Le chouchou du mois de novembre 2020

Le mois de novembre avait mal commencé avec ce confinement à demi-confiné. La conséquence se voit dans mes choix de lecture, à savoir des lectures plus légères, humoristiques ou bien des romans courts.

Commençons par l’humour, car nous en avons bien besoin en ce moment. J’avais beaucoup aimé Du rififi à Bucarest, Arthur Weber est de retour dans Micmac à Bucarest de Sylvain Audet-Gainar (Editions Ex-Aequo). Alors qu’il était embringué dans des histoires compliquées suite à un héritage de son oncle en Roumanie, le voici accusé (à tort rassurez vous) de nombreux meurtres et futur papa de jumeaux. De quoi bouleverser ce jeune homme sensible. On louera le ton léger, décalé et les scènes inventives et drôles.

Tonton est de retour dans le passé. Dans Un truand peut en cacher un autre de Samuel Sutra (Flamand Noir), on le retrouve un certain 10 mai 1981 et il imagine un casse que lui seul peut monter. Le style devient flamboyant, volontairement désuet et littéraire comme l’époque le fut, et le rire est au rendez-vous plusieurs fois par page. Un Samuel Sutra au summum de sa forme.

Parmi les Romans courts, pourquoi ne pas en prendre 6 pour le prix d’un. Le prix de la vengeance de Don Winslow (Harper & Collins) nous propose 6 novellas toutes dans des genres différents et toutes sont d’un très haut niveau polardesque. Il est étonnant de trouver Don Winslow aussi à l’aise pour raconter des histoires courtes.

Noir côté cour de Jacques Bablon (Jigal) est le cinquième roman de cet auteur et on retrouve son style rapide et direct que l’on aime tant. Tout part de quelques habitants d’un immeuble parisien et Jacques Bablon les lâche dans la nature. Pour notre plus grand plaisir de lecteur de polar, bien sur !

Depuis que j’ai donné un coup de cœur à Nous avons les mains rouges, j’ai décidé de lire les romans de Jean Meckert parus dans la collection Arcanes. La marche au canon de Jean Meckert (Joëlle Losfeld) montre un soldat subissant la débâcle de 1940, de son engagement à la fuite. Augustin va passer par tous les sentiments pour clamer enfin son message antimilitariste. Un grand roman.

Amateurs de thrillers, vous vous pencherez forcément sur Face Mort de Stéphane Marchand (Fleuve Noir) qui flirte avec le roman d’anticipation. Avec sa trame de terrorisme chimique, l’auteur monte une intrigue tendue, nous faisant voyager de la Lybie jusqu’aux plus hautes sphères de l’état français. De la belle ouvrage.

L’ange rouge de François Médéline (Manufacture de livres) est à classer dans les thriller mais c’est un roman décidément pas comme les autres. La poursuite d’un serial killer mystique se fait à travers un commandant de police miné par son passé et l’auteur nous fait voyager entre rêve et cauchemar, entre réalité et fantasme.

Je ne sais pas pour vous, mais je pense qu’il est bon de savoir d’où l’on vient. C’est pour cela que j’aime bien des romans qui visitent le passé contemporain. Pimp de Iceberg Slim (Points) nous replonge dans les années 60, dans le monde de la prostitution, et nous conte dans cette biographie romancée la vie d’un souteneur. Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire ce roman très bien écrit et éclatant dans la vérité qu’il montre.

Les jardins d’hiver de Michel Moatti (HC éditions) va nous emmener dans l’Argentine de la dictature menée par la junte militaire. Mais Michel Moatti ne fait rien comme les autres. Il choisit de donner la parole à un jeune professeur français qui va croiser la route d’un auteur argentin qui va disparaitre. L’auteur y creuse de nombreux thèmes et se permet même de nous réserver une fin que je ne peux que qualifier de géniale.

Le titre de chouchou du mois revient donc à Ce lien entre nous de David Joy (Sonatine) pour toutes les qualités littéraires qui viennent soutenir une histoire terrible, lovée au creux d’un petit village des Appalaches. De la succession des scènes qui font monter la tension, jusqu’au style fantastique d’évocation, David Joy se place parmi les auteurs américains contemporains les plus intéressants pour décrire l’état de son pays.

Je vous donne rendez-vous le mois prochain pour un bilan annuel, et j’en profite pour vous souhaiter de bien terminer cette année terrible. En attendant, n’oubliez pas le principal, protégez-vous, protégez les autres et lisez !

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