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Le royaume des perches de Martti Linna (Gaïa)

Ce roman policier est bien particulier, car à première vue, rien ne peut attirer un lecteur à la lecture de la quatrième de couverture. Et pourtant, la somptuosité de la couverture attirera l’œil à la recherche d’une esthétique simple et silencieuse. Et l’intrigue, résumée à l’arrière du livre, ne rendra pas hommage à la beauté des paysages et au calme ambiant que l’on peut y trouver. Il faut dire qu’il est bien difficile de faire ressentir les émotions qui vont traverser le lecteur durant cette lecture.

L’intrigue est d’une simplicité extrême : Ilpo Kauppinen est un pêcheur invétéré de perches. Tous les étés, il loue un bungalow perdu au fin fond des forêts finlandaises, à l’abri de tout bruit de la civilisation, et passe ses journées sur sa barque, à la recherche de la Grosse Perche. Pendant ce temps là, sa femme l’attend sur la rive, en fumant des cigarettes.

Lors d’une de ses parties de pêche, sa femme l’appelle sur son portable, lui disant qu’un homme tente de pénétrer dans leur bungalow. Il revient rapidement à la rame, et s’aperçoit que sa femme a disparu. Il appelle la police qui va chercher cette femme, en espérant qu’elle ne soit pas morte. Mais le capitaine Sudenmaa de la police criminelle va s’apercevoir que Ilpo est plus intéressé par les perches que par le sort de sa femme.

Et Martti Linna va réussir un tour de force puisque, à partir d’une intrigue si mince, il va tenir le lecteur en haleine pendant presque 200 pages, sans que l’on ressente un quelconque ennui. De par la psychologie des personnages, décrite avec beaucoup de subtilité, à la beauté des paysages de la Finlande, du silence qui plane au dessus des lacs aux odeurs des sous bois, on lit ce livre en ouvrant grand les yeux, tant on a l’impression d’y être.

Alors certes, l’intrigue est mince, mais intéressante, entre un homme seulement intéressé par sa façon de piéger les poissons et un inspecteur empêtré dans ses affaires familiales compliquées, mais le rythme est lent et les descriptions si belles que l’on tourne les pages doucement pour ne pas faire de bruit et effrayer les perches qui pourraient être curieuses.

Certains auteurs nordiques sont doués pour installer des ambiances et nous faire partager des atmosphères calmes. Martti Linna nous montre, avec ce roman, qu’il est un auteur à suivre, et que ce livre est à ranger aux cotés de Johan Theorin. Excusez du peu, cela démontre bien que ce livre est à lire pour tous ceux qui sont adeptes de littérature au rythme calme et aux univers silencieux. Un peu de douceur dans un monde de brutes.

Donne moi tes yeux de Torsten Pettersson (Points Seuil)

Tiens, un article qui traine … et qui date un peu ! Voici donc ma dernière lecture dans le cadre de www.meilleurpolar.com de l’année dernière. Il s’agit, en partenariat avec les éditions Points de voter pour l’un des 9 romans retenus, le jury étant composé de jurés professionnels et « amateurs ».

Fin 2005, une jeune femme est retrouvée assassinée dans un parc en marge de  Forshälla, une petite ville finlandaise. Son corps est retrouvé complètement nu, elle a été étranglée, énuclée et un A a été gravé sur son ventre. Ce meurtre portant des signes inhabituels qui ressemblent à un rituel, la police craint d’avoir affaire à un tueur en série.

Le commissaire Harald Lindmark de la brigade criminelle est chargé de l’enquête. Avec son équipe, il va rapidement lister les pistes qui s’offrent à lui. Lindmark est un cinquantenaire qui a vu ses enfants quitter sa maison puis sa femme mourir. Alors il se donne à fond dans son travail. Il faut dire qu’avec 25 ans de métier et une centaine d’affaires résolues, on a de quoi se sentir fort.

Rapidement, Lindmark et son équipe découvre l’identité de la jeune femme, ainsi que son petit ami, Lindell, ancien militaire marqué par ses combats à l’étranger. A la suite d’un interrogatoire … harcelant, il accepte de signer des aveux. Sauf que quelques mois plus tard, le juge s’aperçoit qu’il a un alibi. Lindell libéré, la vie reprend son cours jusqu’à ce qu’un autre corps soit retrouvé.

Voici donc un auteur scandinave de plus, un auteur de plus à découvrir. Et pour simple, pour faire court, ce roman ne m’a pas plu, voire, il m’a fallu lutter pour avancer, comprendre et finir ce roman. Car ce que j’aime dans un roman, c’est que je puisse être plongé dans une histoire, une ambiance ou un personnage. Or dès le début, on a droit à une description circonstanciée de l’équipe de Lindmark qui parait bien classique et surtout bien maladroite.

Le personnage central est un flic qui a un historique mais on ne ressent pas ses sentiments ; tout parait bien neutre, bien plat, même quand il parle du départ de ses enfants du foyer familial ou de la perte de sa femme. Mais les autres personnages sont aussi centraux que Lindmark. Beaucoup d’entre eux parlent à la première personne du singulier, sans forcément prévenir le lecteur. Et là, j’ai commencé à perdre pied.

Même quand on a droit à des extraits de journaux intimes, ceux-ci sont écrits dans un style neutre et plat, là où j’aurais aimé autre chose qu’une simple description de faits privés et intimes. Et quand d’un paragraphe à l’autre, sans prévenir, ça passe du passé au présent, je me pose des questions, ou du moins je saute des passages.

Alors j’ai essayé de me raccrocher à l’intrigue. Et là, je dois dire que sur les 420 pages que comportent ce roman, les deux tiers passent d’un personnage à l’autre, avec des événements qui n’ont rien à voir avec l’enquête, ce qui m’a donné l’impression d’un labyrinthe dont je n’aurais pas la clé. D’ailleurs je serais curieux de savoir si certains d’entre vous ont lu et aimé ce roman que, pour ma part, je préfère oublier.