Comme je me limite à 3 billets par semaine au maximum, il y aura forcément moins de romans évoqués dans cette synthèse du mois, puisque le mois de septembre est un mois un peu plus court que les autres.
Je pourrais organiser un petit jeu autour de ce billet qui s’appellerait : « cherchez l’intrus ». car l’intrus n’est pas à chercher du coté des romans qui datent un peu. Il y en a eu trois ce mois ci, le plus récent étant La nuit des corbeaux de John Connoly (Pocket), onzième enquête du détective Charlie Parker. Je continue donc mon exploration de son univers même si cette enquête là ne comporte pas d’éléments fantastiques mais se révèle plutôt un roman policier, avec une intrigue tortueuse comme sait les concocter ce diable de John Connoly.
Retour en arrière en ce qui concerne deux romans français, dont l’un est excellent et l’autre divertissant. Quand on lit beaucoup de nouveautés comme moi, l’envie est forte de revenir aux racines, à des romans qui ont bâti le polar que l’on aime aujourd’hui. Parfois, le style est daté, presque démodé (si on peut utiliser cet adjectif concernant le style), et parfois c’est l’inverse. C’est le cas de Drôle de pistolet de Francis Ryck (French Pulp), très moderne, qui est classé dans les romans d’espionnage mais qui n’en est pas un. En fait, cette fuite d’un espion qui a trahi et qui essaie de survivre à ses poursuivants revanchards s’avère d’une modernité étonnante et donne un roman psychologique formidable basé sur une réflexion sur la confiance. Le deuxième roman « ancien », c’est un bon vieux San-Antonio, Tout le plaisir est pour moi de Frédéric Dard (Pocket), parce que, à force de lire des auteurs qui sont les dignes héritiers de ce grand auteur, il est bon parfois de revenir aux sources pour se fendre la poire, sans arrière pensée, juste rigoler un bon coup.
De roman psychologique, il en sera aussi question chez nos amis américains avec deux romans totalement différents dans l’intrigue et le style mais tout aussi intéressants. Nulle part sur la terre de Michael Farris Smith (Sonatine) met en scène des personnages que le rêve américain a oublié, qui ont un passif et qui doivent mener leur vie, en se disant que quelle que soit leur décision, elle continuera à les enfoncer. Le deuxième est une variation dans le style de ce qu’écrit Thomas H.Cook, mais écrit par un grand Monsieur de la littérature contemporaine. Par le vent pleuré de Ron Rash (Seuil) s’avère une nouvelle fois un formidable roman de la part d’un auteur qui ne m’a jamais déçu jusqu’à présent.
De l’action, il y en aura eu aussi pendant ce mois de septembre, en commençant par le deuxième tome de Pukhtu, nommé Pukhtu-Secundo de DOA (Gallimard Série Noire), un roman plus axé sur les salons où l’on fait de la politique et où l’on se bat contre les autres pour avancer ses propres pions. Mais vous en trouverez aussi dans Le Meurtre d’O’Doul Bridge de Florent Marotta (Taurnada), qui est une lecture plus divertissante, et qui vous proposera un style rythmé et une intrigue fort bien menée. Dans Ne prononcez pas leur nom de Jacques Saussey (Toucan), c’est un roman sous haute tension qui vous attend, écrit dans le sang avec plein de rage et dont l’auteur doit être fier d’avoir su écrire ses sentiments envers les meurtriers de masse.
Si vous êtes plus enclins à lire de la lecture noire, Prendre les loups pour des chiens de Hervé Le Corre (Rivages) en est probablement l’une des lectures à ne pas rater en cette année 2017. Personnellement, j’y ai vu des envies de se rapprocher de l’univers de Jim Thompson et l’atmosphère lourde, étouffante et glauque de ce roman en font une totale réussite, accompagnée par une écriture lumineuse. De l’écriture éblouissante, c’est ce que vous trouverez dans Le diable en personne de Peter Farris (Gallmeister), sorte de duel qui fait penser à un western moderne, même si j’ai eu l’impression d’avoir déjà lu ce genre d’intrigue.
Enfin, les romans policiers ne sont pas en reste avec deux romans marquants en ce qui me concerne. Comme de longs échos de Elena Piacentini (Fleuve noir) démarre un nouveau cycle dans l’œuvre de cette auteure, avec de nouveaux personnages formidables et un nouveau lieu. C’est incontestablement l’un des romans à ne pas manquer de cette rentrée littéraire. Enfin, j’attire votre attention sur un premier roman, Il ne faut jamais faire le mal à demi de Lionel Fintoni (Editions de l’Aube) qui est d’une grande ambition, et qui malgré ses nombreux personnages, nous emmène dans une intrigue qui vous fera forcément réagir. C’est écrit simplement, l’accent étant mis sur les personnages justement et sur une description d’une société qui ne s’impose plus aucune limite.
Pour le titre honorifique de chouchou du mois, je n’ai pas l’habitude de vous faire part de mes atermoiements. Mais j’ai eu bien du mal à choisir entre Ron Rash, Hervé Le Corre et Elena Piacentini. J’ai donc choisi celui qui n’a jamais nommé chouchou du mois à savoir Prendre les loups pour des chiens de Hervé Le Corre (Rivages).
Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un nouveau titre de chouchou du mois. En attendant, n’oubliez pas le principal, lisez !
Vous avez trouvé qui est l’intrus ?