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Les gentils de Michael Mention

Editeur : Belfond

Si vous êtes un fidèle de Black Novel, vous savez que je suis un fan de Michael Mention, dont j’ai lu tous les romans depuis 2014. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, et il ne me viendrait pas à l’esprit de rater la dernière production d’un auteur au style particulier, personnel et assumé. Ce roman comporte toutes les passions de Michael.

Paris, 1978. Franck Lombard ne peut se résoudre à oublier le drame qui l’a frappé. Lors du braquage de la boulangerie du coin, un homme, drogué probablement, bouscule la fille de Franck. Violemment. La tête frappe le mur … Franck a perdu sa raison de vivre. Il croit que la police va vite trouver le meurtrier. Des jours passent, des semaines, des mois … et toujours aucun résultat.

Sa rage monte, devient insoutenable ; sa femme l’a quitté ; il ne lui reste que la voix de sa fille qui l’accompagne à chaque pas qu’il fait. Il se prend en main, en l’absence d’information, zone dans le quartier des drogués, et n’en retire qu’un passage à tabac. Quand il retourne dans la boulangerie, désaffectée depuis le drame, il tombe sur un squatteur qui lui parle d’un homme arborant un tatouage Anarchie sur l’épaule. Son assassin aurait migré à Toulouse dans une clinique de désintoxication.

Franck se résout à vendre sa boutique de disques à Didier, son collaborateur pour disposer d’argent liquide et se lancer dans sa quête personnelle de vengeance. Là-bas, avec la maigre description du bonhomme, il obtient un nom, Yannick et une destination : il serait tombé amoureux d’une Jane, camée aussi et le couple aurait rejoint une association d’aide aux drogués à Marseille. Le périple de Franck ne fait commencer …

Pour un passionné de musique comme Michael Mention, il fallait bien qu’un jour il aille plus loin que nous laisser en fin de roman sa play-list. C’est chose faite avec ce personnage de Franck, disquaire de métier, dont la musique majoritairement sombre des années 70 va rythmer sa vie, trouver un sombre écho à sa quête personnelle. Car ce roman nous impose un voyage autant intérieur qu’extérieur …

Voyage intérieur tout d’abord, puisque Franck est le narrateur de cette histoire. On y trouve donc beaucoup de pensées et très peu de descriptions extérieures (surtout dans la partie française du roman, puisqu’il est un homme refermé en lui-même, bouillonnant de rage aveugle. Dans ces moments-là, la rythmique lourde accompagne chaque battement de cœur, les pauses apparaissent à chaque indice avant de nous replonger avec une guitare basse entêtante, obsédante.

Voyage extérieur aussi et surtout car Michael Mention nous créé un scénario incroyable en France, puis en Guyane où la force, la puissance, la détermination ne suffise plus à le tenir debout. Ses pensées noires font place à un paysage d’un vert obsédant, tout aussi dangereux, où là aussi, la rythmique vient pulser les lignes, exploser les phrases, quand un danger surgit ou même quand il est aux portes de la mort de soif.

La rythmique est voulue omniprésente dans ce roman, l’auteur jouant avec les mots, adaptant ses phrases au moment raconté, sans jamais perdre l’objectif : montrer jusqu’au bout la passion ultime de son personnage, l’aspect subjectif de cette histoire, qui est une des plus grandes réussites sur un homme obstiné qui a tort (ou pas ?), une histoire qu’il use, torture, déforme pour un final que l’on ne peut deviner en entamant le roman.

De la culture populaire, autre que musicale, on y décerne bien l’influence du cinéma de la fin des années 70, ces films de fous tels que Apocalypse Now ou Voyage au bout de l’enfer (Mon film préféré de tous les temps). Michael Mention réussit la gageure de créer des scènes visuelles telles qu’elles m’ont ramené dans une jungle verte à vomir, opaques et tellement dangereuse car trop calmes.

Voilà pourquoi j’aime Michael Mention et ce qu’il écrit. Il nous parle des Hommes, de leur folie, passée ou présente, revendique sa culture, n’en a pas honte et la revendique, et fait revivre avec son propre style ce que l’on peut ressentir au plus profond de soi. Alors oui, Les Gentils est probablement son livre le plus personnel, probablement le plus difficile à écrire pour lui (imaginer pour un père de perdre sa fille est au-delà de l’horreur) mais c’est avant tout un grand roman de folie.

Sous l’emprise des ombres de John Connolly

Editeur : Presses de la cité (Grand Format) ; Pocket (Format Poche)

Traducteur : Santiago ARTOZQUI

Je continue mon exploration de l’univers de Charlie Parker avec sa treizième enquête. Il semble que John Connolly ait trouvé la bonne recette pour nous servir d’excellents thrillers. La liste des billets chroniqués sur Black Novel sur Charlie Parker est à la fin.

Quatrième de couverture :

Avec sa vieille église, ses habitants riches et discrets, la petite ville de Prosperous, dans le Maine, a toujours suscité l’envie. Mais son harmonie est fragile et l’arrivée de Charlie Parker – qui enquête sur la disparition d’une jeune héroïnomane – ébranle la communauté tout entière. Prosperous est prête au pire pour cacher ses secrets car, cette année encore, elle doit s’acquitter d’une certaine dette…

Charlie Parker doit mourir pour que Prosperous survive.

 » Un roman époustouflant.  » L’Avenir

Mon avis :

Whaou ! Quelle enquête ! Quel roman !

Cette enquête est racontée selon deux fils directeurs : celui de Charlie Parker et celui des habitants de Prosperous. Charlie va être attiré par une affaire étrange : un sans-abri est retrouvé pendu chez lui alors qu’il économisait pour engager le détective pour retrouver sa fille. A Prosperous, les habitants qui détenaient la jeune fille la poursuivent après qu’elle se soit échappée et la tuent.

Tout le roman s’enfonce dans une noirceur rare, avec un coté mystérieux dans ce village aux mœurs étranges que dans la description des sans-abris aux Etats Unis. On peut d’ailleurs y voir une allégorie de la société américaine dans ce roman, avec d’un coté les riches qui s’isolent et les pauvres qui meurent, avec ce corollaire que les riches s’enrichissent sur la mort du peuple.

Une nouvelle fois, John Connolly impressionne par sa façon de raconter des histoires, et de se renouveler à chaque roman sans jamais se répéter. Cet épisode là est empli de suspense, d’action et de tristesse à la fin. Ce qui en fait un volume indispensable à lire, pour ceux qui ont lu la série ou ceux qui ne connaissent pas. Dans cet épisode, John Connolly n’a jamais été aussi proche de HP.Lovecraft aussi bien dans les décors, que les ambiances et les thèmes.

Un dernier mot : La quatrième de couverture en dit beaucoup mais ce n’est un secret pour personne : Charlie Parker va prendre cher avec cet épisode et donne des chapitres d’une grande beauté et d’une grande tristesse. C’est juste magnifique. Avec cette aventure, Charlie Parker a montré ses limites : s’attaquer à un monstre répandant le Mal, il sait faire mais s’attaquer à tout un village, c’est plus dur.

Ne ratez pas l’avis de mon ami La Petite Souris

Les enquêtes de Charlie Parker dans l’ordre de parution sur Black Novel sont :

Tout ce qui meurt

Laissez toute espérance …

Le Pouvoir des ténèbres

Le Baiser de Caïn

La Maison des miroirs

L’Ange noir

La Proie des ombres

Les anges de la nuit

L’empreinte des amants

Les murmures

La nuit des corbeaux

La colère des anges

Espace jeunesse : Luz de Marin Ledun

Editeur : Syros (2012) ; réédition J’ai Lu (2016)

Les éditions J’ai lu ont la bonne idée de rééditer ce roman de Main Ledun, qui à l’origine était destiné aux adolescents à partir de 14 ans. Cette réédition va redonner une nouvelle vie et peut-être lui permettre d’avoir accès à un public plus large.

Lisa n’aime pas les dimanches. En effet, dans la maison familiale, ont lieu des repas qui durent des heures pendant lesquels les hommes boivent beaucoup, trop. Comme il fait beau, Lisa, que tout le monde surnomme Luz, préfère aller se baigner dans la rivière toute proche. Alors qu’elle se prépare, Vanier, l’ami de la famille, la couve d’un regard à la fois langoureux et noyé par l’alcool. Il va même jusqu’à lui effleurer l’épaule. Dégouttée, elle s’enfuit.

En partant, elle emprunte une bouteille d’alcool, et se dirige vers un coin connu de peu de gens, où elle pourra s’allonger et oublier ses soucis. Elle aperçoit Thomas, un grand de 16 ans, qui est vite rejoint par une camarade de sa classe Manon. Mais l’après midi tranquille qu’elle espérait va devenir un cauchemar quand d’autres adolescents débarquent …

Comme le roman est court, je ne vais pas trop en dévoiler l’intrigue. Le livre est avant tout destiné à un jeune public, et de ce fait, écrit dans un style simple mais pour autant pas enfantin. L’auteur ne prend pas ses lecteurs pour des enfants et encore moins des enfants de cœur.

Ce qui est intéressant, c’est la façon qu’a Marin Ledun d’ajouter petit à petit des événements qui vont faire grimper la tension, allant même mettre en danger certains de ses protagonistes. Il n’y a pas de message particulier, pas de leçon de morale dans ce roman, mais un beau portrait d’une adolescente confrontée au monde des adultes, puis à celui d’adolescents un peu plus vieux qu’elle et qui vont se lancer des défis qui peuvent mal finir. C’est aussi la démonstration que quelques années d’écart peuvent tout changer dans l’attitude de quelqu’un et que l’inconscience peut avoir des conséquences graves.

Je ne peux que vous conseiller cette lecture, et de faire lire ce roman à vos enfants âgés d’au moins 14 ans (avant, cela me parait un peu tôt … quoique). Car on y trouve suffisamment de suspense pour être accroché dès la première page jusqu’au dénouement final.

Ne ratez pas l’avis de L’oncle Paul

 

Prions pour la mort de Olivier Gerard (Lokomodo-Asgard)

Excellente découverte à réserver à ceux qui ont du souffle, genre marathonien, car quand vous lirez ce livre, vous n’aurez pas le temps de reprendre votre souffle. Accrochez vous, ça commence là :

Romain Martonne est à la tête du petit laboratoire pharmaceutique Martocosme. Si sa position est très loin des mastodontes du genre, sa nouvelle invention va faire grand bruit. Il vient en effet d’inventer le Néfédron, un médicament contre le cancer du poumon. Romain va donc tout faire pour mettre sur le marché le Néfédron, ce qui tombe bien, car cela lui permet d’oublier Dawn, l’amour de sa vie qu’il a perdu dans un accident de voiture.

Martocosme est un petit laboratoire qui essaie de survivre au milieu des géants du domaine. Parmi ces géants de la pharmaceutique, Ellsner International est dirigé par Calixte Ellsner. C’est un homme qui n’hésite pas à user de tous les moyens en son pouvoir pour atteindre ses objectifs, quitte à tuer ou faire tuer ses adversaires, tout en soignant son image de bienfaiteur.

Martonne est en phase finale du lancement de son médicament, mais il manque cruellement de financements. Sa banque lui refuse un nouveau prêt, car elle vient d’être rachetée mystérieusement par un grand groupe, et c’est un de ses amis Flémand qui va lui présenter un Allemand qui va l’aider à décrocher un prêt en l’échange d’une introduction partielle en bourse. Mais ses ennuis ne font que commencer dans une mer infestée de requins.

Ne croyez pas que ce roman va vous noyer dans des notions chimiques incompréhensibles, ou sur des batailles financières sans fond. C’est un pur roman d’action, bourré de scènes et de rebondissements, qui ne vous laissera aucun répit. Ça part à fond la caisse de la première à la dernière page, et vous n’aurez pas la solution de l’intrigue avant le dernier chapitre.

Alors, prenez bien votre respiration, préparez vous à un sacré marathon car le style de l’auteur est à l’avenant, et participe beaucoup au plaisir de lecture. Les chapitres sont courts, les descriptions sont courtes, les phrases sont courtes, les dialogues sont courts et les situations sans cesse créatives.

Le sujet de fond, qui décrit la bataille d’un petit contre les grands n’est pas nouveau, connu depuis David et Goliath en passant par Au bonheur des dames de Zola, mais le plaisir de lecture d’un vrai roman populaire d’action est bien là. Ce roman est une réédition en format de poche de la première parution de 2005, totalement remaniée par l’auteur, et cela donne un roman au rapport plaisir / prix imbattable, une fois de plus : le prix est de 7,50 euros.

Ce livre fait l’objet d’un coup de coeur chez l’immense Claude ici.

A la folie de Pascal Marmet (France Empire)

Ce roman, je l’avais noté du coin de l’œil chez ma copine Marine, entre autres. (http://lespolarsdemarine.over-blog.fr/article-a-la-folie-pascal-marmet-101032447.html) L’auteur m’a ensuite contacté et forcément, il fallait que je le lise. Je dois dire que Pascal Marmet s’avère un auteur très prometteur.

Dix ans qu’il l’a perdue ! Ludmilla, l’amour de sa vie ! Depuis ce drame, la vie est bien terne, bien triste. Pascal Langle, propriétaire d’un théâtre à Nice et metteur en scène n’en finit pas de ressasser cette perte. Jusqu’à ce qu’un notaire le contacte. Le psychiatre de Ludmilla vient de mourir. Elle lui avait confié ses cahiers intimes et demandé à ce qu’ils reviennent à ceux qui ont compté dans sa vie. Pascal va hériter du cahier numéro onze. La tentation est grande de découvrir à qui vont revenir les dix autres cahiers.

Joanna Marcus est une jeune fille alerte, pleine de vie, sans gêne aussi. Elle est blogueuse, et arrive à s’introduire dans les locaux d’un grand journal féminin. Elle a un défi : décrire les avantages et inconvénients d’un sac besace. Alors qu’elle revient chez elle, enfin, chez sa colocataire, le notaire l’appelle pour lui remettre le cahier numéro trois.

Ces deux personnes vont se rencontrer alors que rien ne pouvait les rapprocher, et se retrouver au milieu d’un mystère qui recèle de bien ignobles révélations.

De toute évidence, ce roman, aux allures de romantisme, change par rapport à ce qu’on a l’habitude de lire. Dans un monde tous les jours plus impitoyable et inhumain, le ton et l’intrigue font du bien, c’est un petit plaisir à lire, comme un morceau de chocolat avec un café bien noir, un petit moment de douceur fort bien construit.

Car cela pourrait tourner au ridicule, mais ce n’est pas du tout le cas. L’une des grosses qualités de Pascal Marmet, c’est de rentrer dans la psychologie des personnages, de décrire à la première personne les sensations et les sentiments des deux protagonistes principaux, avec un ton triste, mélancolique et désenchanté pour Pascal, un rythme et une énergie débordante pleine d’humour et de désinvolture pour Joanna.

Toute la première partie du livre fonctionne à merveille, alternant les chapitres de Pascal à Joanna, avec beaucoup de rythme, et sans que l’on s’y perde. La suite du livre m’a semblé moins réussie. J’ai moyennement aimé les autres jeunes filles, bien que les chapitres soient écrits à la première personne aussi. Mais j’étais tellement bien assis confortablement, à écouter Pascal et Joanna, que cela m’a déconcerté.

Enfin, la fin est bien trouvée, originale, bien que dévoilée un peu tôt, à mon goût. Il me restera ces deux personnages, tellement vivants, si agréables à côtoyer, que j’aurais aimé les rencontrer en vrai. A la folie se révèle un roman au ton original, qu’il serait dommage de ne pas découvrir.

La vallée des disparus de Bente Porr (Archipel)

En ce moment, le vendredi est consacré aux invités de Black Novel. Elle est venue parfois nous parler de ses lectures, avec sa passion et sa bonne humeur habituelle. C’est une lectrice folle, toujours un bouquin en main, et toujours prête à en parler. Ses goûts se protent plutôt sur les thrillers et le fantasy.

Quand j’ai reçu ce roman, où l’on parle de fantastique, j’ai tout de suite pensé à elle. C’était la bonne personne pour juger de ce roman. Et une nouvelle fois, Suzie fait merveille dans son analyse des personnages, avec toute sa sensibilité. Mais je lui laisse la parole, voici l’avis de Suzie :

Un village isolé en Provence, une panne de voiture  … et la vie d’une jeune femme et de ses deux compagnons de voyage se trouve bouleversée …

Lors d’une virée automobile vers la Côte d’Azur, Joachim Germer, sa petite amie Fee et son ami d’enfance Curt von Sedlitz vont se retrouver bloquer dans l’arrière-pays aixois, près du village de Moriac, à cause d’une panne de voiture. Dans ce petit village, tout devient problématique car comment faire confiance alors que la voiture est empruntée sans autorisation du père de Germer, que seul Curt parle le français, que le premier téléphone se trouve à deux heures de vélo. D’un tempérament bouillant et ayant l’habitude d’obtenir tout ce qu’il souhaite sans difficulté majeure, Germer s’énerve sur tous et pour tout, rabrouant son ami d’enfance, sa petite amie. La tension monte de plus en plus entre les trois protagonistes. Agacé par le comportement de son ami d’enfance, Curt apprend de la part d’un autre voyageur que la vallée, au pied du village, n’a jamais rendu ceux qui s’y sont aventurés. Au total, une douzaine de disparitions inexpliquées en deux siècles dont les dernières remontent à deux ans. N’ayant plus de nouvelles de ce voyageur, après son départ pour la mystérieuse vallée, Curt décide d’enquêter et de comprendre ce phénomène. Avec l’aide de Fee, il va se heurter à la loi du silence imposée dans le village mais également devoir surveiller ses arrières car, dans l’ombre, Germer guette le moindre de ses faux pas.

Ce titre a été édité une première fois en 2010 aux Editions France Loisir et, de nouveau, en février 2012, aux Editions l’Archipel. Ecrit sous la forme d’un journal, à la première personne, c’est la confession d’un homme sur un événement marquant de sa vie enfouie dans sa mémoire depuis plus de cinquante ans mais qui ne peut rester plus longtemps caché dans celle-ci. Un abcès qui s’est enflammé avec les années et qu’il faut crever. Un meurtre qui lui a donné accès au bonheur.

L’auteur, Bente Porr, construit une double intrigue. La première est la relation entre nos trois protagonistes, Germer, Curt et Fee et la dégradation accélérée de leurs rapports dûs au caractère lâche, cruel et veule de Germer ce qui remet en question la loyauté de Curt envers lui mais le place également en rival vis-à-vis de ce dernier. Ce que Germer accepte très, très mal. On a la constitution d’un rapport de force entre les deux amis qui va être renforcée par le changement de camp de Fee suite au comportement cruel et despotique de Germer à son encontre. De plus, Curt va comprendre que le soudain changement de comportement de Germer dans leur jeunesse n’était pas dû à l’amitié mais à un besoin bassement matériel. Sur cette première intrigue va se greffer l’histoire des disparus de la vallée et, plus précisément, celle du voyageur anglais dont Curt a fait la connaissance. Cela rajoute le piquant qui relève le conflit entre Germer, Curt et Fee, assaisonné d’un soupçon de mystère, de fantastique et de peur.

Au tout début de ma lecture, j’ai cru retrouver l’atmosphère d’un roman lu, il y a des années, «l’ami retrouvé» de Fred Uhlman mais je pense que cela est dû au contexte utilisé du début des années 30 et la confrontation de deux personnalités aussi différentes que sont celles de Curt et de Germer. Mais, j’avais beaucoup de mal à lâcher le livre. Je voulais comprendre pourquoi les villageois se taisaient sur les disparitions, ce qui s’était réellement passé dans cette vallée. On arrive rapidement à la fin, car le livre est court, sur une apothéose : le conflit entre les trois protagonistes et la légende. De plus, pour alimenter notre réflexion, l’auteur finit sur une note, vingt ans après la fin de l’histoire de Curt, sur une découverte bizarre qui fait douter sur la légende du comte de Larin. A vous de juger.

Désordre du temple de Antoine Blocier (Krakoen)

 désordre du temple

Quand j’ouvre un roman des éditions Krakoen, j’ai l’assurance de passer un excellent moment de lecture, avec des intrigues et des personnages forts et passionnants. Celui-ci est conforme à la règle.

De nos jours, en région parisienne. Gilles est un jeune homme, Disc Jockey homosexuel, qui tombe amoureux de tout les hommes séduisants qu’il rencontre. C’est le cas de Dominique de Saint-Claude, Disc Jockey aussi et propriétaire d’une boite de nuit située dans la Marais. Dominique participe aussi à des soirées privées payantes ayant pour but de reproduire dans les costumes d’époque des célébtations de l’ordre des Templiers.

Justement, ce soir là, Dominique ne peut y aller. Il charge Gilles de le remplacer et ce à quoi assiste Gilles est tout bonnement hallucinant : Entre un combat contre des soldats, la cérémonie et la punition des Templiers qui ont fauté, tout semble incroyablement réaliste, jusqu’à la décapitation d’un jeune Templier nommé Jehan.

Le lendemain, Gilles est réveillé par sa voisine d’au dessus, Chloé. Elle lui ramène son chat à garder, car elle doit visiter un ancien résistant dans le cadre de sa thèse en histoire. Elle fait la relation entre le spectacle de la veille et une affaire entendue aux informations sur un jeune décapité aux pieds duquel on un message de punition des Templiers qui ont fauté. Quand elle revient récupérer son chat, Gilles a été tabassé et une lettre similaire est trouvée sur son bureau. Ils décident d’enquêter avant de faire appel à la police alors que les cadavres s’accumulent avec les mêmes types de lettres et qu’un mystérieux manuscrit de Nostradamus a disparu.templiercom

Le polar ésotérique, ce n’est pas trop mon genre. Surtout que dans ce domaine, les auteurs ont tendance à en faire trop, à étaler leur science en criant presque à la face du monde : « vous voyez ? Je connais plein de choses, et j’ai trouvé une faille dans l’Histoire qui me permet de vous proposer une explication qui à défaut d’être réaliste va vous paraître scandaleuse ».

Rien de cela ici. Je me suis laissé prendre, et presque envoûter par le style de l’auteur, une écriture fluide et directe, efficace, qui ne s’étale pas dans des descriptions inutiles, mais qui donne la meilleure place aux personnages. Et je me suis dit : « Finalement, pas besoin d’en faire des tonnes, on prend un début avec des personnages normaux, et on déroule logiquement pour le pur plaisir du lecteur ». Et ça marche à fond.

Que ça parait facile ! Mais que nenni, cela s’appelle du talent. Il y a du rythme, de l’action, une enquête mystérieuse, des personnages attachants. Ce roman est un excellent divertissement et il serait bien dommage de passer à côté. Croyez moi, c’est passionnant de partir à la recherche du manuscrit volé.

A noter que ce roman est une version revue corrigée et actualisée de Templiers.com, paru aux éditions Le Passage en 2004.