Priya, le silence des nonnes de Marie Capron

Editeur : Viviane Hamy

La curiosité m’a poussé vers ce roman, la deuxième enquête de Priya Dharmesh, après La fille du boucher. N’ayant pas lu la première enquête, ce sera pour moi une découverte de l’univers de Marie Capron. Et le moins que je puisse dire, c’est que ça saigne !

Petits enfants du célèbre chimiste de la French Connection, Tristan et Bérénice Martinez tiennent une entreprise de savons artisanaux. En réalité, dans leur sous-sol, ils tentent de mettre au point la drogue idéale, qui serait réalisable simplement avec des produits du commerce. Leur voisin McKay leur rend parfois visite et son but en tant qu’agent dormant de la CIA est de les surveiller.

Suite à son enquête précédente, la commissaire Priya Dharmesh, malgré sa cinquantaine bien entamée, a décidé d’engager les démarches administratives pour adopter Lison Ober, la fille maltraitée des tueurs en série. Priya se rend à un entretien avec sa mère Pandialé, une femme forte et fière. La psychologue ne parait pas commode, voire réticente à ce dossier. Effectivement, en plein entretien, Priya reçoit un coup de fil du « Boss ».

Elle doit se rendre avec son adjoint Ziad au carmel de Montmartre où des nonnes sont enfermées dans une salle sans accès. Une fois la porte ouverte, les corps affreusement découpés laissent penser qu’elles se sont entretuées et dévorées. La seule explication avancée serait qu’elles auraient été droguées à leur insu. Tout de suite, Priya pense à un empoisonnement de l’eau.

Habituellement, je ne serais pas allé au bout de cette lecture, car je vous garantie qu’il faut avoir le cœur bien accroché. Certaines scènes sont réellement gore, même si leur description est succincte. Sauf que voilà, je me suis laissé emporter par le style frappeur, comme des séries incessantes d’uppercuts, tapant sans arrêt sans nous laisser un seul moment de répit.

Marie Capron a un vrai ton personnel, et aussi un univers personnel. Elle situe son intrigue dans un futur proche, une sorte de mélange entre la situation actuelle et un futur proche qui pourrait être probable. Cela lui donne l’occasion de trouver des astuces pour faire avancer l’enquête sans avoir l’air de sortir des indices du chapeau magique. Elle va aussi insuffler un brin d’espionnage, faisant intervenir la CIA et les magouilles entre les pays, la manipulation des média pour faire croire au peuple des inepties, uniquement pour que les gouvernements puissent se sortir de la mouise dans laquelle ils se sont mis eux-mêmes.

Mais à travers son histoire, Marie Capron, avec son style frondeur, s’octroie tous les droits dont celui de donner son avis sur notre société actuelle ou celle qu’elle pourrait devenir. On apprend que le gouvernement français a fait marche arrière sur la privatisation de la police ! Que la France sombre dans l’islamophobie, que les hôpitaux manquent drastiquement de moyens, que l’école est laissée à l’abandon, laissant libre place au développement des écoles privées réservées aux riches. Et que dire des fausses informations disséminées par les pouvoirs publics eux-mêmes sur les réseaux sociaux, du trafic de drogue dont les dirigeants profitent à plusieurs niveaux, des difficultés d’adoption où les futurs parents sont jugés avec des raisonnements psychologiques à deux balles ?

J’ai plus été intéressé par ces aspects sociologiques que par l’intrigue réellement sanglante mais je reconnais à Marie Capron un réel talent dans l’écriture de son roman, renouant avec les pulp américains. Et je retiendrai ces scènes remarquables, ces personnages inoubliables avec une mention spéciale pour Pandialé sans oublier ce groupe policier qui vit comme s’ils étaient une famille, soudée devant l’adversité. Une belle découverte mais il faut avoir le cœur bien accroché.

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