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Faut-il tuer les petits garçons qui ont les mains sur les hanches ? de San-Antonio

Editeur : Fleuve Noir

Dans le deuxième recueil des romans incontournables de Frédéric Dard dit San-Antonio, Anny Duperey nous propose deux romans dont celui-ci. Ce roman fait partie des incontournables parmi les œuvres de Frédéric Dard.

Les anecdotes :

Frédéric Dard a commencé à écrire ce roman avant l’enlèvement de sa propre fille Joséphine, qui est intervenu alors qu’il en écrivait la page 132. Il le reprendra une année après et terminera ce qu’il considère comme son roman maudit.

Alors que Fleuve Noir a décidé d’annoncer San-Antonio comme son auteur, alors qu’il n’apparait jamais dans l’intrigue, il s’agit d’un roman de Frédéric Dard et de la plus personnelle de ses œuvres.

L’accroche du roman lors de sa sortie en grand format est : « Les larmes de San-Antonio ».

Mon résumé :

Charles Dejallieu vit en Suisse à Gstaad et bénéficie d’une célébrité grâce au succès de ses romans populaires. Il vit avec sa femme Melancolia qui a un penchant pour les alcools forts et sa belle-fille Dora que Melancolia a eu d’un précédent mariage. Lorsqu’il tombe sur une photo d’un jeune garçon qui les mains sur les hanches, Dejallieu extrapole sur l’image et envisage d’en faire un roman.

Deux psuedo-journalistes Franky Muzard et Aldo Moretti se demandent comment gagner de l’argent facilement. Ils proposent à Dejallieu de réaliser une interview que ce dernier accepte. En parallèle, ils mettent au point un kidnapping de la petite Dora pour en obtenir deux millions de francs suisses. Ils profitent qu’elle soit sous la garde de la mère de Dejallieu pour réaliser leur forfait. Mais Dejallieu n’a pas l’intention de payer.

Mon avis :

Sans aucun doute, nous tenons là le roman le plus personnel de Frédéric Dard. On le voit dans le nom du personnage : Charles est le deuxième prénom de Frédéric Dard et Dejallieu rappelle qu’il est originaire de Bourgoin Jallieu. Le polaroid qui inspire Charles est même une photo de l’auteur qui cherchait à cacher son infirmité du bras gauche, à propos de laquelle il écrira : « Si jeune et déjà tricheur »

Le ton est donné dans ce roman que l’on a l’habitude de découper en deux parties alors que j’en discerne trois. Dans la première, l’auteur montre sa mélancolie tout en doutant, dans sa déprime désenchantée cynique, de son devenir en tant qu’auteur. Il ne se gène pas de laisser libre cours à sa verve voire à son humour vachard et ravageur, surtout quand il s’attaque à sa belle mère nymphomane.

Deuxième partie après l’enlèvement de Dora, et mise en place de l’intrigue policière … Frédéric Dard joue avec nos nerfs avant de trouver cette idée immensément dramatique qui va tout bouleverser, à la fois notre perception de Charles et l’intrigue va dans une direction totalement inattendue. Et je ne vous dirai rien sur la conclusion qui est juste extraordinaire comme seul pouvait l’imaginer M.Dard.

Ce serait une honte de dire que Frédéric Dard a écrit là son meilleur roman. Les San-Antonio sont des monuments d’humour, ses romans noirs sont de grands moments. Mais ce roman est indéniablement son plus personnel, où il évoque sa vie sans concession, presque sans pitié, par moments. Il ne se donne aucune excuse comme il ne pardonne pas à Charles. Et il en rédige leur tribunal.

Quelques citations impayables :

« Ce sera une chose difficile a faire, qui empoisonnera ma vie pendant six mois, qu’on tirera à quelques milliers d’exemplaires, à laquelle on consacrera quelques papiers ou émissions diverses et que l’on oubliera. Le fumier littéraire, tu sais ce que c’est, Heidi ? Ce sont les livres d’hier ! Des feuilles d’arbre, ma bonne : il en pousse et elles tombent et il en repousse encore. Il faut être fou pour faire le métier d’arbre. »

« Tout est vrai, assure Charles, surtout ce qui est inventé.

Ce n’est presque pas une boutade. Au long de sa carrière de romancier, il a eu maintes occasions de s’apercevoir qu’il inventait des choses qui se produisait par la suite. »

« Un livre mobilise presque totalement celui qui le cogite et l’écrit (…) Ses personnages sont enroulés autour de lui, tel le lierre parasite autour de l’arbre qu’il paralyse lentement. »

« Il ne suffit pas de vivre les affres de l’écriture, il convient ensuite d’en assurer la « promotion ». Le terme l’écoeure. (…) Vendre son livre après se l’être arraché de l’âme, de ses tripes, n’est-ce pas une dure condition ? »

« Il désespère des hommes, Charles Dejallieu. Ne les jugeait pas si bas, si veules, si purulents. Du coup, son œuvre est à reconsidérer. Il l’a bâtie sur une certaine conception du monde et il s’aperçoit qu’il nourrissait des idées fausses, que l’univers ne correspond pas à l’idée qu’il s’en faisait. Il a construit sur le sable des illusions. Les mauvais sentiments qu’il dénonçait sont véniels par rapport à ce qui est. On patauge dans l’ignominie, car estimer les autres capables de bassesse, c’est être bas soi-même, c’est se déshonorer par suppositions malsaines ; c’est opter pour le mal qu’on prétend dénoncer. »

Ce billet aurait été moins complet sans les blogs suivants :

http://francois.kersulec.free.fr/FK/SA/HTML/livre.php?CodeLivre=FITLPGQOLM&DepuisListe=TousLivresOC-%-Non&PosDansListe=352

https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/39300

https://touchezmonblog.blogspot.com/2024/01/san-antonio-faut-il-tuer-les-petits.html

Alice au pays des merguez de San-Antonio

Editeur : Fleuve Noir

Avant-propos :

Comme je l’ai dit précédemment, Maxime Gillio donne la parole à des personnages connus pour parler de leur relation avec les romans de San Antonio. Dans le tome 1, Alain MABANCKOU nous raconte qu’il travaillait dans l’hôtel de son père et qu’il avait découvert trois romans oubliés dans une chambre, ALICE AU PAYS DES MERGUEZ, LE CASSE DE L’ONCLE TOM et AL CAPOTE. Ces romans fondateurs de son œuvre ne l’ont jamais quitté.

Alice au pays des merguez, publié en avril 1986, est le 126ème roman de la série « San-Antonio ». Le roman a été réédité en 2011 dans le 10e volume de l’« Intégrale San-Antonio » de la collection Bouquins.

Mon résumé :

Alors qu’Alexandre-Benoît Bérurier et sa femme Berthe célèbrent le baptême de leur fils Apollon-Jules, San-Antonio est appelé en urgence par le directeur de la Police Nationale pour rendre un service à son ami : en effet, le richissime Alain-Lambert de Vilpreux vient se s’apercevoir que l’on a enlevé sa fille Alice.

Pendant que le repas de baptême bat son plein, San-Antonio va interroger Isabelle de Broutemiche, l’amante de Alain-Lambert, il apprend que juste avant l’enlèvement, le père et la fille dinaient dans un restaurant de classe et qu’un homme obèse d’origine arabe ne cessait de regarder la jeune fille.

Les anecdotes :

Le titre est un clin d’œil humoristique au roman Alice au pays des merveilles.

Concernant les chapitres évoquant les aventures du commissaire San-Antonio, ceux-ci sont des intitulés composés d’onomatopées (Vlan !, Bing !, Poum !, etc.), répartis en deux parties qui sont toutes deux intitulées « Apollon-Jules », prénom du nourrisson des Bérurier.

Le roman est dédié à Claude Delieutraz, « mon génial bûcheron ».

On apprend que le commissaire San-Antonio est de signe astrologique cancer, ascendant sagittaire.

C’est la première fois que le commissaire croise quelqu’un qui est né à Sanaa, capitale du Yemen du Nord (homophonie avec « San-A »).

Ce roman a été publié deux ans après l’enlèvement de la propre fille de Frédéric Dard, ce qui peut expliquer le sérieux dans l’intrigue et la retenue dans ses blagues graveleuses.

Mon avis :

Ce roman n’a rien perdu de sa modernité, de son intrigue, reprise maintes et maintes fois à sa construction, le récit alternant les chapitres mettant en scène San-Antonio et les chapitres mettant en scène Alice. Si certains romans peuvent paraitre farfelus au niveau du scénario, celui-ci est remarquablement bien construit et l’on s’étonne même du sérieux de certains passages ou de certaines répliques.

Malgré cela, ne vous leurrez pas, on y trouve de nombreuses scènes hilarantes (la fin du repas de baptême est juste ENAURME !) et des distorsions de la langue française comme seul Bérurier sait le faire. San-Antonio ne se laisse pas avoir malgré les fausses pistes et certaines réparties mériteraient d’être insérées dans un dictionnaire de citations. Et on retrouve un hommage non caché à Gargantua et Pantagruel dans les festins que le petit Apollon-Jules avale en guise de collation.

Il est intéressant de voir, dans les chapitres consacrés à Alice, des passages parmi les plus beaux que San-Antonio ait écrits. Il en profite aussi pour égratigner les pseudos grands écrivains autoproclamés qui le dénigrent. Il faut savoir enfin que c’est grâce à Bernard Pivot que Frédéric Dard sera enfin reconnu à sa juste valeur, un incroyable conteur prolifique unique en son genre. Alice au pays des merguez est d’ailleurs un excellent numéro.

L’illusion du mal de Piergiorgio Pulixi

Editeur : Gallmeister

Traducteur : Anatole Pons-Reumaux

Dans L’île des âmes, nous faisions la connaissance de Mara Rais et Eva Croce, la première sarde et mutée aux affaires non élucidées et la deuxième milanaise ayant demandé sa mutation suite à la mort de sa petite fille. Autant L’île aux âmes faisait la part belle aux paysages et aux légendes de la Sardaigne, autant nous nous retrouvons dans un pur thriller qui respecte à la lettre les codes du genre. Un thriller de haut vol, 600 pages avalées en trois jours seulement.

Le verdict vient de tomber dans le procès d’un pédophile avéré et stupéfie l’assistance. Le beau-père ayant abusé de la jeune fille est acquitté parce qu’à force de faire trainer en longueur les délais d’enquête, les faits qui lui sont reprochés sont devenus prescrits. La présidence du tribunal ne peut que commencer son annonce par des excuses : « Je vous demande pardon au nom du peuple italien pour cette grave injustice dont nous avons tous conscience… »

Après avoir remercié son avocat, Daniele Truzzu rentre chez lui. A son domicile, un homme l’attend et l’endort. Plus tard, ce jour-là, une vidéo est postée sur Whatsapp. On y voit Truzzu attaché sur une chaise, les dents arrachées, la bouche ensanglantée. Puisque la justice ne peut faire son travail, le peuple devra voter sur le sort du violeur. Le ravisseur donne trois heures aux gens pour entre la vie et la mort.

Eva, en pèlerinage sur ses terres natales à Belfast, reçoit un appel de Mara. Elle doit vite revenir pour retrouver le violeur, dont les dents ont été offertes dans un sac en plastique à la victime de Truzzu, sa belle-fille. Quand la vidéo déferle sur les réseaux sociaux, tout le monde ne parle que de cela. En haut lieu, à Milan, tout le système judiciaire est sur les dents (désolé, je n’ai pas pu m’empêcher de la faire !). On dépêche sur place un excellent policier habitué aux cas difficiles, Vito Strega.

« En Italie, le meurtre vend plus que le cul. » Luana Rubicondi a commencé comme simple journaliste avant d’arriver devant les écrans pour les informations télévisées. Approchant de la cinquantaine, après un passage au télé-achat, elle a profité du regain d’intérêt pour les faits divers et créé son émission Verdict. Quand elle apprend l’existence de la video du Dentiste, elle change son programme et improvise une émission spéciale qui va mettre le feu aux poudres.

Les qualités qu’attendent les fanas du thriller peuvent se résumer en quelques mots : des personnages forts, une histoire prenante et du rythme. Ce que j’attends des thrillers, c’est une belle écriture et un thème qui permet d’élever le débat au dessus d’une simple course poursuite après un serial killer. Avec ce roman là, les fanas du genre vont être comblés et j’ai été happé, ébloui par ses qualités et les différences avec le premier roman.

On retrouve avec une joie non dissimulée nos deux inspectrices dont tous les traits de caractère sont aussi opposés que l’eau et le feu. Malgré cela, elles forment un duo imparable, implacable et redoutablement efficace. A la limite, on n’avait pas besoin de Vito Strega sauf pour les scènes finales. S’il n’est pas nécessaire d’avoir lu L’île des âmes auparavant, je vous conseille tout de même de la faire, pour deux raisons : vous appréhenderez mieux les personnalités de Mara et Eva ainsi que la Sardaigne ; et il vient de sortir au format poche.

L’histoire est implacablement menée, avec ses morts toutes les deux cent pages, le passage d’un personnage à l’autre, les dialogues qui claquent, des phrases courtes, les chapitres qui ne dépassent que rarement les quatre pages. Toutes ces qualités font que cela nous pousse à aller toujours plus loin, à vouloir connaitre la suite et ne pas le lâcher. De ce point de vue là aussi, ce roman est une grande réussite.

Enfin le sujet qui se rapproche de 7 milliards de jurés ? de Frédéric Bertin-Denis, fera forcément réagir beaucoup de gens. L’état étant le garant du progrès de la société, il est inadmissible que les budgets de la justice soient sabrés, que les procès trainent en longueur et que des coupables évidents s’en sortent avec des dessous de table ou juste un avocat doué. Piergiorgio Pulixi s’en sort remarquablement bien en abordant tous les points de vue et en cela, ce roman s’avère bigrement passionnant aussi.

Allez, je vais chipoter un peu, alors que ce thriller est réellement un excellent roman. Tout d’abord, comme je l’ai dit, le personnage de Vito Strenga n’était pas nécessaire, sauf pour la fin. Ensuite, il a tendance à insister sur le mal-être de Mara, sur la dureté d’Eva, et cela se voit, même si j’apprécie Eva. Enfin, les événements, c’est à dire chaque kidnapping, interviennent de façon un peu trop rythmé (toutes les 150 pages environ) et j’aurais aimé un peu plus de surprise. Mais au regard du plaisir que j’ai eu à le lire, je chipote.

Ne ratez pas cet excellent thriller, il en vaut largement le coup.

Le coup tordu de Bill Pronzini

Editeur : Gallimard – Série Noire

Traducteur : Michel Deutsch

Bill Pronzini est un auteur prolifique que je n’avais lu, alors qu’il a abordé tous les genres. Le coup tordu est donc une découverte pour moi.

Le détective privé narrateur de cette histoire a rendez-vous à Tamarack Drive, dans une riche propriété. Peu habitué à ce luxe, il admire le jardin impeccable et la résidence imposante. Il a rendez-vous avec M.Martinetti et est accueilli par son secrétaire particulier Dean Proxmire.

En entrant, il s’aperçoit que Louis Martinetti est accompagné d’Allan Channing. Les deux hommes ont fait fortune grâce à de gros investissements, Martinetti se fiant à son instinct, plus tête brûlée alors que Channing préfère les placements sûrs. Les deux hommes vont lui présenter la mission qu’ils vont lui confier.

Le matin-même, un dénommé M.Edmonds s’est présenté à l’académie militaire Sandhurst avec une lettre demandant à ce que le jeune Gary Martinetti lui soit confié. Quelques heures plus tard, une rançon de 300 000 dollars était demandée. Martinetti va lui confier la tâche d’amener la somme d’argent aux ravisseurs. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu …

Ce roman est le premier de la série du « Nameless », le détective sans nom. Dès les premières pages, j’ai été agréablement surpris par la fluidité du style mais aussi de la grande qualité de la traduction. On peut aussi rapprocher ce roman de la veine behavioriste, puisque la psychologie des personnages est définie par leurs actes.

Nameless, en bon détective privé, va s’attacher aux détails, on le trouve d’emblée pointilleux dans sa façon de regarder les décors, d’analyser les réactions de ses interlocuteurs. Se portant bien, pour ne pas dire obèse, il a passé 15 années dans la police avant de travailler à son compte. Bill Pronzini prend à rebours les codes de l’époque, avec un détective ni alcoolique, ni déprimé.

Bien que l’intrigue soit d’une simplicité extrême, ce roman nous fait passer un très agréable moment et nous réserve une fin bien surprenante. Et je dois remercier mon ami du sud qui m’a donné ce roman, il se reconnaitra.

L’autre femme de Mercedes Rosende

Editeur : Quidam éditeur

Traductrice : Marianne Million

Ce roman est vraiment la bonne surprise de ce mois de mai. En plus d’être mon premier roman uruguayen, il nous présente un personnage féminin auquel on croit d’emblée et que l’on adore suivre. Si l’on ajoute un scénario malin et original, ne cherchez plus, c’est le roman qu’il vous faut.

Ursula Lopez souffre d’un surpoids qui lui occasionne quelques désagréments, comme ce jour-là quand elle veut essayer une robe résolument trop petite. Quand on dépasse quarante ans, on ne se regarde plus dans une glace ; de toutes façons, on n’y verrait que pouic avec la myopie qui vous agresse. Et puis, comment peut-on résister à de bons chocolats, à de bonnes confiseries ? En sortant de la boutique, Ursula regarde le défilé de « belles » qui font la queue à la caisse. C’est décidé, elle va faire un régime.

Entre deux journées de travail à traduire des documents étrangers, Ursula s’inscrit à la Réunion des Obèses Anonymes. Elle imagine déjà des gros assis en cercle, se présentant succinctement avant de détailler leur attirance irrésistible pour des sucreries colorées, avant de subir les commentaires du groupe. Aurelio, Ada, Susanna, tous racontent leurs privations et le moment où ils ont craqué. Ursula les déteste. Quand elle rentre dans son immeuble, la lumière du hall ne s’allume pas. C’est la coupure de courant, ce qui signifie pour Ursula cinq étages à monter à pied. Un calvaire !

Pendant ce temps-là, Santiago Losada, un homme d’affaires, se rend à l’aéroport, quand il se fait arrêter par la police. Losada se fait chloroformer et atterrit dans le coffre de la fausse voiture de police. Les ravisseurs vont demander une rançon à sa femme, enfin, son ex-femme, puisqu’il est divorcé. Cette dernière a repris son nom de jeune fille, Ursula Lopez, homonyme de notre obèse favorite. Ursula pourrait bien profiter de cette situation.

Tout le roman repose sur Ursula, cette jeune femme obèse, qui va être la narratrice de cette histoire. A l’aide de beaucoup de petits détails, et de plusieurs remarques, nous allons entrer dans la psychologie de cette personne qui, à force de s’enfermer chez elle pour traduire ses documents va se renfermer en elle-même. Elle va se maudire de céder aux tentations de nourritures mauvaises pour sa santé et nous montrer une facette de ressentiment envers les autres.

Que ce soit sa famille ou son patron, elle voue une colère, voire une haine envers ce monde qui juge les autres sur leur physique. Les pérégrinations d’Ursula vont permettre à l’auteure de critiquer cette société dans certains passages hilarants de cynisme noir, tels ceux chez l’esthéticienne ou bien l’émission de télévision à laquelle elle participe en tant que spectatrice.

Mais au-delà de ce personnage, le scénario est bigrement intéressant, puisqu’il va nous prendre à rebours, nous surprenant par les rebondissements et les réactions d’Ursula face à une situation inédite. D’ailleurs, il est bien dommage que la quatrième de couverture nous en dise autant, tant j’aurais aimé plus de surprises. Mais c’est un petit défaut par rapport au plaisir que j’ai eu à arpenter ces pages avec Ursula.

Et la dernière bonne nouvelle réside dans le fait que c’est un premier roman et le premier tome d’une trilogie mettant en scène le personnage d’Ursula. Tout repose sur le personnage d’Ursula auquel on croit d’emblée et je peux vous dire que je signe de suite pour le deuxième tome. Ce roman s’avère être une excellente surprise.

Les silences d’Ogliano d’Elena Piacentini

Editeur : Actes Sud

Moi qui adore les romans policiers et l’écriture d’Elena Piacentini, que j’avais découverte grâce aux deux Claude regrettés (Mesplède et Le Nocher), je ne pouvais laisser passer son entrée en littérature blanche. Et même si le clivage, l’étiquetage des livres m’horripile, je dois avouer qu’Elena nous offre ici une tragédie de haute volée, un roman époustouflant.

Ogliano, petit village engoncé au pied du massif de l’Argentu, abrite des familles de chevriers. Argentina Solimane a élevé seule son fils Libero Solimane. Pour lui, l’Argentu représente sa vie, son univers, son futur aussi. Quand il avait 18 ans, il avait été invité à une fête au Palazzo Delezio, la demeure du Baron, que tout le monde nommait la Villa Rose. Ces fêtes étaient annonciatrices de l’été.

Libero se rappelle l’enterrement de Bartolomeo Lenzani, un homme violent autant envers les animaux que sa famille. Libero se rappelle avoir sauvé un de ses chiens, tabassé à mort, et l’avoir appelé Lazare. Libero se rappelle que Bartolomeo avait enlevé à sa sœur Fiorella son fils Gianni, alors âgé de 14 ans pour l’envoyer travailler ; Gianni son presque frère puisque lui aussi n’avait pas de père ; Gianni si frêle et devenu un costaud aux mains de géant.

Quand un cri déchire l’assistance, un cri que Libero reconnait entre mille. La magnifique rousse, Tessa Delezio vient de se faire piquer par une guêpe. Libero est amoureux de cette jeune femme de 25 ans, délaissée par son vieux mari. Il décide même d’aller voir Nina, une prostituée brune pour qu’elle lui apprenne les mystères de l’amour. Libero se rappelle aussi ses baignades avec Raffaello, le fils lettré des Delezio. Mais un drame se cache parmi ces montagnes aux cimes intouchables.

Le décor ressemble à s’y méprendre au Sud, à la Corse ou bien à l’Italie, et pourtant il est inventé. Le village ressemble à s’y méprendre à un village de pierre perdu dans les montagnes, et pourtant il est inventé. Les histoires de famille ressemblent à s’y méprendre à celles que l’on connait, et pourtant elles sont inventées.

Elena Piacentini créé une peinture avec un personnage central sensible et innocent pour mieux nous plonger dans une histoire aux accents de tragédie digne des plus grands, qu’ils soient grecs ou français. Elle fait même intervenir en plein milieu des événements les personnages de cette histoire, comme on le faisait en laissant parler le chœur. Pour autant, elle y apporte une touche de modernité par les sujets évoqués et surtout elle y apporte une construction proche du polar.

Elena Piacentini commence en effet son roman par poser le cadre, et les personnages, et propose des anecdotes, sortes de souvenirs que Libero nous partage pour mieux nous imprégner et nous présenter ce village. Dans ces passages, la nature est décrite de façon majestueuse, le paysage est pesant, menaçant comme certains membres de ces familles dont on sent bien l’influence d’une mafia.

Puis elle nous plonge dans l’événement qui va bouleverser la vie de Libero, aussi bien dans sa sphère personnelle que dans son environnement. Le rythme va se faire plus élevé et l’auteure va faire monter la tension, à mesure que Libero découvre des secrets et les mensonges des adultes. Cela débouche sur une fin aussi dramatique que magnifique et démontre que ce roman, porté par une écriture majestueuse, se révèle bien différent de ce que l’on peut lire habituellement.

Histoires de villages, histoire d’éducation, d’émancipation, de secrets et de mensonges, Elena Piacentini nous démontre une autre facette de son talent, cette faculté de nous plonger ailleurs et de nous délivrer un message de liberté. On ressort de ce roman ébloui, épanoui et ébouriffé, et surtout heureux d’avoir arpenté les sentiers de l’Argentu en compagnie de jeune homme devenu grand, comme le roman.

Ô dingos, ô châteaux de Jean-Patrick Manchette

Editeur : Gallimard

Je continue ma découverte des romans de Jean-Patrick Manchette, avec ce roman bien implanté dans les années 70, mais qui bénéficie d’un traitement tellement moderne que c’en est surprenant. A redécouvrir !

Thompson, tueur à gages de son état, vient à peine de terminer son précédent contrat qu’il est contacté pour une prochaine affaire. L’homme qu’il rencontre dans une brasserie des Champs-Elysées lui présente la photographied’un jeune garçon roux. Le fait qu’il y ait un enfant dans le lot ne le gêne pas outre mesure. A chaque fois qu’il doit exécuter une tâche, son ulcère se rappelle à ses bons souvenirs.

Michel Hartog, architecte de renom et célèbre richissime homme d’affaires, et son chauffeur débarquent dans un asile psychiatrique pour embaucher Julie Ballanger, une pensionnaire pas très stable. Hartog a hérité des biens de son frère à leur mort et est devenu le tuteur de son neveu Peter. Julie remplacera la précédente nurse qui est partie excédée par le jeune trublion et logera dans le château.

Alors que Julie emmène Peter au jardin du Luxembourg, Thompson et ses comparses bien peu futés Bibi, Nénesse et Frédo, enlèvent Julie et Peter et les enferment dans une maison de campagne isolée. L’objectif est de faire croire que Julie est la commanditaire de la demande de rançon, ce qu’on lui demande d’écrire sur la lettre qui va être envoyée à Hartog. Mais rien ne va se dérouler comme prévu.

Voilà un roman bien étrange qui bénéficie d’un style behavioriste digne des plus grands auteurs américains. Si le roman est court, les scènes se multiplient, donnant toutes une sensation que l’on se balade dans un monde de dingues. Entre les truands responsables de l’enlèvement, l’entourage de Hartog ou même les flics ou les journalistes, seule Julie semble avoir la tête sur les épaules, ce qui est un comble pour quelqu’un qui sort d’un asile psychiatrique.

Même si ce roman n’apparait pas comme ouvertement politique, l’auteur nous montre un monde de dingue où il n’y en a pas un pour relever l’autre, et surtout il nous précise que les riches, qui ont volé leur fortune sur laquelle ils se reposent, ne sont pas là pour hausser le niveau. Cela donne une impression de furieux bordel où chacun croit savoir ce qu’il fait mais personnene maitrise rien des événements. Et l’humour décalé dans les situations aussi bien que dans les dialogues plaide dans ce sens.

Cette course poursuite va suivre un rythme croissant, débouchant sur une scène dramatique dans un labyrinthe à ne pas rater. Et le contexte loufoque présenté plus tôt dans le roman nous rend cette scène d’autant plus jouissive. Ayant remporté le Grand Prix de Littérature Policière en 1973, cette récompense vient mettre en lumière un roman original, bien particulier qui le mérite amplement.

Ce roman a aussi été adapté en Bande Dessinée par Tardi.

Tarmac blues de Gérard Carré

Editeur : Jigal

Auréolé d’articles élogieux des collègues blogueurs, je me suis lancé dans la lecture de ce polar avec envie, ayant besoin d’un polar costaud. J’ai été surpris par le rythme, la maitrise et la construction implacable. Bonne pioche !

Premier chapitre – Salomé : Chez son gynécologue, elle observe les deux formes qui se portent à merveille sur l’écran de l’échographie. Quand le docteur lui demande si elle a choisi les prénoms, elle lui répond naturellement Igor et Grichka. En sortant elle prend un taxi et appelle son mari, Léonard Delevigne, à la tête de la brigade des stupéfiants de Paris. Mais le chauffeur se trompe de route et Léonard assiste en direct à l’enlèvement de sa femme. Il a trente minutes pour leur donner le nom de la balance au sein du réseau Viking de Villiers sur Marne.

Deuxième chapitre – Léonard : Il se branche sur l’application lui permettant de tracer le portable de Salomé. Le signal le dirige vers un entrepôt dans lequel il pénètre rapidement. Il y découvre un taxi en train de brûler. Le corps à l’intérieur a été abattu d’une balle dans la tête et finit de se consumer. Léonard cherche alors sur son ordinateur de bord le réseau Viking, et tombe sur le nom de l’indic : Omar Faraoui. Le flic en contact avec Omar n’est autre que Milovan Milosevic, son presque frère.

Troisième chapitre – les deux orphelins : Léonard vit débarquer Milo dans sa classe de quatrième. Issu de la DDASS car abandonné à la naissance, Milo avait un caractère violent mais était beau comme un apollon. Ils firent connaissance lors d’un vol de la recette de la cantine où Léonard et ses parents innocentèrent Milo. Milo fut accepté dans la famille Delevigne, jusqu’à cet accident de voiture qui tua les deux parents. Léonard et Milo se retrouvèrent orphelins, frères pour la vie dans leur malheur.

Quatrième chapitre – Léonard : Quand Milo appelle Léonard, il lui propose de débarquer pour fêter les deux bébés à venir. Mais Léonard ne veut pas dire la vérité à son ami et frère, il invente une histoire où Salomé est partie se reposer chez ses parents. Car Léonard a pris sa décision : pour sauver sa femme et ses deux enfants à venir, il va trahir Milo et donner Omar aux ravisseurs.

Les chapitres ne dépassant que rarement les quatre pages, le résumé que je vous ai concocté donne une image de la construction du roman et de sa célérité. Nous allons rencontrer plus d’une dizaine de personnages, chacun ayant droit à un chapitre dédié et les scènes vont s’amonceler à une vitesse folle pour construire une intrigue passionnante. Il ne serait pas étonnant d’ailleurs d’imaginer cette histoire adaptée en film ou en série tant le découpage fait penser à un scénario … et quel scénario !

Car, outre les chapitres qui donnent un rythme élevé à la lecture, le style se veut direct et efficace, ne laissant que peu de temps au lecteur pour reprendre sa respiration. Soutenu par des dialogues qui sonnent tous justes (c’est assez rare pour être signalé), il est bien difficile de s’arrêter de tourner les pages tant on veut à tout prix savoir la suite pour connaitre enfin le fin mot de l’histoire.

L’air de rien, ce roman est un sacré pavé, car s’il affiche 365 pages au compteur, la fonte utilisée est petite et d’autres éditeurs auraient sortis ce livre en 500 pages. Mais que cela ne vous arrête pas, le scénario est en béton, et on n’y voit aucune fissure, les personnages sont passionnants et on se prend rapidement de d’affection pour eux, et contrairement à ce qu’on pourrait croire, les morts vont s’amonceler au fil de l’histoire.

Avec son style efficace, ses personnages attachants, son scenario de trafic de drogue alimentant les réseaux terroristes et sa forme qui apporte une célérité à l’ensemble et une célérité à sa lecture, ce roman se classe d’emblée parmi les excellentes lectures et s’avère un divertissement très haut de gamme. Avant de l’entamer, je vous conseille tout de même de vous munir de provisions et de reprendre votre souffle. Car une fois commencé, vous ne pourrez plus vous arrêter.

Larmes de fond de Pierre Pouchairet

Editeur : Filature(s)

Au rythme où Pierre Pouchairet publie ses romans, je dois avouer que j’ai du mal à suivre. J’avais le choix entre lire les deux petits derniers de la série Les trois brestoises, achetés lors de mes vacances estivales, ou bien lire celui-ci qui sort dans une toute nouvelle collection. On retrouve dans ce roman toutes les qualités que j’adore chez cet auteur.

Quimper. Yvonnick Oger tient une petite boutique de réparation informatique. Au moment de fermer, une sexagénaire lui apporte, affolée, son ordinateur qui n’a pas apprécié la dernière mise à jour. Rentré chez lui, il retrouve sa compagne Sandrine avec qui il partage son amour de la plongée sous-marine. Un coup de fil va abréger sa soirée : on a besoin de lui pour une mission pour récupérer un conteneur en forme de torpilles sous l’eau, de la part d’un de ses clients qui penche du coté des fachos.

Quimper. Jean de Frécourt a dépassé les soixante-dix ans après avoir magouillé auprès de tous les politiques de tous bords. En rentrant chez lui, un livreur lui amène un paquet, avant de le malmener avec un couteau. Puis on lui met une cagoule sur la tête et il atterrit dans le coffre d’une voiture, puis dans un bateau. Il doit se rendre à l’évidence, il vient de se faire enlever et se demande ce que ses ravisseurs lui veulent.

Brest. En ce dimanche matin, Léanne se réveille difficilement après le bœuf qu’elle a fait la veille au soir avec ses deux amies Sandrine et Elodie. Après un footing, direction le commissariat central où elle est sure de ne trouver personne. Elle en profite pour passer en revue ses écoutes téléphoniques en cours sur un jeune geek potentiellement livreur de drogue et un homme d’affaires douteuses. Les discussions sur le téléphone de de Frécourt montrent sa femme Gisèle affolée : elle est persuadée que l’on a enlevé son mari.

Divisé en trois parties, ce roman va réunir les deux sœurs que les habitués des romans de Pierre Pouchairet connaissent bien. La première est consacrée à Léanne, la deuxième à Johanna et la troisième se nommant Deux flics peut se passer de commentaires. L’intrigue commence donc en Bretagne, fait ensuite un détour à Nice puisque Johanna vient d’y être nommée commandant.

Deux lieux différents, deux enquêtes différentes, mais deux personnages de femme flic qui ont les mêmes qualités : une force humaine hors du commun. Toutes deux ont leurs failles, leurs cicatrices, faute à un passé tumultueux et à des regrets pesants : Léanne a vu son mari mourir et Johanna est affublée d’un boitement suite à une affaire précédente. Toutes deux ont plutôt tendance à être des têtes brulées.

Même si on n’a pas lu les enquêtes précédentes, Pierre Pouchairet nous explique brièvement les affaires précédentes, non pas pour spolier les histoires mais pour justifier la psychologie de ses personnages. Et ces enquêtes-là, qui vont se rejoindre, vont encore une fois malmener nos deux héroïnes et mettre à jour des complots qui démontrent une fois de plus l’étendue de l’imagination de l’auteur. En fait, Pierre Pouchairet donne à son œuvre une cohérence globale avec ce roman qui fait le lien entre le cycle des trois Brestoises, Tuez les tous et La prophétie de Langley.

Comme bien souvent, quand l’auteur a exercé le métier de flic, l’intrigue suit scrupuleusement les étapes d’une enquête, ce qui donne un accent vrai à l’histoire et c’est grandement appréciable. Et encore une fois, on se retrouve avec un super polar, au rythme trépident qui ne vous lâchera pas du début à la fin. Les romans de Pierre Pouchairet sont comme une drogue dure : quand on y a goûté, on ne peut plus s’en passer et on ne rêve que d’une chose, en reprendre un autre.

Des poches pleines de poches

Voici le retour de cette rubrique consacrée aux livres au format poche.

Les dames blanches de Pierre Bordage

Editeur : L’Atalante

Dans un futur proche, de mystérieuses sphères blanches apparaissent en différents endroits du monde. Elles semblent absorber les enfants âgés de trois ans, ce qui arrive à Léo, le fils d’Elodie. Les pays s’allient pour essayer de les faire exploser mais rien n’y fait. Seuls les enfants avalés permettent de freiner leur progression. L’ONU propose alors de sacrifier des enfants de trois ans, armés d’une ceinture d’explosifs, et promulgue la loi d’Isaac, celle du sacrifice d’un enfant de chaque couple.

Ce roman est rythmé par des chapitres d’une dizaine de pages, portant le prénom d’un personnage rencontré lors de l’intrigue. Il faut savoir aussi qu’aucune notion de temps n’est indiquée, mais que chaque chapitre peut se dérouler plusieurs années après le précédent. Une fois assimilé ce principe, le lecteur peut pleinement se laisser emporter par ce formidable conteur qu’est Pierre Bordage.

L’histoire fait la part belle aux personnages, dont certains se retrouve au centre de l’affaire. C’est le cas d’Elodie, la première mère victime des sphères, de Lucho Herrera, le premier artificier de l’armée française à leur être confronté, de Camille, la première journaliste qui va être consacrée comme la spécialiste des sphères, ou de Basile Traoré, ufologue qui va ressentir une sensation de chaleur à leur proximité.

Les sphères engendrant des parasites et troublant les communications, la société entière va connaitre une régression technologique, revenant par exemple aux pigeons pour communiquer. Il suffit d’imaginer une vie sans transports, sans télévision, sans aucune innovation telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’histoire va tourner aux drames terriblement émouvants sur une cinquantaine d’années pour aboutir à une conclusion emplie d’humanisme et de cri au secours envers la souffrance de la Terre. Un roman qu’il serait dommage de ne pas lire.

Goliat de Mehdi Brunet

Editeur : Taurnada

2019 : David Corvin se réveille devant sa bouteille d’alcool vide.

Septembre 2016 : Ancien agent du FBI, David s’est reconverti comme agent de sécurité à San José pour l’amour de sa femme Abigaël, qui en tant que scientifique spécialisée dans la chimie moléculaire. La prochaine mission d’Abigaël doit l’envoyer sur une plateforme pétrolière norvégienne, ce qui déclenche une grosse crise dans le couple. David décide de la suivre.

Octobre 2015 : Sur un chantier à San Francisco, le corps d’une femme est découvert mutilé  et exposé. L’inspecteur de police Curtis reçoit l’aide des agents du FBI Diaz et Munny. C’est le cinquième victime d’un tueur en série qu’ils pourchassent.

Juillet 2013 : Un Boeing 777 en provenance d’Incheon prévoit d’atterrir à San Francisco. Rowdy Yates se réjouit de retrouver sa femme Maggie, après un contrat juteux signé en Corée.

Juillet 2013 : Franck est un ancien soldat, marqué par ce qu’il a vécu en Irak. Il prend la route en direction de l’aéroport de San Francisco pour retrouver Jessica sa femme et Evelyne sa fille qui reviennent de Seoul par le vol du Boeing 777.

Juillet 2013 : Le Boeing 777 en provenance de Corée s’écrase à l’atterrissage.

Ce petit roman, par la taille, est véritablement une surprise pour moi et une véritable réussite. La construction, faite d’allers-retours entre présent et futur, passant d’un personnage à l’autre, d’un lieu géographique à l’autre, peut sembler compliquée. Il n’en est rien tant la maitrise en est impressionnante et les personnages parfaitement marqués et reconnaissables au premier paragraphe. Le fait que David Corvin soit le narrateur dans quelques chapitres rajoute à la tension et à notre envie de savoir comment cela va finir.

C’est de l’excellent divertissement, avec ce qu’il faut d’émotions, ce qu’il faut de mystères, quelques scènes morbides non explicites, et une tension qui monte jusqu’à un final fort réussi. Si l’identité du tueur est connue une centaine de pages avant la fin du roman, c’est pour mieux nous serrer entre ses serres pour savoir comment cela va se terminer. Les recettes à la fois du thriller et du roman policier sont respectées, avec une volonté de construction qui ajoute au mystère et à la tension nerveuse croissante. Le final, en pleine tempête est à la hauteur de l’attente, la conclusion noire comme il faut. Bref, ce roman est un très bon divertissement surprenant.