C’est mort et ça ne sait pas de San-Antonio

Editeur : Fleuve Noir

Je continue mon exploration des romans de San-Antonio avec un petit voyage dans les années 50, un roman que j’ai pioché au hasard dans ma pile de San-Antonio. Le mois prochain, nous passerons en revue quelques romans des années 90.

Les anecdotes :

C’est mort et ça ne sait pas est un roman publié en avril 1955 par Frédéric Dard sous le nom de plume de San-Antonio, il est le 15ème de la série policière San-Antonio. Chez l’éditeur Fleuve noir, il porte d’abord le numéro 71 de la collection « Spécial Police », puis en 1976 le numéro 55 de la collection « San-Antonio ».

C’est la première fois que San-Antonio travaille en collaboration avec la police criminelle, en l’occurrence avec l’inspecteur principal Mignon et et l’inspecteur Georgel.

Si la quatrième de couverture parle du pape, le sujet tourne autour d’une secte sataniste.

San-Antonio a 35 ans

Il est à noter que ce roman a été traduit dans plusieurs langues : Anglais-Américain (Stone dead) ; Italien (Pollo alla diavola) ; Espagnol (Estar muerto y no saberlo) ; Allemand (Unternehmen Luzifer) ; Roumain (Asta-i mort si habar n-are).

Le roman est dédié Au Professeur Edmond LOCARD, son… poulain de retour, en affectueuxhommage.

Mon résumé :

En une semaine, deux personnes ont été retrouvées assassinées : le corps de Mme Permezel a été repêché égorgé dans le canal Saint-Martin, et l’agent d’assurances Triffeaut a été poignardé dans la poitrine alors qu’il était garé dans le parking des Galeries Lafayette. Le point commun réside dans un prospectus présentant un Jésus hilare entouré de prostituées. San-Antonio connaissant les groupes sectaires de Paris, il est appelé à la rescousse.

San-Antonio s’invite donc dans une messe noire chez les Lucyfériens, qui sont à l’origine du prospectus. Une dizaine de spectateurs semblent prier devant une femme nue allongée sur un autel. Une fois la célébration terminée, San-Antonio, à coup de menaces musclées récupère la liste des membres de la secte et leurs donations. Les deux morts n’en font pas partie. De retour chez le Vieux, San-Antonio apprend qu’il va travailler en collaboration avec la police criminelle sur cette affaire, et faire équipe avec l’inspecteur Georgel.

Mon avis :

San-Antonio va enquêter en solo sur cette affaire, c’est-à-dire sans Pinault, ni Bérurier ni le Vieux. Bien qu’il soit affublé d’un inspecteur de la police criminelle, il passera la majeure partie du roman seul à faire avancer l’enquête. Ladite enquête commence avec deux morts et une messe noire, et donne le ton pour le reste : beaucoup d’humour, une narration fluide et une intrigue menée de main de maître.

L’enquête va donc avancer pas à pas avec des déductions tout ce qu’il y a de plus logique. Et le fait que San-Antonio rencontre des quidams parisiens tout le long de ses tribulations va nous donner l’occasion à nouveau d’apprécier l’écriture imagée de Frédéric Dard, cette faculté de brosser humoristiquement un portrait tant et si bien que l’on rit en même temps qu’on imagine parfaitement l’homme ou la femme en question.

J’ai lu ici ou là que Georgel aurait pu inspirer le personnage de Bérurier à venir. Personnellement je n’y ai pas vu de filiation évidente. Par contre, dans cette histoire peu sexuelle par rapport aux tomes suivants, le rythme est soutenu, vif, sautillant, les jeux de mots incessants, le cynisme toujours présent. Et on y trouve des digressions fantastiques sur la vie morose de ses compatriotes, la mort, la religion, la routine mortelle, la curiosité morbide des Français … on pourrait citer des dizaines de sujets abordés en quelques paragraphes qui sont de grands moments d’humour.

Quelques citations impayables :

« Of course, sa bourgeoise l’attend dans une cuisine qui sent le gratin de chou-fleur et la crotte de chat. Il y a son rond de serviette dans son assiette, ses granulés pour l’estomac à droite de son verre et ses pantoufles à gauche de la porte d’entrée. Georgel, il va au ciné le dimanche après-midi, quand il pleut ! Encore un zouave au destin Prisunic, façon Triffeaut améliorée Dupont, Durand, Dubois. Des types comme ça, la terre en est couverte. Ils jouent gravement à la vie, une vie durant. Ils font de la bicyclette, des enfants et leur service militaire… Et puis un jour on les descend à trois mètres sous terre et leurs veuves leur rendent sous forme de couronnes toutes les fausses perles qu’ils leur ont offertes durant leur petite existence… »

« Comme dit cette grosse enflure de Bérurier : la différence qu’il y a entre une chaude-piste et une hirondelle, c’est qu’on peut pas attraper une hirondelle ! »

« La routine! Avec ses habitudes grises, son accablante permanence ! Son prévu, son inéluctable… La routine, immuable, perfide, moisie, corrosive! La routine et ses traites acceptées, ses oui sacramentels, ses bains de pieds du dimanche, ses un-an-et-un-jour, ses neuf mois, ses cinquante-deux semaines, sa chiotte de calendrier, son horloge parlante ! Au quatrième top il sera l’heure de vous faire tartir, l’heure de jouer à papa-maman, l’heure d’y aller du cigare, l’heure de mener les mouflets at the public school. »

« La résignation c’est la force des humbles, des ratés, de ceux pour qui la vie ne se donne pas la peine de truquer. En général il n’arrive jamais rien d’extraordinaire (comme un assassinat) à ces gens là. Ils cannent de la vésicule, à la guerre ou dans un accident de moto… Un point final, c’est tout ! Pas de destin hors série. Le leur vient d’Uniprix, et ils en font bon usage, les chéris… Ils l’habillent chez Elders, le chaussent chez André, l’emmènent au ciné le samedi soir, et au terrain de camping de Villennes le dimanche après-midi… Et pourtant, Triffeaut, le doux, le tendre bricoleur, a eu une mort mystérieuse, une mort qui a fait sensation et a justifié sa bouille sur deux colonnes à la une du « Parisien Libéré ». »

Ce billet aurait été moins complet sans les blogs suivants :

http://francois.kersulec.free.fr/FK/SA/HTML/livre.php?CodeLivre=CEMECNSP&DepuisListe=LivresSAOA-%-Non&PosDansListe=27

https://touchezmonblog.blogspot.com/2021/04/san-antonio-cest-bath-la-preuve-par-neuf.html

https://feusurlequartiergeneral.blogspot.com/2010/06/cest-mort-et-ca-ne-sait-pas.html?m=0

11 réflexions sur « C’est mort et ça ne sait pas de San-Antonio »

      1. Re-Salut, tu vas rire. Tous les matins, j’envoie par mail à mon équipe une citation de SA pour bien démarrer la journée ! une bonne façon de bien démarrer la journée. Amitié

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