Il et moi de Philippe Setbon

Editeur : TohuBohu éditions

Depuis ses parutions aux éditions du Caïman, j’essaie de lire les romans de Philippe Setbon au fil de l’eau. Son petit dernier sort aux éditions TohuBohu, toute jeune maison d’édition et c’est une nouvelle fois un scénario fantastique.

Constantin Lepage, dit Costa est un acteur cinquantenaire, qui voit bien sa carrière décliner et qui se cherche un rôle.

Jean-Louis Rey est romancier et scénariste, et son dernier roman vient d’être refusé par sa maison d’édition.

Willy Willemetz est à la tête de sa maison d’édition, Double-V éditions et c’est aussi le meilleur ami de Jean-Louis. Mais il est bien ennuyé depuis que sa femme Elise a demandé le divorce.

Pour se venger, Jean-Louis monte un traquenard et propose à Willy de lui faire rencontrer un tueur à gages de ses connaissances, Henk Van Der Weld. Il pourrait s’occuper de gommer ses problèmes matrimoniaux. Puis, Jean-Louis propose à Costa un rôle à sa mesure, si ce n’est que ce sera dans la vraie vie. Après sa rencontre avec le tueur (en réalité Costa, vous l’aurez compris) et quelques jours de réflexion, Willy accepte le marché et paie 50% de la somme promise.

Costa, qui s’est pris au jeu, va se déguiser et aller voir la femme volage pour lui dire que son mari veut la tuer. Mais elle se met à paniquer devant l’air inquiétant de cet homme qui s’est introduit chez elle sans prévenir. Dans le feu de l’action, Henk Ven Der Weld / Costa lui lance un cendrier massif à la tête et la tue. Pris au dépourvu, il balance le corps par la fenêtre pour faire croire à un suicide et tape une lettre sur le micro-ordinateur. Ce qui ne devait rester qu’une blague va se transformer en spirale infernale.

Il et moi ou Il est moi ? Tout est question d’identité dans ce roman, avec un superbe jeu de mot en guise de titre. Tout part d’une situation simple, comme à chaque fois avec Philippe Setbon que je lis depuis maintenant quatre polars. Et après, tout déraille, juste à cause d’un petit grain de sable. Ce qui est remarquable dans ses romans, c’est la logique avec laquelle va se dérouler l’intrigue, ajoutée à une fluidité de l’écriture.

Ici, la situation de blague vengeresse va placer Costa, excellent acteur, dans un rôle qui va le hanter, au point de créer chez lui une bipolarité. Tout le sel de l’histoire va dans un premier temps résider dans la spirale infernale dans laquelle les deux compères vont s’enfermer, puis savoir comment tout cela peut bien se terminer. Et concernant Philippe Setbon, il faut vous attendre à une fin … surprenante et fort bien trouvée. On peut même y trouver une réflexion sur les acteurs, capables de se glisser dans la peau de personnages, et le risque de perdre leur propre personnalité, voire leur peau …

On n’a pas le temps de s’ennuyer, le roman est découpé en scènes qui chacune va constituer une brique à insérer dans le mur. Les dialogues vont participer à la logique de l’histoire, il n’y a pas de psychologie à rallonge, les actes parlent d’eux-mêmes. Bref, tout ceci ne vous surprendra pas si vous connaissez déjà Philippe Setbon. Sinon, c’est le moment de découvrir cet extraordinaire artisan de polars. Et encore une fois, ce roman là est une grande réussite à mettre au crédit d’un auteur injustement méconnu.

Ne ratez pas les avis de Julie et de PsychoPat sur QuatreSansQuatre

14 réflexions sur « Il et moi de Philippe Setbon »

      1. Non, non, tu as dit, je copie tel quel « …le roman est découpé en scènes qui chacune va constituer une brique à insérer dans le mur ».

        Puisque durant ta lecture, tu as dû jouer avec des briques et construire un mur, te voici maçon ! 😛

        J’aime

  1. Salut. Tu disais que tu allais lever un peu le pied pour cette année. Es-tu sur de l’avoir levé le pied ? 4 Chroniques en une semaine, toutes aussi instructives les unes que les autres. J’arrive pas à suivre et je vois pas mes PAL qui augmentent. Quel est ton secret ?
    Amitiés

    J’aime

  2. En même temps ce n’est pas pour me déplaire. J’attends, comme tous les lecteurs de ce blog, chaque chronique avec une certaine impatience. Et je reste admiratif de ton rythme de lecture et de la qualité des chroniques.

    J’aime

    1. Ah ben merci Olivier, ça me fait énormément plaisir ! Quant au rythme de lecture, les transports en commun et la volonté de ne pas regarder la télé y sont pour beaucoup. Par exemple, je suis en train de lire Marche ou greffe de Olivier Kourilski, je l’ai commencé ce matin et je vais probablement le finir ce soir car le roman est impossible à lâcher ! Bref, tu sais ce que je vais en dire ! Amitiés

      J’aime

  3. Je connaissais pas Setbon. Erreur corrigée avec ce Il et (est) moi. Je l ai dévoré en deux jours. La fin est désarmante et sujette a interprétation a mon avis. Par son intrigue il m a rappelé plusdeproblemes.com de Pichon. Deux styles différents mais quel panard dans les deux cas.

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.