Juste après la vague de Sandrine Collette

Editeur : Denoel – Sueurs Froides

Il y a des auteurs que je suis prêt à suivre, quelque soit la direction qu’ils prennent. Sandrine Collette fait partie de ceux-là, et ce depuis son premier roman, le génial Des nœuds d’acier. Alors, depuis 2013, j’attends avec impatience le petit dernier, je l’achète le jour de sa sortie … et je le garde au chaud pour l’été. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être est-ce une façon de ne pas être influencé par les avis des collègues blogueurs qui sortent à ce moment là. Avec Juste après la vague, Sandrine Collette frappe fort, une nouvelle fois.

Un Volcan s’est effondré, créant un gigantesque tsunami. La mer est montée, balayant les habitations alentour. Pata, Madie et leurs neuf enfants se retrouvent isolés dans leur maison, située sur une colline, au milieu d’une mer à perte de vue. Ils apprennent à vivre de peu, limitant leurs repas et vivant avec l’élevage de leurs poules et coqs. Mais les soubresauts de la terre font que l’eau continue de monter.

Les jours passant, l’avenir s’assombrit, les réserves diminuent. Les parents sachant qu’ils ne tiendront pas longtemps décident de prendre la barque pour rejoindre les Hautes Terres. Mais en considérant qu’il faut prendre des réserves pour la traversée d’une dizaine de jours, ils ne peuvent pas prendre tout le monde à bord de la barque. Ils ont donc un choix douloureux à faire : Qui des trois enfants vont-ils laisser derrière eux ?

Louie le boiteux, Noé le nain et Perrine la borgne se réveille sans les parents. Madie leur explique dans une lettre qu’ils ont du partir mais qu’ils vont revenir les chercher dans 12 jours. Ils ont de quoi tenir à condition de respecter les règles et les rations de nourriture. Louie le plus grand aura la responsabilité de son frère et de sa sœur.

Sandrine Collette a le don de surprendre. C’est tant mieux pour nous. Le titre peut faire penser au gigantesque tsunami qui a ravagé l’Indonésie en 2004, et on a du mal à s’imaginer l’intrigue que peut tirer Sandrine Collette de cet événement. Et comme d’habitude, cet événement ne sert qu’à fournir un décor, totalement imaginaire pour mieux creuser les psychologies d’une famille.

Sans entrer dans des détails macabres (elle aurait pu insister sur les corps rejetés par la mer, leur état de décomposition), Sandrine Collette préfère parler de survie et de réaction face à une catastrophe. Mais elle parle surtout de la famille et de l’amour des parents pour leurs enfants, de confiance, d’espoir et de déceptions. Et comme je l’ai déjà dit dans mes précédents billets, le décor a beau être fantastiquement beau, grand et sans fin, Sandrine Collette arrive à créer un huis-clos. Et ce n’est pas un huis-clos oppressant, c’est un huis-clos stressant. Sandrine Collette est l’inventeur de l’huis-clos en plein air.

Il faut être fou pour se lancer dans une histoire comme celle-là. D’un coté, trois enfants qui survivent en attendant leurs parents car ils vont revenir, c’est sur ! De l’autre, les parents qui voguent sur une barque en espérant que tout au fond de l’étendue bleue apparaitra un morceau de terre. Je vais vous dire : ce roman m’a fait penser à Lifeboat d’Alfred Hitchcock, où sans une once de musique, le maître arrive à nous passionner dans un espace aussi confiné qu’une barque. Ce roman est du même niveau, aussi passionnant.

Outre la survie des enfants, je ne me rappelle pas avoir lu un roman fouillant aussi profondément la relation du père et de la mère envers leurs enfants. Ce que j’y ai lu, c’est la différence entre un père se battant pour la survie de sa famille de son clan, et une mère dont chaque enfant est un morceau de sa chair. Si c’est une lecture personnelle, je vous l’accorde, c’est un des aspects qui rendent ce roman incroyablement juste pour moi et inoubliable. Sandrine Collette nous a concoctés encore une fois une formidable réussite, qui interpelle nos sentiments les plus profonds.

8 réflexions sur « Juste après la vague de Sandrine Collette »

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