Mirror Bay de Catriona Ward

Editeur : Sonatine

Traducteur : Pierre Szczeciner

L’année dernière, nous découvrions une nouvelle auteure et un roman pour le moins surprenant qui remettait sans cesse en cause les certitudes du lecteur ; il s’appelait La dernière maison avant les bois. Même si le thème est très différent, ce roman nous surprendre mais cette fois-ci, à mon avis, avec plus de maîtrise et un sujet plus sérieux. Place donc à Mirror Bay.

1989. La famille Harlow vient d’hériter de la maison de l’oncle paternel décédé et décide d’aller y passer leurs vacances estivales. Située au bord du Whistler Bay, cette région regorge de forêts, de gorges et de multiples endroits pour s’y amuser. Wilder Harlow, 17 ans, pense qu’il va s’y ennuyer et subir les disputes de ses parents. Heureusement, il rencontre deux adolescents de son âge : Nathaniel et la jeune Harper.

Pour ces jeunes, l’endroit se révèle mystérieux avec le vent qui siffle dans les entrailles des falaises. Wilder apprend par ses amis que des âmes errent dans les grottes et qu’un effrayant rôdeur s’introduit chez les gens la nuit pour prendre un polaroïd des enfants qui dorment dans leur lit. Petit à petit, les jeunes se confient leurs secrets et la réputation de ce coin perdu. L’année suivante, Wilder renvient avec ses parents pour des aventures bien plus dramatiques (ne comptez pas sur moi pour vous raconter !).

1991. Se rêvant écrivain, Wilder a quitté ses parents pour intégrer l’université. Il rêve de devenir écrivain et de raconter les événements qui se sont passés à Whistler Bay. Son premier colocataire Doug est un sportif. Il changera de chambre pour laisser sa place à Sky, jeune homme qui a déjà décidé d’écrire un roman. Les deux jeunes hommes vont se nourrir mutuellement pour écrire une histoire.

Il est bien difficile de faire un résumé du livre sans en dévoiler trop. Si vous trouvez les paragraphes précédents trop flous, c’est normal ! Au début du roman, on pense lire du Stephen King tant c’est bien fait. Et puis, dès que l’on parle d’une histoire avec des adolescents, on pense au King. Et les deux premières parties qui couvrent les deux premières années vont nous malmener avec de nombreuses révélations et des affaires criminelles terribles.

Entretemps, nous avons un paragraphe sur Pearl … mais qui est Pearl ?

Puis Wilder va entrer à l’université et le ton va changer, devenir plus sérieux et aborder tout d’abord le lien entre les deux jeunes hommes et ensuite leur rapport à la littérature. Très intéressante, cette partie offre aussi les premières dérives du roman, les premières scènes où on ne comprend pas trop comment tout cela finit par partir en vrille. En fait de vrille, il s’agit plutôt d’un voile que l’on soulève, d’une poupée russe que l’on ouvre.

Et Catriona Ward s’amuse dans la deuxième moitié du roman à nous balancer de droite et de gauche, alternant réel et virtuel, roman et vraie vie, mélangeant les personnages fictifs et vrais. Mais elle nous offre aussi et surtout une vraie réflexion sur la création, sur les auteurs, leur vie, leur douleur, sur le pouvoir des œuvres et sur le rôle des auteurs. Les écrivains ne sont-ils pas des voleurs ? ou bien est-ce la littérature qui nous dérobe notre vie ?

Je n’aime pas le terme de méta littérature que j’ai lu par-ci par-là, et qui me semble être un terme à la mode pour faire mieux vendre. Mais je dois dire que ce roman de Catriona Ward m’a amusé et aussi stimulé dans ma réflexion. Et oui, je l’ai préféré au précédent car je l’ai trouvé plus maitrisé, plus sûr de son propos. Ceux qui ont adoré le précédent vont adorer, ceux qui ne l’ont pas aimé devront passer leur chemin.

2 réflexions sur « Mirror Bay de Catriona Ward »

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