Le sang des innocents de SA.Cosby

Editeur : Sonatine

Traducteur : Pierre Szczeciner

Attention, coup de cœur !

J’avais beaucoup aimé son précédent roman, La Colère, à tel point que j’avais acheté dans la foulée son premier Les routes oubliées, que je n’ai pas encore lu. J’ai l’impression que Shawn A. Cosby a progressé de deux étages tant Le sang des innocents est formidable ! La couvertue, absolument géniale, donne le ton.

Charon est une petite ville de Virginie, hébergeant 15 000 habitants. Si l’esprit suprémaciste blanc perdure, la population noire qui représente la moitié de la population a fait élire Titus Crown au poste de Shérif après la mort du précédent chef de la police locale dans un bête accident de la route. C’est la première fois qu’un noir accède à ce niveau de responsabilités. Titus a travaillé quelques années au FBI avec de revenir dans sa ville natale pour s’occuper de son père vieillissant.

Alors que l’ambiance est calme à Charon, Titus est appelé en urgence au lycée Jefferson Davis où on lui annonce qu’une fusillade est en cours. Il convoque toute son équipe sur place et découvre un jeune noir LatrellMacDonaldqui a abattu Jeff Spearman, un des professeurs les plus appréciés pour son soutien à tous les élèves, quelle que soit leur couleur. Malgré son appel au calme, Titus voit Latrell relever son fusil et ses adjoints sont obligés de l’abattre.

Grâce à son expérience, Titus dirige l’enquête et surtout la communication entre deux communautés qui se tolèrent mais qui se haïssent profondément. Avant que le corps soit envoyé à la morgue, il récupère le téléphone portable du professeur de géographie et utilise l’empreinte digitale du mort pour le déverrouiller. Il découvre alors des photographies de trois hommes torturant et mettant à mort de jeunes enfants noirs. S’il identifie Latrell et Spearman, il lui reste à trouver le troisième homme.

L’introduction du roman est confiée à Stephen King himself, et je ne peux qu’être d’accord avec ce qu’il dit : « Ce qui rend [ce roman] âpre et profond, c’est son impeccable portrait d’une petite ville rurale et les relations complexes, voire violentes, entre les citoyens noirs et blancs de Charon. Titus Crown se trouve dans la zone grise qui les sépare, un pied dans chaque camp. Par moments, « Le Sang des innocents » est un puissant conte gothique typique du sud des États-Unis. » Stephen King, The New York Times.

J’insiste beaucoup dans mes avis sur l’idée de départ d’un roman et la création du personnage de Titus Crown, shérif noir dans une ville aux racines blanches du Sud des Etats-Unis en est l’exemple parfait. Il se retrouve avec un pied dans chaque communauté, « le cul entre deux chaises », obligé de ménager les deux camps, qui si en surface, ils doivent cohabiter pacifiquement, en réalité se haïssent.

Titus Crown se retrouve à mener cette enquête de façon très directive, puisqu’il se retrouve être le seul à avoir un peu d’expérience dans ce cas de meurtres grâce à son passage au FBI. Et d’ailleurs, tout le monde se repose sur lui, son équipe, la population et les différentes communautés. Mais il se retrouve aussi dans l’obligation de gérer les pressions venant des Noirs qui lui demandent protection, les Blancs qui attendent une impartialité, les différents groupes religieux qui revendiquent leur importance et enfin les médias qui courent après un scoop juteux.

Vous l’aurez compris, et c’est, pour moi, la force, la puissance de ce roman. Shawn A. Cosby ne met pas en avant l’enquête mais place au premier plan à la fois le contexte explosif de cette petite ville et les personnages que l’on finit par connaitre si bien que l’on a l’impression d’avoir toujours vécu à Charon. Il réussit à trouver un équilibre parfait, entre la vie publique et la vie privée de chacun, et trouve dans le personnage de Titus Crown la figure universelle d’un être humain tiraillé entre ses droits, ses devoirs, son expérience, son éducation et ses racines, un dilemme impossible à résoudre.

A cause des conditions météorologiques (la bonne excuse !), j’aurais lu ce roman doucement, j’aurais pris mon temps. A chaque fois que j’ai ouvert le roman, j’ai retrouvé un plaisir incommensurable, l’impression de retourner voir des gens, des vrais gens dans une ville que j’ai toujours connue, arpentée. Et ce personnage de Titus, écartelé entre les différentes communautés, bercé d’illusions de pouvoir rapprocher les gens qui sont opposés, est une formidable illustrations des maux qui hantent le Sud des Etats-Unis, mais aussi notre société. Ne croyez pas que ce roman comporte un message fataliste, il se termine bien sur un message humaniste, fort, indispensable, formidable.

Coup de cœur, formidable coup de cœur.

8 réflexions sur « Le sang des innocents de SA.Cosby »

  1. Coucou Pierre. En effet, ta chronique est un coup de cœur à elle toute seule. Pourquoi ai-je l’impression d’avoir entendu parler du titre ? Je l’ignore. Je trouve ce livre « vachement » intéressant à lire. Je ressens le boum du coup de cœur. Quel enthousiasme ! Je ne puis te promettre de le lire. Et pourtant….. 😉🌹Bises Geneviève

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  2. Bonjour, je compte bien lire ce roman de S.A. Cosby parce que j’ai lu La colère l’été dernier et il m’a énormément plu. J’attends de le trouver en bibliothèque. Bonne après-midi.

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