Editeur : Alibi
Sa couverture, son titre et son sujet ont immédiatement attiré mon attention. C’est aussi l’occasion de découvrir l’univers d’un nouvel auteur, plutôt habitué à la littérature de jeunesse.
Quand Louison sort du commissariat où elle vient de pointer dans le cadre de son contrôle judiciaire, elle aperçoit de l’autre côté de la rue Kodeveï, adossé à une Twingo. Plutôt que de le rejoindre elle décide de le semer, de fuir par le bus, puis par une course effrénée. Elle ne veut plus entendre parler de lui, de Samir, de Courtney, du club qu’ils ont formé, le Club des Mamans Mortes.
Lors de sa rentrée en seconde, elle observe les autres lycéens et se sent étrange, à part. Une élève arrive en retard, habillée de vêtements déchirés, arborant des lunettes de soleil. La nouvelle arrive en retard, s’assoit à coté de Louison et quand elles remplissent les fiches d’identification, Louison jette un coup d’œil sur celle de sa voisine, s’aperçoit que sa mère est morte … comme elle.
Louison est affublée de seins énormes, comparés à ceux de ses camarades. Pour cela, elle subit des moqueries, des harcèlements sur les réseaux sociaux de la part de ses imbéciles de collègues masculins. Courtney est la seule à prendre fait et cause pour elle. Elles deviennent très vite amies, entrent dans une relation fusionnelle et décident de créer un club. Elles vont trouver deux autres garçons qui n’ont plus de mère. Ensemble, ils vont s’autoriser à faire des bêtises, des petites puis des grosses …
Ce roman nous raconte la rencontre qui ont comme point commun d’avoir perdu leur mère tôt. Courtney, appelée par sa mère en hommage à la chanteuse du groupe Hole, s’est identifiée au style musical Grunge et surnomme d’ailleurs cette perte familiale comme le hole, un vide, une absence, un trou que rien ne viendra combler. Louison tombe tout de suite sous le charme, les autres vont suivre.
Avec son décor planté dans les années 90, avec ses extraits de chanson en tête de chapitre issus de quelques chansons grunge, nous allons plutôt suivre ces quatre jeunes en opposition, en révolte contre une société (française, je le précise) normée, calibrée, et vont petit à petit vouloir montrer leur différence et leur refus par des larcins, jusqu’à des actes tout ce qu’il y a de plus terrible. Bien sûr, on y parle de passage à l’âge adulte, mais surtout du ressenti de règles trop strictes, de leur interprétation qui vient en opposition avec leur jeune expérience ; Et enfin, de cette tentation de les enfreindre.
J’ai trouvé fort surprenant cette plume remarquable de fluidité et cette construction qui alterne entre troisième personne du singulier et narration personnelle de Louison, entre l’avant et l’irrémédiable après. La description du club, cette sensation d’appartenir à un clan est remarquablement reproduite et le suspense réside bien dans les relations et le rôle de chacun des quatre du club des mamans mortes. A la limite, j’ai juste regretté que le style soit si propre pour une histoire si noire, un bien petit reproche devant la qualité de ce roman.