Solitudes de Niko Tackian

Editeur : Calmann-Levy

Depuis Toxique, j’essaie de suivre le rythme de parution annuel de Niko Tackian, les achetant dès leur sortie, avec l’assurance de lire un polar costaud. Comme ce roman a été écrit pendant le premier confinement, la façon de dérouler l’intrigue est forcément particulière.

Garde-nature dans le massif du Vercors, Elie Martins s’apprête à affronter une violente tempête de neige. A la poursuite d’un loup, il remarque des traces et se demande qui peut bien se promener dehors par ce temps. L’apparition de traces de sang le pousse à continuer son exploration jusqu’à un vieux pin au tronc fendu. En en faisant le tour, il découvre un corps pendu et appelle la police.

La lieutenante Nina Melliski est immédiatement convoquée sur place, et elle doit faire deux heures de route depuis Grenoble. Quand elle arrive, l’endroit est déjà sécurisé par des rubalises et elle assiste au décrochage du corps. Il s’agit d’une jeune femme, et sur son dos, l’assassin a gravé à même la chair un mot en grec ancien : αλήθεια, ce qui signifie Vérité. A la vue de ce mot, Elie est troublé.

Elie Martins a connu une histoire peu commune : quelques années auparavant, quelqu’un lui a mis un sac en plastique sur la tête, avant de lui tirer une balle dans la tête. Lors de l’autopsie, le médecin légiste a vu sa main bouger et s’est rendu compte qu’il était vivant. Après une longue période de coma, Elie a survécu, conservant la balle dans sa tête, mais avec une amnésie totale quant à son passé.

Elie est-il victime ou coupable ? Le corps de cette jeune femme est-il son œuvre ou un message qui lui est destiné ?

A côté des enquêtes de son enquêteur récurrent Tomar Kahn, Niko Tackian nous offre des romans orphelins tels que celui-ci. Ce doit être l’occasion pour l’auteur de sortir d’un cadre qu’il a créé, de laisser libre cours à son imagination. En tous cas, ce roman écrit pendant le premier confinement montre clairement la nécessité de la liberté de l’esprit devant l’enfermement obligatoire pour des causes sanitaires.

Cela a dû être une sorte de délivrance pour Niko Tackian que d’écrire ce roman, et on sent bien son besoin de retrouver un lien avec la nature, sa joie de retrouver de grands espaces, ici des paysages montagneux et enneigés, couverts d’une nature forestière à la fois belle mais aussi inquiétante et mystérieuses. Car pour rajouter du stress à son intrigue, il ajoute une tempête de neige aussi violente que rare.

J’ai retrouvé dans ce roman tout ce que j’aime dans les romans de Niko Tackian, une intrigue rigoureuse, fort bien menée, une écriture très visuelle et une angoisse parfaitement travaillée. On y trouve peu d’action, beaucoup de descriptions des décors et paysages mais les chapitres courts ne dépassant que rarement 4 pages permettent une rapidité de lecture et une sensation de vitesse dans le déroulement de l’intrigue.

Enfin, les personnages sont très finement travaillés, minutieusement construits ; ce sont même probablement les mieux faits de tous les romans que j’ai lus de lui. Même peu nombreux, chacun comporte des psychologies et a des réactions parfaitement en lien avec ce qu’il est. Ce sont eux qui portent le message d’une sorte de dualité antinomique, un enfermement intérieur face à une nature grandiose, d’où le titre Solitudes.

J’attendais de ce roman un polar costaud, il l’est assurément.

Message Personnel : Merci Coco

6 réflexions sur « Solitudes de Niko Tackian »

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