition par les autres de montrer que l’on est heureux. Et plus les pages tournent plus les petits défauts, les petites déceptions deviennent des obstacles à la vie en rose rêvée, celle d’une Barbie et d’un Ken par exemple.

Cette situation se retrouve exacerbée par l’enquête de la police qui se retrouve perdue devant le peu d’indices et le peu de pistes mais aussi le manque de preuves tangibles face à un Nick mutique, aux réactions étranges. Et quand les médias entrent dans la danse, on fait croire n’importe quoi aux téléspectateurs, certains prenant fait et cause pour Nick, d’autres pour Amy, tout cela pour augmenter leur audience. Parce que, honnêtement, ils n’en ont rien à faire de cette affaire ; la semaine d’après ils en auront une autre.

Vous allez me dire que 700 pages, c’est beaucoup pour une simple disparition. Détrompez-vous ! Quand on sort la tête du livre en se demandant où Gillian Flynn veut nous emmener, elle a l’art de nous sortir un événement qui bouleverse tout, qui renverse le prisme par lequel nous regardions l’histoire. A ce niveau-là c’est du grand art. Même la fin est grandiose. Je vais juste conclure en vous disant que je n’ai jamais été aussi pleinement heureux de m’être fait baladé, banané par un livre. Juste un conseil : lisez le livre avant de voir le film qui s’appelle Gone Girl ! A noter pour ceux qui cherchent une idée de cadeau de Noël et les autres, que les éditions Sonatine sortent une édition COLLECTOR de ce roman pour ses 10 années d’existence.

Les loups de Benoit Vitkine

Editeur : Les arènes – Equinox (Grand Format) ; Livre de Poche (Format poche)

J’avais beaucoup aimé Donbass, roman policier se déroulant en Ukraine dans la zone interdite de Tchernobyl, et j’ai attendu la parution en poche de son roman suivant qui s’attache plus particulièrement aux hautes sphères de l’état ukrainien.

Olena Vladimirovna Hapko, ponte de l’acier ukrainien vient de se faire élire présidente de l’Ukraine avec 52,7% des voix. Le peuple espère un renouveau et croit au message de la nouvelle première dame d’en finir avec la corruption généralisée dans le pays. Elle doit donc se préparer pendant 30 jours pour son investiture officielle.

Avec son surnom de La Chienne, elle est reconnue pour être sans pitié dans les affaires. Elle laisse aussi de côté sa vie privée, se contentant par moments de son jeune garde du corps. Son associé Semion « Grands Mains » est le seul à la connaitre vraiment et à l’avoir suivi depuis plus de trente ans.

Olena doit donc négocier avec les politiques et les riches industriels pour former son gouvernement et insuffler un vent de renouveau. Elle veut surtout tenir à l’écart les oligarques russes qui détiennent le vrai pouvoir dans son pays. Elle doit aussi se prémunir de son passé pas toujours rose et de son argent à l’abri à Chypre, un paradis fiscal pour tous les riches ukrainiens.

Quand l’ambassadeur de Russie lui fait passer un message sous la forme d’un article racontant comment un jeune homme s’est empoisonné avec des noyaux de cerise, elle comprend de suite la menace. Sa société écran porte le nom de Noyau de cerise. Elle va donc essayer de retrouver la seule trace qui peut la rattacher à ce nom de société, qui remonte à son adolescence.

Bâti comme un compte à rebours, le roman de Benoit Vitkine va nous montrer toute la difficulté de ce pays anciennement inclus dans l’URSS pour se détacher de l’influence politique et financière de son géant voisin. On va assister à de nombreuses réunions, à des menaces et des chantages voilés comme autant d’obstacles qu’Olena doit franchir pour espérer mettre son pays sur de nouvelles voies.

Et si Olena nous parait une bonne personne au premier abord, les retours en arrière dans son passé lointain vont nous faire découvrir son côté sombre, sa personnalité sans pitié pour qui oserait se mettre sur son chemin. Loin d’écrire un roman naïf, Benoit Vitkine nous offre une histoire réaliste n’hésitant pas à faire intervenir des personnages réels pour étayer un peu plus son histoire.

On comprend mieux l’histoire de ce pays, gangréné par la Russie, essoré par la corruption, réduit à l’état d’esclave comme tout son peuple. D’ailleurs, Benoit Vitkine, bien qu’il aborde les hautes sphères du pays, n’hésite pas à faire intervenir les travailleurs ukrainiens qui souhaitent un changement dans leur vie de tous les jours, mais pas à n’importe quel prix.

Même si certains passages sont un peu longs, poussifs, j’ai particulièrement apprécié sa façon de montrer le décalage entre les hautes sphères et le peuple, ce qui est particulièrement le cas dans de nombreux pays. Il est à noter aussi que ce roman a été écrit avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Flynn se fâche de Gregory McDonald

Editeur : Mazarine (Grand Format) ; Livre de Poche (Format poche)

Traductrice : Simone Hilling

Si vous n’avez jamais lu Rafael, derniers jours, vous devez vous jeter sur le chef d’œuvre de Gregory McDonald, en gardant en tête que c’est un roman très dur, très violent. A côté de ce roman, Gregory McDonald a écrit deux série. L’une met en place Fletch, un journaliste et l’autre Flynn, un inspecteur de police. J’avais lu quelques romans avec Fletch après avoir vu le film avec Chevy Chase (que j’aime beaucoup). J’en conserve des souvenirs de romans très drôles même si je dois dire que j’en ai oublié les intrigues (cela fait presque 40 ans que je les ai lus). Ce roman m’a permis de découvrir l’inspecteur Flynn.

L’inspecteur Flynn est appelé un dimanche par son chef, Eddy d’Esopo pour lui rendre un service. Il lui fournit un trajet complexe pour rejoindre un endroit isolé, hors de sa juridiction. Et surtout, il devra s’y rendre seul. Il devra laisser en plan son affaire en cours, un délit de fuite où une voiture a renversé un cycliste, ou du moins la gérer par téléphone en laissant son adjoint le sergent Whelan qu’il surnomme Grover prendre les rênes.

Comme il avait entamé une partie d’échecs avec son ami Cocky Concannon, un inspecteur blessé en service et mis en pré-retraite, Flynn décide de l’emmener contre l’injonction de son chef. Après avoir dépassé un village perdu, ils entament la montée d’une colline et arrivent devant un portail gardé comme une zone militaire confidentielle. Les hautes grilles enferment un lieu appelé La canne et le Fusil.

Il s’agit d’un club très fermé de notables, de patrons industriels en passant par des sénateurs candidats potentiels à la présidence en passant par des avocats ou des juges. Cette poignée d’hommes influents ont découvert l’un d’eux assassiné de deux balles mais, pour ne pas être ennuyés par la police, ils ont déplacé le corps dans un hôtel proche situé hors de la propriété en simulant un accident de chasse. Flynn est chargé officieusement de trouver le coupable.

On pourrait donner un sous-titre à ce roman : voyage de Flynn dans le club des puissants. Si les enquêtes de Fletch sont drôles, celle de Flynn que je viens de lire est plus cynique. Il convient de préciser que ce n’est pas sa première enquête. On nous présente Flynn comme un inspecteur qui travaille quand il veut, disparaissant pendant ses heures de service sans justification. Malgré cela, il semble doué et ce mystère va nécessité tout son talent de déduction.

Gregory McDonald, à travers ce huis-clos, nous présente un groupe de puissants qui se croient au-dessus des lois. Il n’hésite pas à grossir le trait, nous détaillant les travers de ces gens que l’on pourrait considérer bien sous tous rapports. Flynn lui-même parait détaché, nonchalant et mène son enquête de façon non conventionnelle. Il faut dire qu’il a les mains liées et que quoi qu’il fasse, les cadavres vont continuer à tomber.

Honnêtement, ce roman est un bon petit polar, un huis-clos qui ressemble plus à une charge contre les puissants de ce monde qu’à une volonté de bâtir une intrigue solide. J’ai lu sur Internet que Gregory McDonald voulait s’engager dans la politique et qu’il avait vu des choses et rencontré des désillusions. Dans ce cadre, ce roman ressemble à une vengeance en bonne et due forme.

La saga Michael Forsythe d’Adrian McKinty

Editeur : Gallimard Série Noire (Grand Format et format poche) ; Livre de Poche (Intégrale en format poche)

Traducteurs : Isabelle Artega et Patrice Carrer

Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.

Attention, coup de cœur !

Adrian McKinty, remarqué pour son thriller La Chaine et sa série ayant pour personnage principal Sean Duffy, inspecteur de police catholique en Irlande, avait commencé sa carrière avec une trilogie mettant en scène Michael Forsythe, un jeune irlandais obligé d’immigrer aux Etats Unis et intégrant la mafia irlandaise. Pour la première fois, un recueil regroupe au format poche les trois tomes de la trilogie, A l’automne, je serai peut-être mort, Le fils de la mort, et Retour de flammes.

L’auteur :

Adrian McKinty, né le 6 août 1968 à Belfast, en Irlande du Nord, est un écrivain irlandais, auteur de roman policier et de littérature d’enfance et de jeunesse.

Il grandit à Carrickfergus, dans le comté d’Antrim (Irlande), sur la côte est de l’Irlande du Nord. Il étudie le droit à l’Université de Warwick, puis les sciences politiques et la philosophie à l’Université d’Oxford.

Au début des années 1990, il déménage aux États-Unis, vivant d’abord à Harlem, le quartier noir de Manhattan, à New York. En 1998, il fait paraître son premier roman intitulé Orange Rhymes With Everything.

À partir de 2001, il s’installe à Denver, au Colorado, où il enseigne l’anglais au secondaire et continue à écrire des fictions. À partir de 2004, il se lance dans le roman noir avec À l’automne, je serai peut-être mort (Dead I Well May Be), premier titre d’une trilogie ayant pour héros Michael Forsythe, un ancien agent du FBI, autrefois responsable de l’arrestation d’un gang de mafieux de Boston et qui tente maintenant de refaire sa vie en Irlande du Nord. Cette trilogie place McKinty parmi les représentants de la nouvelle vague du polar irlandais, aux côtés de Ken Bruen, Declan Hughes et John Connolly. Le journal britannique The Guardian le considère même comme un « maître du roman noir moderne, non loin de Dennis Lehane ». Pourtant, les romans de McKinty rappellent plutôt ceux de James Ellroy, en raison d’un recours fréquent et explicite à la violence, et ceux d’Elmore Leonard pour la présence en filigrane de l’ironie et de l’humour noir dans l’évocation lyrique de ses sombres univers.

En 2012, il amorce une série de romans policiers historiques située pendant les « Troubles » des années 1980 et ayant pour héros le sergent Sean Duffy, un flic catholique en plein Ulster. Dans Une terre si froide (The Cold Cold Ground), le premier titre de la série, peu après le décès de Bobby Sands, deux homosexuels sont assassinés et le meurtrier mutile les cadavres et arrache leur main gauche. Tous les enquêteurs croient qu’il s’agit d’un serial killer, mais Duffy flaire une solution plus paradoxale. Avec le cinquième roman de cette série, Rain Dogs, parue en 2016, il est lauréat du prix Edgar-Allan-Poe 2017 du meilleur livre de poche original.

En parallèle à ses récits criminels, McKinty publie, à partir de 2006, des ouvrages de littérature d’enfance et de jeunesse avec la trilogie The Lighthouse.

A l’automne, je serai peut-être mort :

Michael est un jeune Irlandais peu scrupuleux, qui émigre aux États-Unis. Pour survivre, il entre au service d’un gangster pour le compte duquel il accomplit de sordides missions punitives. Il convoite bientôt la maîtresse de son patron, dont il est tombé amoureux. La belle, qui n’est pas née de la dernière pluie, cède sans résister. Un crime impardonnable ! Devenu soudain l’objet d’une vengeance plus que vicieuse, Michael, avec quelques camarades, se retrouve brutalement plongé en enfer, c’est-à-dire au fond d’une immonde prison mexicaine où la police les jette sur la base d’une accusation fallacieuse. Dans Cette bâtisse construite au milieu d’une jungle marécageuse, l’horreur s’installe, car les conditions de vie s’y révèlent infectes et dangereuses. On les passe à tabac. L’épuisement les gagne. Michael n’a qu’une idée : s’échapper à tout prix pour venger ses amis, dût-il en être à jamais marqué dans sa chair…

Le fils de la mort :

Le Fils de la Mort s’ouvre sur une émeute entre hooligans anglais et irlandais à l’issue d’un match de football en Espagne. En vacances sur place, Michael Forsythe, un ancien malfrat retourné par le FBI ayant permis l’arrestation d’un gang de mafieux bostoniens, est arrêté en marge de ces violences. Alors qu’il risque une lourde peine de prison, une agente des services secrets britanniques du MI6 lui propose un marché qu’il ne peut refuser s’il veut retrouver un jour la liberté. Nous sommes en 1997 et l’IRA est sur le point d’annoncer un cessez-le-feu avec les forces armées britanniques. Le MI6 soupçonne certaines cellules dormantes établies aux Etats-Unis de refuser cet état de fait et de lancer une campagne terroriste sur le sol américain. La mission de Michael est simple : infiltrer les « Fils de Cuchulainn », un groupe de vieux Irlandais en exil basé dans les environs de Boston. Tout semble se passer pour le mieux jusqu’à ce que Michael tombe amoureux de la fille de Gerry McCaghan, le leader du groupe…

Retour de flammes :

Tous ceux qui ont croisé son chemin vous le diront : Michael Forsythe est increvable. Mais cela ne semble malheureusement pas décourager les mauvaises volontés de ses poursuivants qui veulent lui faire la peau depuis qu’il a témoigné une dizaine d’années plus tôt contre la mafia irlandaise de Boston.

Caché par le FBI dans le cadre du programme de protection des témoins, Michael vit sous une fausse identité dans la ville de Lima, au Pérou. Mais Bridget Callaghan, dont il a abattu le fiancé douze ans plus tôt et qui a repris les rênes de la mafia de Boston, a réussi à retrouver sa trace.

Aussi, quand ses tueurs tendent le téléphone à Michael pour qu’il lui parle, croit-il qu’elle souhaite simplement le narguer ?

En réalité, plongée dans le désespoir par la disparition de sa fille, Bridget veut donner à Michael une occasion de se racheter. Tout ce qu’il a à faire, c’est rentrer en Irlande et retrouver sa gosse, qui vient de se faire kidnapper. S’il la sauve, il pourra vivre. Il ne lui reste plus que 24 heures chrono…

Mon avis :

Ce recueil nous propose les aventures de Michael Forsythe au complet, soit une trilogie complète au prix d’un grand format, 1500 pages soit trois livres pour le prix d’un. Déjà, chaque tome en vaut la peine, alors quand on nous en propose trois, le rapport Qualité / Prix est indéniable. Comprenons-nous bien, ces romans s’adressent aux fans de hard-boiled, de romans d’action violents non dénués d’émotions extrêmes, ni d’humour froid et cynique typiquement irlandais.

Même si les quatrièmes de couverture dévoilent beaucoup d’éléments de l’intrigue, il faut vraiment lire les romans pour en apprécier le ton donné par l’auteur et l’évolution du personnage lors de ces trois aventures, et se laisser malmener par le rythme incessant additionné à la paranoïa de Michael Forsythe. Et vous placerez ce personnage parmi les inoubliables de la littérature noire.

Dans A l’automne, je serai peut-être mort, l’histoire commence en Irlande dans les années 80. Etant catholique, Forsythe n’a pas le droit d’occuper deux métiers pour vivre. Alors qu’il trouve un boulot de serveur dans une réception mondaine, un photographe l’immortalise au second plan et cette photo finit par être publiée dans les journaux. Pour éviter la prison, il n’a d’autres choix que d’immigrer aux Etats-Unis où un oncle se chargera de lui trouver un travail, qui s’avère lié à la mafia irlandaise. Son humour et sa faculté de se lier aux autres vont lui permettre de progresser dans la hiérarchie jusqu’à ce qu’il rencontre la future femme du parrain pour qui il travaille.

Le fils de la mort nous montre Forsythe en fuite après sa vengeance sanglante et son statut de traitre. Il a en effet passé un marché avec le FBI et devient un témoin protégé avec une nouvelle identité. Mais sa tête est mise à prix par la mafia irlandaise dirigée par son ex-amante et par la police mexicaine, après s’être échappé de leur geôle. Il doit malgré tout reprendre du service pour le compte du MI6.

Retour de flammes clôt ce triptyque avec logique et fureur. Depuis l’épisode précédent, ses seuls ennemis sont la mafia irlandaise pour laquelle il a travaillé à son arrivée aux Etats-Unis. Une opportunité va lui permettre d’envisager une nouvelle vie propre mais elle sera dangereuse et bien sanglante.

Si dans le premier tome, on découvre un jeune homme immature et ne comprenant pas le milieu dans lequel il nage, on adore son humour, et son sens de la débrouille. Son passage dans les geôles mexicaines va le transformer en monstre de vengeance, sans foi ni loi, ne se posant jamais la question et n’hésitant pas à foncer droit devant. Et cette première aventure est une sacrée découverte.

A partir du deuxième tome, on le découvre paranoïaque, ne se liant avec personne car il existe un risque que chaque personne soit un traitre prêt à le tuer. Sa réponse est toujours immédiate, la mort. Ce deuxième tome est un vrai coup de cœur, tant par le rythme que par les dialogues, et on le suit dans son périple sanglant, luttant pour l’espoir que son casier judiciaire soit lavé. On fond aussi devant les sentiments qu’il ressent envers l’agente de MI6 et qui nous donne la possibilité de lire des scènes effroyablement émotionnelles.

Le troisième tome clôt de magistrale façon cette trilogie, en reprenant les qualités des deux premières aventures et en renvoyant Forsythe dans son pays natal, un pays déchiré par des clans à la recherche de tous les moyens pour gagner de l’argent. Comme pour toutes les autres aventures, Forsythe est malmené, torturé, obligé d’employer des moyens extrêmes et se conclut dans une scène dans le brouillard inoubliable.

Avec cette trilogie, Adrian McKinty mettait le pas dans le monde du roman noir violent, n’hésitant pas à créer des scènes ultra-violentes à coté de dialogues d’une drôlerie rare, avec cet humour froid que l’on adore chez les auteurs irlandais. Le rythme est incessant, le personnage intéressant et cette trilogie un incontournable pour les amateurs de romans d’action. Enfin, on comprend mieux la genèse du personnage de Sean Duffy qu’il créera juste après.

Coup de cœur !

Retour à Killybegs de Sorj Chalandon

Editeur : Grasset (Grand Format) ; Livre de Poche (Format Poche)

Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.

Cela faisait très longtemps que je voulais lire les romans de Sorj Chalandon. C’est chose faite avec ce fantastique roman, présenté sous la forme d’une biographie.

L’auteur :

Sorj Chalandon, né à Tunis le 16 mai 1952, est un journaliste et écrivain français. Il est membre de la rédaction du Canard enchaîné.

Le prénom de naissance de Sorj Chalandon est Georges ; il a choisi de le modifier en Sorj, qui est le nom que lui donnait sa grand-mère.

Son enfance est marquée par la violence et la mythomanie de son père, qu’il décrit dans son roman Profession du père. Il souffre alors de bégaiement, ce qui lui inspire son premier roman Le Petit Bonzi.

Bien que la majorité soit à 21 ans, il obtient son émancipation à 17 ans et quitte sa famille.

Au début des années 1970, il milite pour l’organisation d’extrême gauche, la Gauche prolétarienne. Il participe à la création du quotidien Libération, dont il est journaliste de 1973 à février 2007.

En 1982, il est le premier journaliste occidental, selon Libération, à rendre compte du massacre de Hama, en Syrie, sous pseudonyme. Chroniqueur judiciaire, grand reporter, puis rédacteur en chef adjoint de ce quotidien, il est l’auteur de reportages sur l’Irlande du Nord et le procès de Klaus Barbie qui lui ont valu le prix Albert-Londres en 1988.

Entre 2007 et 2009, Sorj Chalandon devient formateur régulier au Centre de formation des journalistes à Paris.

Depuis août 2009, Sorj Chalandon est journaliste au Canard enchaîné, où il tient la rubrique « La Boîte aux images », ainsi que critique cinéma.

En 2010, il apparaît en dernière partie du film documentaire de Jean-Paul Mari Sans blessures apparentes — tiré de l’ouvrage paru sous le même titre chez Robert Laffont — et consacré aux « damnés de la guerre », ainsi qu’aux séquelles psycho-émotionnelles qui en résultent, ce qu’on appelle les troubles de stress post-traumatique (en abrégé ESPT = état de stress post-traumatique).

Écrivain, il publie ses romans chez Grasset, dont Une promesse, qui a reçu le prix Médicis en 2006 et Le Quatrième Mur, Prix Goncourt des lycéens 2013.

En 2008, son roman Mon traître s’inspire de son histoire personnelle : son amitié avec Denis Donaldson, vue par le biais d’un narrateur parisien luthier ; trois ans plus tard, l’histoire romancée est racontée sous l’angle du « traître », dans Retour à Killybegs. Ce roman obtient le Grand prix du roman de l’Académie française en 2011.

De 2008 à 2012, Sorj Chalandon est le parrain du Festival du Premier roman de Laval, organisé par Lecture en tête. Depuis 2013, il est le président du jury du Prix Littéraire du Deuxième Roman.

À Rennes, le 14 novembre 2013, le prix Goncourt des lycéens lui est attribué pour Le Quatrième Mur, publié chez Grasset. Ce roman évoque l’utopie d’un metteur en scène qui décide de monter Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth dans les années 1980, pendant la guerre du Liban.

En 2017, il publie le roman Le Jour d’avant, sur la catastrophe minière de Liévin-Lens, à l’origine de quarante-deux morts le 27 décembre 1974.

En 2023, il publie l’Enragé, sur la révolte de 1934 à la colonie pénitentiaire de Belle-Ile-en-Mer, dans lequel il imagine le destin d’un évadé qu’on ne retrouve jamais.

(Source Wikipedia)

Quatrième de couverture :

La vie d’un garçon qui souffre des coups, puis de l’absence de son père mort d’alcool et d’illusions nationalistes. Au-delà de la violence sociale qui laisse la famille de neuf enfants dans la misère, après la violence barbare de la Seconde Guerre mondiale, ce livre se concentre sur la violence personnelle que le héros s’inflige dans le contexte nord-irlandais.

Vieillard haï par sa communauté, il fait un retour aux sources, dans la maison paternelle, à Killybegs, attendant les tueurs qui ne peuvent comprendre toute la complexité de cette situation absurde, implacable.

Il revit son passé dans un dénuement maximum, réchauffé par l’alcool et la compréhension de sa femme, abandonné par son village d’enfance.

Au passage, le livre illustre la dureté des hommes et du pouvoir britannique, qui tue et laisse mourir ses prisonniers politiques, manipule ses agents doubles.

Mon avis :

Sorj Chalandon s’est lié d’amitié avec Denis Donaldson et a romancé son amitié dans Mon Traitre. Il revient sur ce sujet en positionnant Tyrone Meehan (le double littéraire de Donaldson) en tant que narrateur. Il va balayer soixante années de ce conflit anglo-irlandais de la deuxième guerre mondiale à nos jours en construisant son intrigue comme une biographie.

Ne prenant jamais position mais choisissant de rester factuel, Sorj Chalandon présente la complexité de la situation, alors même que le narrateur est irlandais et catholique. L’histoire commence avec l’adolescence de Tyrone dans une famille pauvre, sous la coupe d’un père passionné, revendicateur et violent jusqu’à son engagement dans l’IRA et sa trahison, plus par hasard que par conviction.

Remarquablement servi par une plume littéraire et évocatrice, cette vaste fresque rappelle tous les événements marquants et s’appuie sur un personnage complexe qui va grimper dans la hiérarchie sans être animé par la même passion que son père. Nous voyons un personnage complexe qui doit assumer une erreur lourde de conséquence, plusieurs en fait qui vont faire de lui la cible de tout le monde.

Car Tyrone Meehan retourne dans sa ville de jeunesse, haï et traqué par tout le monde. Il est la cible par les Irlandais catholiques et protestants mais aussi des Anglais. L’auteur arrive à nous faire ressentir la situation intenable de cet homme obligé de vivre dans la peur, dans l’attente de sa fin, sans savoir qui tiendra l’arme fatale. Très factuel, avec son style journalistique, ce roman offre un nouvel éclairage instructif sur ce conflit dont on espère qu’il est derrière nous.

Oldies : Esprit d’hiver de Laura Kasischke

Editeur : Christian Bourgois (Grand format) ; Livre de poche (Format poche)

Traductrice : Aurélie Tronchet.

Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.

Ce roman m’a été fortement recommandé par ma fille. Ce billet lui est donc dédié. Gros bisous, ma fille.

L’auteure :

Laura Kasischke, née le 5 décembre 1961 à Grand Rapids dans le Michigan, est une poétesse, nouvelliste et romancière américaine.

Née en 1961 à Grand Rapids, dans l’État du Michigan, elle fait des études supérieures à l’université du Michigan. Elle devient ensuite professeur de langue anglaise et d’écriture au Residential College de l’Université du Michigan à Ann Arbor (Michigan).

Elle amorce sa carrière en littérature par la parution de plusieurs recueils de poésie dans les années 1990, certains publiés par les Presses de l’université du Michigan, d’autres ayant connu une parution dans des revues ou gagné de nombreux prix littéraires, dont le Hopwood Awards.

En parallèle à son activité de poétesse, elle devient romancière à partir de 1997 et la parution de À Suspicious River (Suspicious River), dont l’intrigue, où se développe une sourde menace, n’est pas sans rappeler, en dépit d’un style plus détaché, les œuvres de Joyce Carol Oates. Ce récit est adapté sous le même titre au cinéma par la réalisatrice canadienne Lynne Stopkewich en 2000.

Un second film, La Vie devant ses yeux (The Life Before Her Eyes), d’après son roman de même titre, est réalisé en 2008 par Vadim Perelman, avec Uma Thurman et Evan Rachel Wood. Son cinquième roman, À moi pour toujours (Be Mine), publié en 2007, devient un best-seller national aux États-Unis. Laura Kasischke a reçu la Bourse MacDowell et la Bourse Guggenheim en 2009.

Elle vit actuellement à Chelsea, dans le Michigan, avec sa famille.

Quatrième de couverture :

Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d’angoisse inexplicable. Rien n’est plus comme avant. Le blizzard s’est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant…

« Et si c’était elle, le grand écrivain contemporain ? Laura Kasischke, s’impose, livre après livre, comme la plus douée des romancières de sa génération. » François Busnel, Lire

« Douce et inquiétante, experte en malaise phosphorescent et ouaté, de livre en livre, elle a su bâtir un univers sans pareil, suspendu dans la rêverie aveuglante qui précède toujours le drame, ce moment de flottement où la clairvoyance se débat pour se faire entendre. »Marine Landrot, Télérama

Mon avis :

« Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusque chez eux ». Cette pensée harcèle Holly quand elle se réveille ce matin de Noël là. Comme d’habitude, elle reçoit famille et amis chez elle, mais à peine réveillée, elle est en retard. Le réveil n’a pas sonné, c’est la panique. Eric fonce à l’aéroport récupérer ses parents et laisse Holly à la maison avec leur fille adolescente Tatiana.

Holly ne peut pas avoir d’enfants suite à une maladie. Quatorze ans plus tôt, Eric et elle ont adopté une jeune enfant qu’ils sont allés chercher en Sibérie. Holly a toujours tout fait pour sa fille adoptive se sente bien. Mais ce matin, la préparation du repas occupe toutes ses pensées d’autant plus que Tatiana dort encore. Dehors, la tempête de neige fait rage, le blizzard va empêcher les convives de venir.

Tout commence normalement, on entre chez Holly sans y être invités. La force de la narration de Laura Kasischke nous entraine dans la vie de Holly, pressée par le repas qu’elle doit préparer. Et puis on fait sa connaissance, ses cicatrices et surtout sa peur de ne pas bien élever sa fille, sa peur qu’un jour elle ne l’appelle plus maman. Et puis un doute surgit quand un détail apparait.

Plus on avance dans le livre, plus le fil de l’histoire va faire apparaitre des passages bizarres, des situations baroques, des incohérences. Comme ma fille m’avait prévenu qu’il fallait que je continue coûte que coûte, j’ai poursuivi mon chemin dans cette maison qui n’était pas sa maison, dans cette histoire qui n’était pas une histoire, dans la préparation d’un repas qui n’était pas un repas de fête. Et on aboutit à une conclusion qui vous scotche.

Classé en littérature blanche, ce roman démontre combien il est ridicule de bâtir des citadelles entre les genres. Roman Psychologique, roman noir, Roman familial, roman effrayant tant on a cru à Holly, à ses joies de mère, à ses peurs de mère. Roman dramatique quand on tourne la dernière page, incroyable dernière page qui donne envie de relire le livre, du niveau des grands romans noirs comme Natural enemies de Julius Horwitz, horrible conclusion pour un roman qui nous aura fait tourner en bourrique mais qui nous aura pleinement et incroyablement emporté, grâce à sa plume et son histoire fascinante.

Oldies : Lord Peter et l’inconnu de Dorothy Leigh Sayers

Editeur : Livre de Poche & Editions du Masque

Traducteur : L.Servicien

Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.

Cette lecture va me permettre de combler des lacunes et de faire un retour aux sources du roman policier avec une auteure mise en valeur par la Reine du Policier, Agatha Christie.

L’auteure :  

Dorothy Leigh Sayers (Oxford, Oxfordshire, 13 juin 1893 – Witham, Essex, 17 décembre 1957) est une femme de lettres et une romancière britannique, également poète, dramaturge, essayiste et traductrice. Elle est aujourd’hui principalement connue pour son travail d’écrivain et notamment pour ses romans policiers, ayant pour héros l’aristocrate dilettante Lord Peter Wimsey, écrits pendant l’entre-deux-guerres.

Fille unique du pasteur de Witham, Henry Sayers, qui est chef de chœur de la Cathédrale Christ Church d’Oxford, elle « grandit dans l’amour des livres et la culture classique » au petit village de Bluntisham dans le Huntingdonshire où son père est nommé recteur. Elle « fait preuve dès son jeune âge d’un intérêt prononcé pour les langues, apprenant le latin à sept ans et s’initiant au français auprès de sa gouvernante ». Elle entre en 1912 au Somerville College de l’université d’Oxford. Après de brillantes études, « elle devient en 1915 (et avec mention) l’une des premières femmes diplômées d’Oxford ». Elle obtient également, « en 1920, un Master of Arts en littérature médiévale ».

Issue « de la bourgeoisie de province anglaise que va ruiner la Guerre de 14 », elle se destine à l’enseignement et est brièvement professeur de littérature, mais elle se rend compte qu’elle ne supporte pas ce métier. Elle séjourne en France comme professeur-assistante d’anglais, mais cela ne l’enchante pas. Son meilleur souvenir de la France est d’y avoir lu tous les romans d’Arsène Lupin et d’avoir fréquenté, à l’École des Roches, en Normandie, le séduisant EricWhelpton, dont elle s’inspire pour créer Lord Peter Wimsey, le héros de ses futurs romans policiers.

De retour en Angleterre, elle trouve, à partir de 1921, « un travail de rédactrice, assez bien payé, dans une agence de publicité de Londres, la Benson’sAdvertising Agency ». « Elle va rester dix ans chez Benson » et cette expérience lui sert plus tard à évoquer le milieu des salles de rédaction publicitaire dans Lord Peter et l’Autre. Elle crée notamment des publicités pour la bière Guinness et la moutarde Colman (sans rapport avec le Colonel Moutarde du jeu Cluedo, plus tardif). Après s’être intéressée un temps aux mouvements socialistes qui façonnent la société anglaise de l’entre-deux-guerres, elle publie en 1923 son premier roman policier, Lord Peter et l’Inconnu, qui met en scène l’aristocratique détective Lord Peter Wimsey, flanqué de son fidèle serviteur Bunter, dans une intrigue où Dorothy Sayers « se moque allègrement des sacro-saintes conventions du genre ». Si ses romans s’intègrent dans le cadre du traditionnel roman d’énigme, elle apporte au genre un ton humoristique, quelques traits acérés contre la société bien-pensante de l’époque, et affuble son héros d’une vie sentimentale faisant totalement défaut aux Sherlock Holmes, Dr Thorndyke, Hercule Poirot et autres célèbres limiers de la littérature policière britannique de l’époque. En effet, Lord Peter s’éprend follement de la belle Harriet Vane, qu’il sauve de la pendaison dans Poison violent, épouse dans Noces de crime, et dont il a un enfant dans Le policeman a des visions, une nouvelle de la fin de cycle.

Outre le personnage de Lord Peter, Dorothy Sayers consacre, à partir de 1933, une brève série de nouvelles au personnage de Montague Egg, démarcheur spécialisé en vins et spiritueux et « un nouvel enquêteur assez drôle », qui se trouve mêlé à des énigmes policières (il découvre souvent un cadavre) qu’il parvient non sans mal à dénouer.

La vie privée de Dorothy Sayers est moins idyllique que celle de ses personnages de roman. Sa vie sentimentale est tumultueuse et décevante. Une « liaison avec un mécanicien en automobiles dont elle aura un enfant en 1924 », se solde par une séparation et la responsabilité d’élever seule son fils, un choix qu’elle assume au mépris des convenances du temps, dont, heureusement, ses succès littéraires lui permettent de s’affranchir. En 1928, elle épouse le capitaine Mac Fleming, un grand buveur et un paresseux notoire. Cette union difficile, sinon ratée, laisse toutefois Dorothy Sayers libre de ses mouvements pour produire, à un rythme soutenu, les aventures de Lord Peter qui lui apportent gloire et fortune.

Dorothy Sayers abandonne Lord Peter en 1940 pour se consacrer à sa passion, la littérature médiévale. Elle fournit notamment des traductions de La Divine Comédie de Dante et de La Chanson de Roland. De ses romans policiers, on retient, outre les titres déjà cité, Lord Peter et le Mort du 18 juin et Le Cœur et la Raison. Pour Romain Brian, « Cependant, qu’on le veuille ou non – et que Sayers elle-même l’ait voulu ou non – Lord Peter Wimsey demeure un acteur majeur sur la scène policière de la première moitié du XXe siècle ».

De 1949 à sa mort, elle préside le Detection Club.

Après avoir toute la journée fait ses emplettes pour Noël, elle meurt d’une crise cardiaque dans sa résidence de Witham le 17 décembre 1957.

(Source : Wikipedia)

Quatrième de couverture :  

Désagréable surprise pour Mr Thipps : il vient de découvrir un inconnu dans sa baignoire, à peine vêtu d’un lorgnon et on ne peut plus mort…

Pour la police, aucun doute : Thipps se moque des autorités et est l’auteur de ce crime à peine déguisé. Qu’on l’arrête sur le champ !

Mais le corps dans la baignoire suscite plus d’une interrogation, et la disparition parallèle d’un riche financier éveille l’intérêt de Lord Peter Wimsey…

Mon avis : 

Outre le fait de découvrir une nouvelle auteure, j’adore revenir vers des vieux romans policiers et celui-ci a été publié en 1923 ; il est donc centenaire ! Il a ensuite été traduit en français en 1939 pour une publication chez La Librairie des Champs Elysées, dans la collection Le Masque et repris en format poche au Livre de Poche en 1967. C’est la version que j’ai lue. Une nouvelle traduction existe depuis 1995 aux Intégrales du Masque et en format Poche.

A cette époque, Lord Peter Wimsley arrive après Sherlock Holmes et Hercule Poirot. S’il possède les mêmes caractéristiques de déduction, il se démarque par son esprit immature. D’origine bourgeoise, il mène des enquêtes pour se distraire tout en gardant sa passion pour les livres anciens. Accompagné de son majordome Bunter, il résout des problèmes en collaboration avec l’inspecteur Parker.

Quand Lord Peter doit se rendre à une vente aux enchères pour une version rarissime d’un livre, sa mère lui demande de l’aide pour un ami. M.Thipps s’est en effet réveillé en découvrant un cadavre nu dans sa baignoire, habillé seulement d’un monocle. L’inspecteur Parker doit de son côté résoudre une affaire concernant la disparition de M.Levy, un banquier influent de la City. Parker et Lord Peter se proposent d’échanger leurs mystères.

Comme je l’ai dit, ce roman est remarquablement bien écrit (et traduit) et le ton est léger, humoristique et décalé. Personne ne se prend au sérieux malgré la gravité des affaires. Les pièces de puzzle sont bien disséminées et il faudra toute la jugeote et le talent de Lord Peter pour résoudre ces mystères. Il est aussi à noter que le dernier chapitre va lever le voile sur les derniers doutes, en étant raconté par le meurtrier lui-même. Ce roman est donc une belle découverte originale.

Oldies : Flood d’Andrew Vachss

Editeur : Presses de la cité (Grand format) ; Livre de Poche (Format poche)

Traducteur : Jacques Martinache

Les titres de la rubrique Oldies de l’année 2023 sont consacrés aux éditions du Livre de Poche pour fêter leurs 70 années d’existence.

J’ai encore beaucoup de grands romans noirs à découvrir, ce roman en est la preuve. Il nous présente un nouveau personnage récurrent, Burke, qui apparait dans 18 enquêtes, dont seulement quatre ont été publiées en France.

L’auteur :

Andrew Henry Vachss, né le 19 octobre 1942 à New York et mort le 23 novembre 2021 dans le Nord-Ouest Pacifique, est un écrivain et avocat américain, auteur de roman policier. Il remporte le grand prix de littérature policière en 1988 avec le roman La Sorcière de Brooklyn.

Après des études supérieures à l’université Case Western Reserve de Cleveland (Ohio), il obtient son diplôme en 1965. Il est ensuite chargé d’une enquête sur l’éradication de la syphilis et constate l’importance des abus sexuels dont sont victimes de très jeunes enfants.

De 1966 à 1970, il devient travailleur social dans un ghetto de New York, puis sur place pendant la dernière année de la guerre du Biafra. De retour en Amérique, il dirige un programme pour de jeunes délinquants emprisonnés et d’autres projets de nature similaire. Il reprend ses études, suit des cours de droit à l’Université de Boston et devient avocat en 1975. Il se spécialise alors dans la défense des enfants victimes de violences.

Il amorce sa carrière littéraire en 1985 avec Flood, le premier d’une série de romans noirs ayant pour héros le personnage singulier de Burke, un ancien détenu et roi de l’arnaque, devenu un détective privé new-yorkais pas toujours très honnête. Sorte de vengeur solitaire, Burke n’hésite pas à devenir un justicier pour éliminer de façon violente les sadiques qui croisent son chemin. La Sorcière de Brooklyn (Strega), deuxième roman de la série, remporte le grand prix de littérature policière en 1988.

Quatrième de couverture :

Ça grouille autour de Times Square, à New York : clients en quête de porno, petites filles juchées sur leurs hauts talons, garçonnets maquillés, marchands de chair et autres monstres. Burke est un familier de la « fosse à purin », il y pêche la vermine. Flic privé ? Un peu. Arnaqueur à l’occasion. Plutôt spécialiste de la survie. Solitaire ? Pas tout à fait. Pour surnager, il faut des amis : Michelle, le travelo intello, qui tapine en rêvant de se faire opérer en Suède ; la Taupe, sorte de gnome rondouillard, capable de vous bricoler un laser ; Max le silencieux, un Tibétain sourd-muet, expert en arts martiaux. Et Flood, un petit bout de femme, qui vous fracture trois côtes d’un coup de poing…

Mon avis :

Voilà une sacrée découverte que ce polar, premier d’une série mettant en scène Burke, un détective privé bien particulier. On ressent toute la passion de l’auteur pour les abus envers les enfants et les femmes mais aussi une vision extrêmement noire de New-York et de la société américaine. Andrew Vachss dénonce tout un pan de la violence sous-jacente qu’on ne veut surtout pas voir, ni montrer.

Par son expérience professionnelle, on se doute qu’il partage ici certaines anecdotes qu’il a rencontrées, et cela fait froid dans le dos. De la façon dont sont traitées les prostituées à la maltraitance des enfants, en passant par les films pornographiques et pire, Andrew Vachss nous dresse un portrait effrayant de la Bien-pensante Amérique, qui n’a pas évolué aujourd’hui. L’intrigue va donc s’appuyer sur ce décor, et nous montrer un New-York comme une jungle inhumaine et sans pitié pour les faibles.

En tant que premier roman d’une série, ce roman est juste remarquable. La difficulté de cet exercice est à la fois de présenter le personnage central et son entourage, et de présenter une intrigue passionnante. Burke nous est présenté comme un personnage paranoïaque, qui a installé dans son appartement de New-York toutes sortes de pièges, en cas de visite inopinée d’un potentiel ennemi. A cela, s’ajoute sa chienne Pansy dressée pour attaquer au moindre geste anormal.

Cela peut prêter à rire, et d’ailleurs, le second degré nous fait sourire. Quand Burke sort dehors, on comprend mieux sa réaction, son besoin de survie dans une faune dangereuse et violente qui n’accorde aucune chance aux plus faibles. Ce décor, cette ambiance, cette menace permanente fait peser un poids sur nos épaules, un stress permanent car on ne sait ce qui risque d’arriver la page suivante.

Burke doit retrouver Wilson un violeur pour le compte d’une jeune femme Flood, asiatique adepte des arts martiaux. Andrew Vachss nous présente Flood come une femme forte, mortelle plus que fatale, mais qui est restée une enfant dans sa tête. Il n’en n’oublie pas des scènes comiques quand Flood fait des gaffes lors de la recherche de Wilson, ni de belles séquences émotives. Mais Burke arrive à lui faire comprendre qu’elle n’arrivera pas à trouver Wilson dans ce monde ultra-violent auquel elle est étrangère.

Autour de Burke, on trouve une troupe folklorique pour laquelle on ne peut que craquer. Mama Wong, sorte d’ange gardien, l’étouffe de conseils ; Max le Silencieux est un sourd muet capable de tuer un homme avec un doigt ; La Taupe vit sous terre et se présente comme un expert en technologie ; enfin, Michèle, homme-femme, est la seule à ne pas avoir de dons et la gentille du groupe … quoique …

Et Andrew Vacchs parsème dans son roman des scènes d’une force incroyable, de celles qu’on ne peut oublier. Il enrobe tout cela avec des anecdotes que l’on devine tirées de son expérience personnelle et comme je l’ai dit, cela fait froid dans le dos. Après avoir tourné la dernière page, on comprend la démarche de survie de Burke et on se demande bien dans quel monde on vit. Quelle horreur ! Par contre, il faut absolument que je me procure les autres enquêtes de Burke, cela en devient urgent.

D’ailleurs, je lance un appel aux éditeurs volontaires : S’il vous plait, pourriez-vous éditer les 18 enquêtes de Burke ? C’est trop bien ! Et j’en profite aussi pur remercier Serge Breton membre de l’Association 813 qui a attiré mon attention sur ce roman.