Violence d’état de André Blanc (Jigal)

Un jour ou l’autre, nos chemins se seraient croisés, entre André Blanc et moi-même. A force de lire du bien de ses polars, à force de lire les quatrièmes de couverture qui me parlent, il était obligé que j’ouvre un de ses romans. Après être passé au travers de ses deux précédents (mais ce n’est que partie remise) que sont Farel et Tortuga’s bank, voici donc le troisième opus des enquêtes de Farel.

C’est un accident de la route comme un autre. Ça aurait pu passer inaperçu, mais les hasards de la vie font que de petits événements ont des conséquences qui peuvent être lourdes. Dans l’explosion de la citerne pleine de carburant sur le périphérique de Lyon, dix morts sont à déplorer, dont les quatre occupants du corbillard qui suivait le camion. Sauf que dans ce corbillard, il n’y avait pas de corps dans le cercueil, mais des armes et de la drogue. Le commandant Farel et son adjoint Lucchini sont appelés sur place.

Lors du débriefing du matin, Jimmy Liergal, le petit nouveau, expert en informatique, détaille le trajet du fourgon mortuaire grâce à l’exploitation des cameras. Celui-ci est identifié au péage de Vienne. Après avoir fait une pause à Bron, où ils rencontrent des complices, ils se retirent de l’argent puis s’échangent deux sacs lourds. L’analyse des dents des morts donnent des identités : Joseph Corbin, ancien militaire et actuellement connu comme mercenaire et Igor Strabine, connu des services de police et fils de Jean Strabine, dit le traqueur, redoutable assassin. Le véhicule appartient aux Pompes Funèbres Méditerranéennes, dirigées par Lazar Varlamov d’origine russe. Avec ces quelques indices, le commandant Farel et la juge Fournier vont mettre à jour un montage financier qui dépasse l’entendement.

Si je donne autant de détails sur le début du roman, c’est pour mettre en valeur plusieurs choses qui sont, à mon avis, les qualités dont fait montre cet auteur :

Premièrement, l’enquête regorge de détails, et tout est remarquablement réaliste. Des différents services de police aux moyens d’investigation mis en œuvre, tout cela confère à une immersion totale dans le service du commandant Farel et on a donc énormément de plaisir à être plongé au cœur de l’action.

Deuxièmement, ça va vite. Imaginez que mon résumé ne fait que balayer les trente premières pages. C’est vous dire comme de nombreuses choses se passent et que le rythme est soutenu du début à la fin.

Troisièmement, cette écriture est tout bonnement diabolique. Les dialogues sont succincts et formidablement prenants, les descriptions ne dépassent pas quelques lignes. Tout est dosé, millimétré. C’est du pur régal.

Quatrièmement, les personnages qui peuvent paraitre caricaturaux (ce sont des justiciers modernes, incorruptibles, sortes de chevaliers sans peur et sans reproche) sont passionnants, car André Blanc nous les montre dans leur simplicité, sans en rajouter sur leurs failles ou leurs peurs.

Enfin, le sujet est tout bonnement effarant. Gageons que tout ceci n’est que de la fiction … mais quand même ! Sur les milliards que brasse un pays, combien (de milliards) passent inaperçus dans la poche de l’un ou de l’autre … ou d’un pays à l’autre.

Si le but de l’auteur n’est pas de marteler que tous nos politiques sont pourris, j’y vois en tous cas une volonté d’ouvrir les yeux du lecteur, qu’il arrête de croire ce qu’on lui serine au journal télévisé pour essayer de comprendre ce qu’il y a derrière les décors de papier que l’on veut nous faire prendre pour des ors.

En cela, ce roman est extraordinaire, c’est une formidable réussite. Et je dois bien dire que dans ce genre là, Violence d’état est un roman intelligent, passionnant et que vous vous devez de le lire … pour découvrir un pan caché et inavoué des scandales de la république. Violence d’état est un roman important, qui vous fait prendre conscience de votre état de citoyen. Et un citoyen a pour devoir de juger ses représentants sur ce qu’ils font.

Vous trouverez les différents avis sur ce roman sur le site des éditions Jigal

19 réflexions sur « Violence d’état de André Blanc (Jigal) »

  1. J’ai découvert les éditions Jigal il y a peu et avec plaisir. Elles semblent assez axées sur la dénonciation sociale et politique (ce qui n’est pas étonnant pour du polar). A te lire, l’intrigue et le style tiennent aussi la route : ça n’est pas toujours le cas…

    Aimé par 1 personne

    1. Jigal sort des polars passionnés. Ils sont parfois politique mais pas toujours (Georget, Trait bleu). C’est une maison d’édition qui vaut le détour, assurément. Et je l’aime beaucoup, même si parfois, j’accroche moins pour certains de leurs auteurs … mais on ne peut pas tout aimer, n’est ce pas ? BIZ

      J’aime

  2. Hé oui, Pierre, il m’arrive de lire un roman avant toi. Tu as parfaitement fait la synthèse des qualités de ce polar et de la nécessité pour nous citoyens lambda de faire preuve de discernement. Ceci dit, cela fait bien longtemps que je sais que l’on ne sait que ce que l’on veut bien nous dire et que ce que l’on nous dit n’est pas forcément vrai. Et ça, c’est terrible ! Amitiés.

    J’aime

  3. J’ai beaucoup aimé moi aussi, je n’avais lu que Farel auparavant, il m’a manqué le chaînon entre les deux Tortuga’s bank qui m’aurait expliqué certaines choses sur les personnages. Mais à part cela, ce genre de polar politico-financiers mené de telles mains de maître est absolument passionnant
    Amicalement,

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.