Editeur : Les Arènes – Equinox
Traductrice : Mathilde Helleu
Si vous cherchez un polar bien ficelé et prenant, alors ce titre devra faire de vos bagages estivaux. C’est signé Jon Sealy et c’est publié aux Arènes, une sacrée découverte encore à mettre au crédit de cette petite maison d’édition.
Années 80, Floride. Les Etats-Unis sont toujours en lutte à distance envers Cuba, le pays communiste le plus proche. La CIA ne prend pas le sujet à la légère, entre menace potentielle des immigrés cubains pouvant fomenter une révolte et financement d’une éventuelle révolte pour faire tomber Fidel Castro. Mais ne peut être fait au grand jour, donc elle finance une société légale chargée de gérer les fonds au cas où …
Cette société se nomme Artium. Son directeur financier Bobby West est chargé d’investir cet argent dans des entreprises de façon à ce que les liquidités soient disponibles rapidement. West est passionné par son travail, il croit à la ligne directrice de la CIA et à la défense des Etats-Unis mais il est bien peu doué en ce qui concerne les placements financiers, car Artium est un véritable gouffre.
Alexander French va le contacter pour lui proposer un marché : blanchir l’argent de la drogue venant d’Afghanistan. De façon subtile, il arrive à lui montrer que cette activité est totalement patriotique puisqu’elle coupera l’herbe sous les pieds des trafiquants cubains. Et Bobby West a dramatiquement besoin d’argent pour combler le trou qu’il a créé, quitte à en emprunter quelques liasses pour lui-même.
Il stocke donc des millions de dollars chez lui, dans un coffre qu’il a fait aménager et en donne une partie à un homme de main de French chaque semaine. Sa fille Holly avec qui il est en froid va faire une fugue avec un jeune homme pas très futé et en profiter pour lui « emprunter » le contenu du coffre. A tous les étages, c’est la panique. Bobby West et sa femme vont engager un détective privé ; la police est sur les dents, Alexander French va demander à ses hommes de retrouver l’argent tout en engageant Chekhov, une tueuse à gages.
Ah ! les années 80, l’omnipotence affichée des Etats-Unis sur le monde, l’impunité de ses actions extraterritoriales, le titre autoproclamé de « gendarme du monde », le règne de l’argent Roi, le No limit … Faire du fric à tout prix et se débarrasser une bonne fois pour toutes du communisme, seule idéologie politique pouvant leur faire un peu d’ombre. Voilà le contexte historique de ce roman.
On pourrait croire que Bobby West soit le personnage principal de ce roman mais il n’en est rien. Chacun va avoir droit à ses chapitres et dans une construction effrénée consistant en diverses courses poursuites. Tous, quels qu’ils soient sont de véritables truands, des espions, des mafieux, des barbouzards, des tueurs courant après l’argent de la drogue. Et dans ce milieu-là, on ne plaisante pas.
Dans une ambiance chaude et lourde, l’auteur nous fait courir (et rire) à une vitesse folle, pour une lecture jouissive où on ne prête aucune sympathie à aucun des protagonistes, puisqu’ils sont tous coupables à leur niveau. Florida, c’est une sorte de Chamboule-tout qui dézingue à tous les étages sans aucune pitié. Et sous ses airs de divertissement Haut-de-gamme, Jon Sealy nous offre un roman brillant, intelligent et remarquablement instructif. Une lecture obligée pour votre été.