Oldies : Que la bête meure de Nicholas Blake

Traducteur : Simone Lechevrel

Editeur : Bibliobus

Editeur original : Editions de le Nouvelle Revue Critique

C’est l’ami Claude et son coup de cœur qui a attiré mon attention sur cette réédition et m’a donné l’idée de le lire pour ma rubrique Oldies. Voici donc un classique et un grand moment intemporel du roman policier que les Anglo-Saxons appellent Whodunit.

L’auteur :

Cecil Day-Lewis est le fils du révérend Frank Cecil Day Lewis et de Kathleen Squires. Après la mort de sa mère en 1906, il est élevé à Londres par son père, avec l’aide d’une tante. Il étudie à Sherborne School et à Wadham College, dont il sort diplômé en 1927. À Oxford, il rejoint le cercle formé autour de W. H. Auden et l’aide à éditer Oxford Poetry 1927. Son premier recueil de poèmes, Beechen Vigil, paraît en 1925.

Dans sa jeunesse, Day-Lewis adopte des idées communistes, devenant membre du Parti communiste de 1935 à 1938, et ses premiers poèmes sont marqués par le didactisme et une préoccupation pour les thèmes sociaux. Il s’engage comme partisan dans l’armée républicaine pendant la guerre civile espagnole, mais, après la fin des années trente, il perd peu à peu ses illusions.

En 1928, il épouse Mary King, la fille d’un professeur, et travaille comme maître dans trois écoles. En 1951, il se marie en secondes noces avec l’actrice Jill Balcon.

En 1935, pour compléter les revenus tirés de ses poèmes, Day-Lewis décide d’écrire, sous le pseudonyme de Nicholas Blake, un roman policier, Il manquait une preuve (A Question of Proof), pour lequel il crée le personnage de Nigel Strangeways, un détective amateur, neveu d’un officier de Scotland Yard. Nigel Strangeways est modelé sur W.H.Auden, mais devient une figure moins extravagante et plus sérieuse au fil de son évolution dans les seize romans et trois nouvelles où il apparaît. Ainsi, Strangeways perd sa femme, présente dans les premiers romans, lorsqu’elle meurt « sous les bombardements pendant le blitz […], devient l’amant de Clare Messinger, sculptrice célèbre, qui le soutient au cours de cinq de ses enquêtes » et assiste lui-même à sept reprises l’inspecteur écossais Blount. Le roman de Nicholas Blake le plus célèbre demeure Que la bête meure (The Beast Must Die, 1938), adapté au cinéma, en 1969, par Claude Chabrol, avec Jean Yanne, Michel Duchaussoy, Caroline Cellier et Anouk Ferjac dans les rôles principaux ». Au total, dix-neuf romans appartenant au genre policier seront publiés par Day-Lewis qui parvient grâce à eux à vivre de sa plume dès le milieu des années 1930.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il travaille comme rédacteur de publication au ministère de l’Information, une institution moquée par George Orwell dans son uchronie 1984 (également basée sur l’expérience d’Orwell à la BBC). Dans son travail, il s’éloigne de l’influence d’Auden et développe un style lyrique plus traditionnel. Plusieurs critiques affirment qu’il a atteint sa pleine stature de poète avec Word Over All (1943), quand il achève de prendre ses distances avec Auden.

Après la guerre, il rejoint l’éditeur Chatto & Windus comme rédacteur en chef. En 1946, il est lecteur à l’université de Cambridge, publiant ses lectures dans The Poetic Image (1947). En 1951, il se marie avec l’actrice Jill Balcon, fille du producteur de cinéma Michael Balcon. Plus tard, il enseigne la poésie à l’université d’Oxford, où il est professeur de poésie de 1951 à 1956.

De ses deux mariages, Day-Lewis a eu cinq enfants, en particulier l’acteur Daniel Day-Lewis et le journaliste Tamasin Day-Lewis, ainsi que l’écrivain et critique télé Sean Day-Lewis, qui a écrit une biographie sur son père, C. Day Lewis : Une vie littéraire anglaise (1980).

Il est nommé poète lauréat en 1968, succédant à John Masefield. Day-Lewis est également président du Conseil des Arts, dans la catégorie littérature, vice-président de la Société royale de littérature, membre honoraire de l’Académie américaine des arts et des lettres, membre de l’Académie irlandaise des Lettres et professeur de rhétorique à Gresham College, à Londres.

Day-Lewis meurt le 22 mai 1972, dans le Hertfordshire, dans la maison de Kingsley Amis et d’Elizabeth Jane Howard, où il demeurait avec son épouse. C’était un grand admirateur de Thomas Hardy, et il s’est arrangé pour être inhumé aussi près que possible de la tombe de l’écrivain, au cimetière de l’église St. Michael’s, à Stinsford.

(Source Wikipedia)

Le sujet :

Un chauffard tue un jeune garçon avant de prendre la fuite. Désespéré, le père entreprend la traque du meurtrier. A force d’obstination, et aidé par le destin, il est mis sur la piste de Paul, un être odieux, vulgaire, haï de tous, véritable tyran domestique envers sa femme et son fils. Il parvient à entrer dans l’intimité de cette famille, bien décidé à se venger et tuer l’assassin de son fils. Il profite pour cela d’une sortie en bateau, mais tout ne se déroule pas comme prévu… Paru en 1938, ce roman à énigme ambitieux, sombre et intense, a été adapté au cinéma par Claude Chabrol en 1969 avec Michel Duchaussoy dans le rôle du père et un Jean Yanne parfait en individu abject.

Mon avis :

Vous qui considérez Agatha Christie comme un génie du roman policier, sachez que je situe ce roman au même niveau que les meilleurs œuvres de la Grande Dame. Tout y est minutieusement placé, décrit, et c’est une étude psychologique impressionnante qui n’a pas pris une ride. L’écriture est d’une grande modernité et très littéraire. Bref, c’est un classique de la littérature policière et un passage obligé pour tout amateur du genre.

En effet, le roman peut se découper en trois parties. La première est un recueil des mémoires de Frank Cairnes, qui écrit des romans policiers sous le nom de Felix Lane. Comme l’enquête sur le meurtre de son fils et le délit de fuite du chauffard n’avance pas, il couche ses impressions sur le papier pour lui-même, pour se soulager. Et il se met petit à petit à mener l’enquête en parallèle de la police.

La deuxième partie concerne le meurtre (mais je ne vous dis pas qui, quoique vous le sachiez si vous avez vu le film de Claude Chabrol). Enfin, dans la troisième partie, se déroule l’enquête, où Nigel Strangeways, le personnage récurrent de Nicholas Blake va enquêter avec l’inspecteur Blount.

A partir de là, avec toutes les cartes en main, l’auteur va jouer une partie de cartes avec le lecteur, lui donnant des atouts pour apprécier la psychologie de tous les personnages, et pour dérouler le mystère avec lui. Ainsi, après deux ou trois scènes d’interrogatoires, nous verrons Blount et Strangeways faire des hypothèses et des déductions qui se révèlent être les mêmes que celles du lecteur.

C’est cette logique alliée au fait que l’on est vraiment acteur qui fait que ce livre est tout simplement fantastique. Quant à la résolution de l’énigme, inutile de vous dire que vu les nombreuses pistes que vous aurez suivi, vous y aurez surement pensé mais sans avoir la justification de l’acte. Et même si vous avez vu le film, vous serez encore surpris par le roman ! C’est une excellente idée d’avoir remis au gout du jour ce grand moment de littérature policière. N’hésitez plus !

 

11 réflexions sur « Oldies : Que la bête meure de Nicholas Blake »

    1. C’est ton billet qui m’a soufflé l’idée et ta réponse à mon commentaire. J’avais prévu de lire le Jim Thompson Pottsville ou plutôt de le relire … ce sera pour le mois prochain ! Sacré roman en tous cas et je me demande pourquoi je ne lui ai pas mis un coup de coeur … peut-être parce qu’il y en a un de coup de coeur en approche … Suspense ! Amitiés

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