Archives pour la catégorie Littérature irlandaise

La douleur de Manfred de Robert McLiam Wilson

Editeur : Christian Bourgois (Grand format) ; 10/18 (Format Poche)

Afin de fêter leurs 60 années d’existence, les chroniques Oldies de cette année seront consacrées aux 10/18.

Quand j’ai entamé cet hommage envers les éditions 10/18, j’avais mis de coté deux romans pour les mois de novembre et de décembre, deux auteurs que j’adore.

L’auteur :

Robert McLiam Wilson, né le 24 février 1964 à Belfast, est un écrivain nord-irlandais.

Robert Wilson est né dans un quartier ouvrier et catholique de l’ouest de Belfast. Il adopte le nom de plume McLiam Wilson pour ne pas être confondu avec les « dix mille Robert Wilson dans le monde entier » (McLiam est le mot gaélique pour Wilson).

Après avoir vécu à Londres et étudié durant quelques années la littérature anglaise à St Catharine’s College (université de Cambridge), il est revenu en Irlande du Nord pour donner des cours à l’université d’Ulster.

Dès son premier roman, Ripley Bogle (1988), il remporte plusieurs prix littéraires en Grande-Bretagne ou en Irlande, le prix Rooney de littérature irlandaise (1989), le prix Ted Hughes de poésie (1989), le prix Betty Trask (1990) et le Irish Book Awards (1990). C’est la biographie romancée, à portée autobiographique pour l’auteur, d’un SDF londonien, tout à la fois génial, mais aussi hautain et nonchalant, qui a érigé le mensonge en règle de vie.

Son œuvre la plus connue, celle qui l’a fait connaître, est Eureka Street. C’est un roman foisonnant avec comme personnage central la ville de Belfast et la période dite des «Troubles » entre catholiques et protestants d’Irlande du Nord.

Robert McLiam Wilson est contributeur à Charlie Hebdo depuis fin janvier 2016. Son premier article a été publié le 20 février 2016.

(Source Wikipedia)

Quatrième de couverture :

Dans son deuxième roman, l’auteur d’Eureka Street décrit avec une concision clinique les derniers jours d’un vieil homme, Manfred, qui souffre d’un certain nombre de douleurs : physiques – qu’il refuse de confier aux médecins et dont McLiam Wilson évoque les effets avec une minutie extraordinaire -, morales, liées au souvenir de la Seconde Guerre mondiale et a son mariage avec Emma, une rescapée des camps de la mort. C’est dans les rapports entre Emma et Manfred que se noue le roman: pourquoi un mari bat-il sa femme bien-aimée?

Le sait-il seulement? Pourquoi, vingt ans après leur séparation, les deux époux (ils n’ont pas divorcé) continuent-ils de se voir chaque mois sur un banc de Hyde Park, à Londres?

Pourquoi Manfred n’a-t-il pas le droit de regarder le visage de sa femme ?

McLiam Wilson nous fait partager les tourments, les joies et les indignations d’une fin de partie parfois beckettienne, où le tragique et le burlesque s’entremêlent en un savant dosage. Et personne, sinon Dickens, ne décrit avec autant d’amour un Londres fuligineux, détrempé ou mouillé de bruine, ses soleils brouillés, son pavé luisant de pluie, les fastes de certains crépuscules et l’ennui gris de l’aube.

Mon avis :

Eh bien, voilà ! ce roman qui m’avait été conseillé lors de la publication de mon billet sur Eureka Street a réussi à me choquer. Avec son style clinique, Robert McLiam Wilson ouvre son roman sur Manfred, un vieil homme qui se découvre une nouvelle douleur. Lassé par la vie, il est prêt à baisser les bras et laisser la maladie le ronger petit à petit, laisser le fil de vie quitter son corps fatigué.

On entre donc dans ce roman avec une grosse dose de sympathie et de pitié envers cet homme qui a décidé d’en finir. Petit à petit, de petits indices nous laissent entrevoir que la situation n’est pas aussi simple que l’on peut le croire. Jusqu’à la fin de la deuxième partie qui a complètement changé ma vision de Manfred, dans une bouffée soudaine de pure haine. Et pourtant, Robert McLiam Wilson n’est pas démonstratif à l’excès, et c’est probablement ce style froid qui s’avère frappant, choquant.

La construction et le déroulement de l’intrigue sont juste remarquables, la psychologie de Manfred éminemment complexe et la réaction de son entourage bien plus explicite que ce qu’il a dans sa tête. Robert McLiam Wilson ne justifie rien, aligne les actes, les situations et nous laisse conclure pour ce qui est un roman d’une extraordinaire justesse et d’un essor dramatique sans fond. Mon Dieu ! je n’imagine même pas comment l’auteur a pu finir un tel roman sans en ressentir un malaise abyssal.

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Black’s Creek de Sam Millar

Editeur : Le Beau jardin

Traducteur : Patrick Raynal

Pour ceux qui connaissent Sam Millar, cet incontournable auteur irlandais de romans noirs, Black’s Creek va les surprendre. Il nous permet de découvrir une autre facette de cet auteur à travers une intrigue impeccablement construite.

Tommy Henderson se rappelle cet été de son adolescence, alors qu’il est en train de lire un article faisant mention d’un drame survenu dans la petite ville de Black’s Creek. Il se rappelle qu’il passait tous ses après-midis avec ses deux amis, Brent Fleming et Horseshoe, à discuter des performances des super-héros tels que Hulk ou les quatre fantastiques, allongés au soleil au bord du lac.

Tommy se rappelle quand Joey Maxwell, un adolescent de leur âge, le fils du gardien de la prison, s’est approché et a commencé à entrer dans le lac, s’est dirigé vers le large. Il se rappelle que Brent, Horseshoe et lui l’ont encouragé à aller plus loin, pour plaisanter, avant de le voir se noyer. Tommy a plongé pour le secourir mais Joey s’était attaché avec les menottes de son père à une épave de voiture au fond du lac.

Grâce à sa tentative de sauvetage, Tommy est passé pour un héros local. Mais cet événement a irrémédiablement marqué les trois amis, qui furent persuadés que Norman Armstrong, le caissier du cinéma, en était le responsable et coupable. Armstrong, surnommé Not normal à cause de son allure, subissait des accusations de pédophilie dont les garçons ont entendu parler.

Tommy étant le fils du shérif, il était au courant de l’avancement de l’enquête lors des repas en famille. Il s’était rendu compte du fossé séparant la police et la justice. Partageant son désaccord avec ses deux amis, ils se sont unis par un serment de sang de venger Joey en récupérant une arme pour au moins tirer une balle dans les couilles de Not Normal. Ils avaient alors bâti un plan.

Dès que l’on a affaire à un roman portant sur une histoire d’un groupes d’adolescent, on pense naturellement à Stephen King et sa novella Le corps (The body) adapté en film sous le titre Stand by me. Depuis, de nombreux romans ont fouillé les relations entre amis lors du passage à l’âge adulte avec plus ou moins de réussite. Black’s Creek, disons-le d’emblée, est à placer en haut du panier.

Après un prologue qui nous permet de faire connaissance avec Tommy et de positionner le mystère de l’intrigue, nous voilà projetés trente ans en arrière, quand nos trois adolescents passaient des vacances insouciantes. Et sans effectuer de longues descriptions, la magie et le talent de Sam Millar opèrent comme si nous avions toujours connu Brent le chef, Horseshoe le craintif et Tommy le modérateur du groupe.

Avec Tommy, nous allons vivre le passage dans le monde adulte, fait de règles absconses, mais aussi la difficulté du métier de policier, la façon innocente que peut avoir un enfant de la justice et par voie de conséquence l’injustice qui en résulte quand un coupable est défendu par un bon avocat et acquitté. On va aussi être confronté à des éducations différentes, aux aprioris envers les gens qui nous pourrissent la vie et nous aveuglent. On va aussi connaitre avec Tommy son premier amour. On va surtout vivre une histoire dramatique, noire, tellement bien racontée qu’elle pourrait être vraie.

Tommy étant le narrateur, le roman bénéficie pleinement de l’objectivité de son regard, et de l’évolution de sa psychologie. En particulier, la façon de montrer son évolution, ses relations avec sa mère, autoritaire et son père, qu’il voit comme le seul apte à débloquer la situation, est tout simplement fascinante. J’ai ressenti une très agréable sensation lors de la lecture de ce roman, celle que chaque personnage faisait progresser l’intrigue et non l’inverse, ce qui ajoute au plaisir et donne une véracité à cette histoire.

Enfin, il faut bien le dire, Sam Millar déploie tout son talent d’écriture, cette façon de tout décrire sans en rajouter, d’atteindre une efficacité parfaite, tant dans le contexte, les décors, les psychologies. A cela, s’ajoute le don d’écrire des dialogues savoureux, humoristiques quand il le faut, plein de tension à certains moments, expressifs en juste quelques mots. Je vous le disais précédemment, ce roman se place tout en haut du panier, une pépite noire illustrant le passage à l’âge adulte dans un environnement rural.

Traqués d’Adrian McKinty

Editeur : Mazarine

Traducteur : Pierre Reignier

Je connais et j’adore Adrian McKinty, surtout avec sa série de Sean Duffy. La curiosité m’a guidé dans un genre totalement différent, le thriller, avec ce roman orphelin, qui nous présente une traque sur une île australienne.

Tom Baxter profite d’une conférence en Australie pour y emmener sa famille, Heather sa femme et Olivia et Owen ses enfants. En tant qu’expert en chirurgie orthopédique, il doit faire une présentation le lundi et dispose du week-end pour visiter le pays. La mort accidentelle de sa précédente femme, atteinte de sclérose en plaque, va leur permettre de se changer les idées.

En visitant les environs, ils arrivent dans un petit port. Owen et Olivia insistent pour voir des koalas et des kangourous alors que Tom aimerait bien préparer son discours. Un homme conduisant un bac leur propose de se rendre sur une île toute proche où les enfants pourront admirer des animaux. Heather insiste pour y aller et un couple de hollandais se décide à se joindre à eux.

A bord de leur Porsche, ils débarquent sur Dutch Island, et le pilote de la barge leur conseille une petite forêt proche et leur conseille de ne pas quitter la route et surtout de ne pas déranger les autochtones. Dans un virage, Tom ne voit pas un vélo débouler de sa droite et l’écrase, tuant sur le coup la jeune cycliste. N’écoutant que leur frayeur d’être confrontés à des cinglés, ils décident de fuir. Mais les autochtones les rattrapent bientôt.

Et c’est parti pour une course poursuite qui va durer pendant 360 pages. Et c’est un sacré pari de tenir le lecteur en haleine aussi longtemps. On retrouve un thème proche du film Délivrance de John Boorman ou bien du roman Piège nuptial de Douglas Kennedy qui nous conseille fortement de se méfier des autochtones, et surtout ne pas les froisser et encore moins tuer un membre de leur famille.

De la psychologie de la famille Baxter à la description du clan de cinglés qui habite sur l’île, tout est bien fait pour nous faire passer un bon moment, et de tourner les pages sans se poser de questions. Bien peu de gens parmi les « visiteurs » vont en réchapper et Adrian McKinty va éviter les scènes sanglantes, se contentant de décrire ce que voit la famille. Bon point en ce qui me concerne.

L’auteur va placer en personnage central Heather, pièce rapportée chez les Baxter, en faire une battante issue de parents militaires et donc apte à soutenir les enfants dans ces épreuves. Car ce roman regorge de rebondissements et laisse bien peu de temps morts ce qui s’avère bien agréable. Je resterai juste plus réservé sur la fin, fortement capillotractée mais qui ne gâche pas l’impression d’ensemble, celle d’avoir passé du bon temps avec un bon roman de divertissement.

La jeune femme et l’ogre de John Connolly

Editeur : Presses de la Cité

Traducteur : Laurent Philibert-Caillat

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec sa dix-septième enquête. Une nouvelle fois, John Connolly nous enchante avec cet excellent thriller, cette affaire est un excellent cru. La liste des billets chroniqués sur Black Novel sur Charlie Parker est à la fin de ce billet.

Parker et Louis se rejoignent dans un bar du front de mer de Portland. Depuis qu’Angel s’est fait opérer d’un cancer des intestins, il a besoin d’évacuer son trop-plein de colère. En sortant, ils aperçoivent un pick-up avec des drapeaux confédérés en guise de décoration. Louis, étant noir, prend ça comme une provocation et  décide de la faire exploser. Il s’agit du véhicule de Billy Ocean, surnom du richissime Robert Stonehurst.

Aux pieds de la forêt des Great North Woods, Holly Weaver observe Daniel, son fils volé de 5 ans. Il est brun, elle est blonde mais elle l’aimait du fond du cœur. Tous les soirs, elle lui raconte une histoire, mais ce soir, il veut l’histoire spéciale : La jeune femme et l’ogre. Un peu plus tard, seul dans son lit, Daniel entend un téléphone sonner. Il se lève et se rend compte que cela vient du jouet dont sa mère a enlevé les piles. Doit-il décrocher ?

A Cadillac dans l’Indiana, au Dobey’s, un bar sympathique au nom du propriétaire, Leila Patton est la dernière serveuse à débarrasser les tables. Seul un Anglais aux cheveux blancs, s’appelant Quayle, lisant de la poésie, traine à une table. Une femme à l’allure de fantôme s’affiche devant les fenêtres. Quayle annonce à Dobey qu’il est à la recherche d’un enfant de cinq ans, l’enfant de Karis Lamb.

Moxie Castin, un avocat de Portland, fait appel à Charlie Parker. Dans le comté de Piscataquis, la chute d’un arbre a révélé le corps enterré d’une jeune femme qui a passé cinq années dans la tourbe. Elle a vraisemblablement mis au monde un enfant avant de mourir. Moxie Castin veut que l’on retrouve son identité car quelqu’un a gravé une étoile de David sur l’écorce d’un arbre juste en face.

Ce roman est à classer dans la veine fantastique de la série d’enquêtes de Charlie Parker. Et les différents protagonistes de la série vont connaitre des bouleversements. Angel vient de se faire opérer et souffre des suites de son opérations. Louis, son amant, commence à péter les plombs. Et en sous-main, sa fille Sam va prendre les rênes en main, pour que cela ne finisse pas trop mal.

John Connolly n’a pas son pareil pour nous raconter une histoire complexe en nous tenant en haleine de la première à la dernière page. Il nous place des pions dans la première partie et va petit à petit tracer les lignes qui vont se rejoindre. Surtout, il n’a pas son pareil pour faire monter la tension, pour recouvrir ce roman d’un voile brumeux et menaçant. Et juste au bon moment, il nous place des moments comiques, pour relâcher le stress avant de nous replonger au fond des limbes.

Indéniablement, ce roman fait partie des excellents tomes de la série. L’enquête passe d’un personnage à l’autre, dans un rythme élevé, les chapitres étant pour la plupart très courts. L’auteur fait montre d’un savoir faire qui n’est plus à démontrer et sait comme aucun autre faire surgir l’inquiétude en partant d’objets communs (l’idée du jouet qui sonne est excellente et elle me fait encore frémir). Une enquête à ne pas rater et qui est à suivre a priori.

Les enquêtes de Charlie Parker dans l’ordre :

Tout ce qui meurt

Laissez toute espérance …

Le Pouvoir des ténèbres

Le Baiser de Caïn

La Maison des miroirs

L’Ange noir

La Proie des ombres

Les anges de la nuit

L’empreinte des amants

Les murmures

La nuit des corbeaux

La colère des anges

Sous l’emprise des ombres

Le chant des dunes

Le temps des tourments

Le pacte de l’étrange

Un tueur sur mesure de Sam Millar

Editeur : Métailié

Traducteur : Patrick Raynal

Laissant de coté (provisoirement ?) sa série consacrée au détective Karl Kane, Sam Millar nous revient avec un polar noir, qui démarre comme une farce et qui est parsemé de cadavres, tout cela avec classe et humour … noir bien entendu.

Halloween. Charlie Madden, Jim McCabe et Brian Ross sont entassés dans leur camionnette et révisent leur plan. Affublés de déguisements en forme de loups, ils se dirigent vers la Bank of New Republic. Trois clients attendent encore leur tour avant la fermeture, dont un gros homme portant une mallette. Après avoir facilement neutralisé l’agent de sécurité, ils demandent à tout le monde de s’allonger et à Dana Robinson, la directrice d’ouvrir le coffre. Quand la porte blindée s’ouvre, l’intérieur vide les stupéfie. A cause d’Halloween, le coffre a été vidé plus tôt ce jour-là. Les trois compères s’enfuient donc avec la mallette qui s’avère être pleine d’argent liquide.

Le sergent Colin Lindsay reçoit l’appel signalant le braquage et le transfère à l’inspecteur principal Harry Thompson, qui ne rêve que de sa retraite. Accompagné McCauseland, Boyd et du débutant Kerr, ils se dirigent vers la banque.

Conor O’Neill, George Magee (l’homme à la mallette), Barney Denison et Seamus Nolan se retrouvent au restaurant pour un repas frugal. O’Neill est recherché par toutes les polices en tant que membre fondateur de la Fraternité pour la Liberté Irlandaise. O’Neill apprend qu’il vient de perdre un demi-million, volé par des incapables. Plutôt que de demander à Nolan, O’Neill va faire appel à tueur Haut de Gamme, Rasharkin. Nolan ne va pas se laisser faire ainsi …

Après avoir lu tous les romans de Sam Millar, je dois dire qu’on ne peut être que surpris par celui-ci. Après des romans noirs, une biographie romancée et la série Karl Kane, détective atteint d’hémorroïdes, cette histoire parait bien plus classique et bien plus loufoque. Il semblerait donc que Sam Millar ait décidé d’écrire un divertissement sur la base de courses poursuites, un divertissement haut de gamme.

Dans ce roman, tout le monde court après tout le monde, et on s’aperçoit que tout le monde est truand, un peu, beaucoup, … les situations vont s’enchainer, avec une montée en violence au fur et à mesure que l’on avance, mais toujours avec ce décalage humoristique, aussi bien dans des réparties excellentissimes que dans des descriptions décrites avec un flegme irlandais.

Car on reconnait bien la patte de Sam Millar, à la fois dans la qualité de la narration que dans les dialogues vraiment excellents et efficaces. Et je dois dire que la traduction (par Patrick Raynal, quand même !) est fortement appréciable et permet de souligner les tirades cyniques. Même quand il écrit des romans moins sérieux, plus féroces, Sam Millar nous concocte de bonnes histoires noires et ce roman est une bonne occasion d’entrer son univers.

Le pacte de l’étrange de John Connolly

Editeur : Presses de la Cité (Grand format) ; Pocket (Format poche)

Traducteur : Jacques Martinache

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec sa seizième enquête. Une nouvelle fois, John Connolly nous enchante avec cet excellent thriller. La liste des billets chroniqués sur Black Novel sur Charlie Parker est à la fin de ce billet.

Quatrième de couverture :

« Vous croyez aux fantômes, monsieur Parker ?

– Aux miens seulement. Mais peu importe ce que je crois. »

Charlie Parker, le privé tourmenté revenu d’entre les morts, est chargé par le FBI de retrouver Jaycob Eklund, un autre détective manquant à l’appel. L’homme enquêtait discrètement sur une série de meurtres sauvages et de disparitions s’étalant sur plus d’un siècle, tous associés à des événements surnaturels.

Flanqué de ses deux inséparables acolytes, Louis et Angel, Parker ne tarde pas à remonter la piste d’une mystérieuse organisation fondée au XIXe siècle, les Frères, dont les actions violentes ont laissé derrière eux des monceaux de cadavres. Mais les dangers qui guettent Parker prennent bien d’autres formes, notamment celle de la redoutable veuve d’un baron de la pègre à la tête d’un empire criminel, ou encore celle d’insaisissables fantômes qui semblent en vouloir aux vivants…

Avec l’extravagance, l’humour et le style qui le caractérisent, John Connolly continue ici à explorer l’occulte et les méandres de l’âme humaine dans ce qu’elle a de plus noir et nous prouve, si cela est encore nécessaire, qu’il est un des seigneurs de l’angoisse.

Mon avis :

Mon petit plaisir de vacances estivales …

L’intrigue entre vite dans le vif du sujet et on retrouve toutes les raisons qui font que j’adore cette série : une histoire foisonnante mettant en scène une multitude de personnages, des scènes angoissantes à souhait et le plaisir de retrouver Charlie, Louis, Angel et Samantha sa fille.

La thématique de la société secrète, les Hommes Creux, retrouvée lors des premiers tomes passe au second plan et John Connoly nous parle du monde des morts et du monde des fantômes, comme les grands auteurs de romans d’angoisse savent le faire.

Dans ce tome, Charlie Parker doit faire face à beaucoup d’éléments qui vont bouleverser sa vie, comme la demande de divorce de sa femme et son droit très restreint de visite auprès de sa fille. Nous découvrons aussi Angel atteint de maladie et qui refuse de voir un docteur, ce qui laisse augurer d’aventures dramatiques à venir.

Enfin, outre le fait que cette enquête est très tournée vers l’entourage de Charlie Parker, cette histoire est écrite avec beaucoup d’humour, surtout dans les répliques hilarantes dans les dialogues et nous laisse avec l’eau à la bouche sur l’avenir de nos amis. Vivement la suite …

Les enquêtes de Charlie Parker dans l’ordre de parution sur Black Novel sont :

Tout ce qui meurt

Laissez toute espérance …

Le Pouvoir des ténèbres

Le Baiser de Caïn

La Maison des miroirs

L’Ange noir

La Proie des ombres

Les anges de la nuit

L’empreinte des amants

Les murmures

La nuit des corbeaux

La colère des anges

Sous l’emprise des ombres

Le chant des dunes

Le temps des tourments

Ne me cherche pas demain d’Adrian McKinty

Editeur : Actes Sud

Traducteur : Laure Manceau

Après Une terre si froide et Dans la rue j’entends les sirènes, cela faisait sept ans que nous attendions la troisième enquête de Sean Duffy ; et ceci d’autant plus que chaque tome de cette série nous laisse en suspens quant au devenir de notre inspecteur.

Fin 1983. Cela fait plusieurs mois que Sean Duffy a été rétrogradé au poste de simple policier de patrouille. Ce jour-là, il rentre au poste avec ses hommes, en prenant soin de ne pas se faire tirer dessus par les membres de l’IRA. Après cette journée éprouvante, une de plus, Duffy finit au pub avec son groupe avant de raccompagner chez eux ceux qui ont trop bu et qui sont incapables de conduire, dont McGivvin dont la femme vent de partir avec les trois enfants.

Lors du trajet, leur voiture heurte un obstacle mais continue sa route. Alors que Sean Duffy ne conduisait pas, sa hiérarchie le désigne comme coupable d’avoir heurté un piéton et le renvoie de la police. Même McFaul qui était au volant, ne s’insurge pas contre cette injustice. Commencent alors pour lui des jours passés entre télévision et bière jusqu’à ce que le MI5 ne débarque et lui propose de retrouver Dermot McCann, un chef artificier de l’IRA qui vient de s’évader de prison, en échange de son immunité.

Duffy se lance donc sur les traces d’un homme qu’il a connu au lycée, bien qu’ils ne fussent pas en bons termes. La dernière fois qu’ils se sont côtoyés, c’était après le Bloody Sunday, quand Duffy a demandé à McCann de rejoindre l’IRA ; proposition qui lui a été refusée sous prétexte que Duffy obtenait de bons résultats scolaires et que l’IRA avait besoin de futures têtes. Duffy va donc visiter la famille puis les amis sans grand résultat, jusqu’à ce qu’on lui propose de résoudre un mystère de chambre close en échange d’informations capitales concernant McCann.

Après les deux fantastiques premières enquêtes de Sean Duffy, on pouvait se demander comment Adrian McKinty allait pouvoir rebondir et nous intéresser avec un travail de patrouilleur. Dès les premières pages, le stress nous prend à la gorge, dans une simple scène où la patrouille de Duffy rentre au poste, une scène tellement visuelle où la menace de se faire tirer dessus suffit à insuffler la tension.

Après le renvoi de Duffy, l’auteur choisit donc une pirouette pour retrouver Dermot McCann, en faisant intervenir le MI5. Cela va à la fois lancer l’intrigue principale, avec le risque associé d’un potentiel attentat à la bombe, mais aussi introduire le deuxième fil directeur du livre, une enquête plus classique de mystère en chambre close. Une nouvelle fois, on se laisse emmener dans cette histoire qui parait improvisée comme l’est la vie …

On retrouve tout le contexte des années 1983 / 1984, la menace perpétuelle des attaques de l’IRA, la grève des miniers en Angleterre qui débute, la poigne de fer de Margaret Thatcher qui ne cède rien, et les Irlandais toujours divisés en deux clans, sans que l’on sache qui fait partie de l’IRA et qui n’en est pas. Si l’enquête policière s’avère des plus classiques, le dernier tiers du roman fait monter le stress comme seuls les grands auteurs savent le faire.

On en apprend aussi un peu plus sur Sean Duffy, sur sa jeunesse et sur sa personnalité. Auparavant, on avait l’impression d’avoir à faire avec un inspecteur doué et obnubilé par la justice. On s’aperçoit qu’il a voulu s’insurger après le Bloody Sunday et demandé à rejoindre l’IRA. Cela laisse augurer de nombreuses possibilités pour la suite. Et on en regretterait presque la toute fin, presque trop romanesque, dans la chambre d’hôpital.

Enfin, Adrian McKinty garde cette plume acérée, descriptive mais sans un mot de trop, et ces formidables dialogues aux réparties cinglantes, à l’humour noir omniprésent teinté d’un cynisme typiquement irlandais. On a toujours droit aussi à une bande-son sans faute (d’ailleurs, les Smiths apparaissent pour mon plus grand plaisir). Toutes ces qualités font de cette série un passage obligé pour tout amateur de polar. D’autant plus qu’il en reste deux à traduire … A suivre ? Il en reste deux à traduire …

Et n’oubliez pas qu’il vous reste quelques jours pour jouer et tenter de gagner la trilogie complète !

Dans la rue, j’entends les sirènes d’Adrian McKinty

Editeur : Stock (Grand Format) ; Livre de Poche (Format poche)

Traducteur : Eric Moreau

Attention, coup de cœur !

Pour moi, il s’agit d’une relecture puisque je l’avais lu peu après sa sortie. Malheureusement, mon ordinateur avait planté et j’avais perdu un certain nombre de billets dont celui concernant la deuxième enquête de Sean Duffy. La sortie de sa troisième enquête m’a donné envie de revenir à Belfast en 1982 pour le chroniquer à nouveau. A l’époque, j’avais décidé de lui donner un coup de cœur. J’ai été tout autant emballé par cette deuxième lecture, y retrouvant tout l’allant d’il y a 7 ans … déjà ! Depuis, le roman est sorti en format poche, donc c’est une raison supplémentaire de se laisser tenter.

Adrian McKinty semble vouloir écrire son histoire de son pays, vu à travers un personnage de flic, un peu comme le fait James Ellroy avec les Etats-Unis. Et si je le cite, c’est que j’y trouve un parallèle dans la façon de mener son intrigue, où l’air de rien, on part d’une affaire étrange, on retrouve d’autres enquêtes en parallèle et tout se rejoint avec logique à la fin. Adrian McKinty applique les codes du polar, et il excelle dans ce domaine, en ajoutant un personnage d’enquêteur typiquement irlandais, Sean Duffy.

L’inspecteur Sean Duffy et le sergent McCrabban sont appelés suite à la découverte de traces de sang dans une usine désaffectée de Carrickfergus. En suivant les traces, Duffy et McCrabban se dirigent vers les bennes à ordures. Après un tirage au sort à pile ou face, Duffy est désigné pour fouiller dans les immondices, et trouve un corps congelé dans une valise de voyage. Les mains, les pieds et la tête sont absents, rendant l’identification difficile.

L’autopsie, réalisée par la médecin légiste Laura Cathcart, la compagne de Duffy, révèle que l’homme a été empoisonné avec l’abrine, un poison extrêmement rare issu du pois rouge. Laura en profite pour annoncer à Duffy qu’elle va accepter une proposition de professeur en Ecosse, ce qui lui permet de quitter l’Irlande du Nord, ce pays miné par une guerre civile toujours plus violente de jour en jour. Sur le dos de la victime, on peut y lire un tatouage « Nul sacrifice n’est trop gran », auquel il manque le d, qui peut éventuellement leur donner une piste à suivre.

Quelques jours plus tard, deux avancées vont faire rebondir cette affaire. Le tatouage est typique de soldats américains, ce qui est étonnant : on n’imagine pas des touristes venir ici vu la situation du pays. Lors de l’analyse de la valise, un collègue de Duffy y trouve un carton sur lequel est inscrit le nom du propriétaire de la valise, Martin McAlpine. Duffy est étonné d’apprendre que McAlpine est mort dans son jardin, abattu vraisemblablement par l’IRA. Duffy et McCrabban vont donc rendre visite à la veuve de McAlpine et commencer à dérouler la pelote de laine.

Si l’intrigue respecte les codes du polar, et place ce roman aux cotés des plus grands du domaine, elle se singularise par son contexte et sa façon de le présenter. Dans Une terre si froide, Adrian McKinty nous parlait de la situation de l’Irlande du Nord après le décès de Bobby Sands suite à sa grève de la faim. Dans ce roman, en 1982, nous voyons l’impact de la guerre des Malouines. Avec ce conflit, la Grande Bretagne va envoyer ses troupes et donc déserter les zones d’émeutes irlandaises. Les policiers vont donc remplacer l’armée, sous le feu et les jets de pavés, d’autant plus qu’en face, ils sont armés par la Lybie avec des armes de guerre.

Adrian McKinty s’appuie sur son personnage de Sean Duffy, seul policier catholique dans un pays protestant, dénigré par ses collègues malgré de belles résolutions d’enquêtes qui lui ont permis d’obtenir une médaille. On le retrouve plongé en plein cœur d’un pays ravagé, parmi des immeubles détruits par les bombes, assourdi par les tirs à chaque coin de rue, et malgré cela, cherchant à tout prix la solution de l’énigme à laquelle il a affaire. Quelle n’est pas notre surprise quand les Etats-Unis s’invitent dans cette danse macabre !

La grande force de ce roman se situe à la fois dans la présence de Sean Duffy, mais aussi à la peinture du contexte et à de multiples petits détails permettant de nous plonger dans ce monde d’apocalypse. Par exemple, Sean Duffy vérifie avant de prendre sa voiture qu’elle n’est pas piégée par un interrupteur au mercure. Et puis, il y a ce ton, cet humour grinçant, cynique, dans les dialogues, qui font beaucoup rire et qui permettent d’expliquer comment les habitants peuvent supporter cette situation, tout en ne sachant pas s’ils seront encore vivants le lendemain. Et puis il y a la Bande Son. Qui peut se targuer de citer dans un même roman Joy Division et Nick Drake ? Exemplaire !

Coup de cœur, je vous dis !

Eureka Street de Robert McLiam Wilson

Editeur : Christian Bourgois (Grand format) ; 10/18 (Format poche)

Traducteur : Brice Matthieussent

Attention : coup de cœur !

Ils sont deux : Jake Jackson et Chuckie Lurgan ; Amis à la vie, à l’amour, à la mort. Pourtant, tout les oppose. Jake est catholique, Chuckie est protestant. Jake est un violent nerveux, donnant du poing à la moindre contrariété, Chuckie est un calme et gentil fainéant. Jake est récupérateur (et parfois, il faut être persuasif) de biens mobiliers quand les pauvres habitants de Belfast ne peuvent plus honorer leur emprunt, Chuckie cherche un moyen de se faire du fric facilement.

Avec son esprit bagarreur, qu’il traine devant lui pour son travail mais aussi dans sa sphère personnelle, Jake pleure le départ de Sarah, sa copine. Comme il plait à la gent féminine, il se retrouve à guetter les signes des jeunes femmes qui s’intéresseraient à lui, comme Mary, la jeune serveuse du pub. Chuckie a un physique ingrat, bedonnant mais  sa vie change le jour où il tombe amoureux de Max, une jeune américaine d’une beauté évanescente, fille d’un diplomate assassiné.

Leur vie coule entre recherche de l’âme sœur et survie dans une ville en pleine crise économique, rythmée aux battements des attentats à la bombe, qui ne les étonnent plus. A la limite, leur jeu consiste à déterminer où la bombe a bien pu exploser, à la force du son qui leur parvient. La vie de Chuckie change le jour où il a l’idée de passer une petite annonce pour vendre des articles sexuels, qui lui permet de ramasser plusieurs dizaines de milliers de livres.

Cette chronique de vies de trentenaires dans une ville en souffrance est juste une étoile dans un ciel noir. La volonté de l’auteur de prendre comme personnages des habitants simples, et ce centrer l’intrigue sur les amours de ces deux jeunes gens s’avère d’autant plus efficace quand il s’agit d’aborder des scènes extrêmement fortes, autant par les émotions qu’elles transportent que la violence qui en est induite.

Le ton n’est jamais larmoyant, ou triste à pleurer ; c’est même tout le contraire. Tout en auto-dérision, l’auteur excelle dans l’humour noir et cynique, tout en ayant des répliques décalées et cinglantes, typiques de l’humour irlandais. Si on peut penser que le mode de vie et de pensée de ces jeunes est irresponsable, détaché de toute réalité, il faut plutôt y voir une nouvelle génération des années 90 qui refuse d’adopter les combats de leurs aînés, et qui veut enfin vivre.

 Pour autant, chacun des personnages va exprimer ses opinions et donner lieu à des passages d’une lucidité fantastique par la simplicité avec lesquelles elles sont exprimées. On y trouve par exemple ce paragraphe à propos des attentats qui tuent des innocents : « C’était la politique de cour de récréation. Si Julie frappe Suzie, Suzie ne frappe pas Julie en retour. Suzie frappe Sally à la place. »

L’histoire se déroule comme tous les grands romans populaires et possède un souffle et une force inoubliable, quasiment universelle, et tous les personnages résonneront longtemps en nous ; en particulier ce terrible chapitre 11 qui, au milieu d’une période calme, entre soirées au pub et repas familiaux, va décrire un attentat qui va impacter nos petits groupes. Et il est bien difficile de ne pas pleurer en le lisant.

C’est aussi un roman sur l’amitié, plus forte que tout, la loyauté au-delà des clivages de territorialité, de nationalité ou de religion, de règles de vie, de fierté, de parents pris dans la tourmente mais toujours là en soutien, d’amour bien sur, toujours plus fort que tout. Et le nombre de passages que j’ai envie de partager est énorme. Je vais mettre ce roman à coté de mon lit pour relire quelques passages comme ceux que je vais partager :

« C’était Poetry Street. C’était le Belfast bourgeois, plus feuillu et plus prospère qu’on ne l’imagine. Sarah avait trouvé cet endroit et nous y avait installés pour mener notre vie arborée dans notre quartier arboré. Chaque fois que ses amis anglais ou sa famille nous avaient rendu visite, ils avaient toujours été déçus par l’absence de voitures calcinées ou de patrouilles militaires dans notre large avenue bordée d’arbres. De la fenêtre du bas, Belfast ressemblait à Oxford ou Cheltenham. Maisons, rues et gens avaient l’apparence cossue de revenus confortables. »

Ou encore :

« Et comme d’habitude, le ton est monté – le ton montait toujours dans les bars de Belfast. L vieille recette usée : La démocratie constitutionnelle, la liberté par la violence et les éternels droits de l’homme. Autrefois, nous discutions de femmes nues, mais au bout de quelques années, chacun de nous a cessé de croire aux mensonges des autres (…) Je veux dire que, pour lui (Chuckie), l’histoire et la politique étaient des livres posés sur une étagère, et Chuckie ne lisait jamais. »

Allez, une dernière sur l’efficacité des paramilitaires protestants :

« Malgré tous les mythes grand-guignolesques de protestants assoiffés de sang, ils n’arrivaient pas à la cheville des catholiques. Pourtant, Chuckie pensait que  leurs opérations étaient plus simples que celles des autres. La complexité politique ne leur convenait pas. Ils voulaient terroriser les catholiques. Et ils les terrorisaient en tuant des catholiques. Chuckie avait toujours eu le sentiment qu’ils excellaient en ce domaine. »

Coup de cœur !

Le temps de tourments de John Connolly

Editeur : Presses de la Cité (Grand format) ; Pocket (Format poche)

Traducteur : Jacques Martinache

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec sa quinzième enquête. Une nouvelle fois, John Connolly nous enchante avec cet excellent thriller. La liste des billets chroniqués sur Black Novel sur Charlie Parker est à la fin.

Quatrième de couverture :

Au nom du Roi Mort

Jerome Burnel, héros un temps célébré puis déchu et expédié en prison pour pédophilie, n’a pas cessé de clamer son innocence. À sa libération, il prend contact avec Charlie Parker, le privé à l’âme tourmentée, et lui explique qu’il a été victime d’un coup monté. Le récit de Burnel a des accents de vérité, et sa disparition soudaine achève de convaincre Parker d’enquêter.

L’ancien flic, toujours choqué par son expérience de mort imminente, n’a de toute façon plus rien à perdre. Le voici embarqué sur les traces d’une communauté de Virginie occidentale, l’Entaille, qui vit en marge de la société selon ses propres règles, imposées par le meurtre et la terreur, et sur laquelle plane la présence d’un mystérieux Roi Mort.

Mon avis :

Si le début peut déconcerter avec ces chapitres alternant différents personnages, l’intrigue racontée par la quatrième de couverture va se mettre en place efficacement pour nous donner un thriller impressionnant. Jérôme Burnel ayant tué deux voleurs va être considéré comme un héros avant que la police ne découvre des liens pédophiles sur son ordinateur. Mais les deux hommes qu’il a tués sont en fait des créatures faisant partie d’une communauté, l’Entaille.

Je ne vais pas me répéter sur ce que j’ai déjà dit à propos du cycle Charlie Parker, tant on prend du plaisir à lire ses enquêtes, parsemées d’humour. John Connoly insiste sur les communautés secrètes qui cachent le Mal et ce volume là est une nouvelle fois exemplaire. J’ai l’impression que l’on entre dans un nouveau cycle, depuis Sous l’emprise des ombres,  où Charlie Parker lutte contre la source du mal et il poursuit des êtres malfaisants figurant sur la liste qu’il a trouvée dans un avion abandonné.

L’autre aspect intrigant de ce roman réside dans le rôle de sa fille Sam et de ses relations avec sa fille morte. Elle prend de plus en plus d’importance dans cette lutte, restant toujours cachée, au deuxième plan mais intervenant de façon primordiale dans la clôture de ce roman. Par contre, pour en savoir plus, il va vous falloir vous jeter sur ce fantastique roman où la tension et la menace sont omniprésentes.

Les enquêtes de Charlie Parker dans l’ordre de parution sur Black Novel sont :

Tout ce qui meurt

Laissez toute espérance …

Le Pouvoir des ténèbres

Le Baiser de Caïn

La Maison des miroirs

L’Ange noir

La Proie des ombres

Les anges de la nuit

L’empreinte des amants

Les murmures

La nuit des corbeaux

La colère des anges

Sous l’emprise des ombres

Le chant des dunes